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vendredi 14 décembre 2007

Homélie du 3e dimanche de l'Avent

"Un roseau agité par le vent ?"

"Qu'êtes-vous allé voir au désert"?

Tous les textes de ce dimanche respirent la joie, conséquence de l'espérance de la venue de Jésus. Nous nous rappelons que l'arrivée tant attendue du Messie avait du provoquer toute une attente, et une certaine impatience... Si cette impatience est disparue après la manifestation du pouvoir du Ressuscité, pour nous elle est toujours là, en ce que notre mort nous permettra avant plus ou moins longtemps de nous réunir enfin avec le Christ que nous attendons depuis notre baptême. Et puis, il restera cette dernière manifestation publique de Jésus à la fin des temps, qui est comme le dit Benoit XVI est "avant tout et surtout espérance – l'espérance dont la nécessité a justement été rendue évidente dans les bouleversements des derniers siècles" (Spe salvi. n. 43).

Cette joyeuse attente était au plus haut, au temps de Jean Baptiste: Jean Baptiste lui-même attirait profondément l'attention (les juifs de Jérusalem, même les pharisiens, accouraient au Jourdain pour le voir, le questionner ou lui demander conseil, comme nous l'avons vu dans l'évangile de la semaine dernière). Et Jean Baptiste qui voyait de ses yeux l'Agneau de Dieu en le signifiant aux premiers disciples. Nous ne pouvons pas imaginer à quel point toute la Judée d'alors devait se trouver en ébullition.

Mais nous constatons deux types de réactions avant et pendant l'incarcération de Jean Baptiste par Hérode. Certains voyaient en Jean le messie, et ne prisaient guère que Jésus lui fasse ombrage ou que Jean Baptiste lui accorde une certaine attention, au point même de le désigner comme son éventuel remplaçant. L'autre camp, celui des partisans de Jésus, ne donnait pas trop d'importance à Jean, le laissant alors un peu de côté.

Il fallait donc que justice se fasse, tant du point de vue de Jean que de celui de Jésus.

On s'est bien questionné sur le pourquoi de la question posée par Jean à travers ses disciples. Il est possible que Jean qui croyait en Jésus comme Messie se soit demandé ce qu'il attendait pour se manifester publiquement. Il est plus probable qu'ayant pleine connaissance de qui était Jésus (il l'avait montré aux premiers disciples de Jésus), il ait désiré encourager ses disciples à voir de leurs propres yeux la réalisation des promesses (dont il est fait allusion dans la première lecture) et à entendre directement de la bouche de Jésus qu'il était celui qui devait venir.

Dans la question de Jean, il y a un sens d'imminence que la formulation française laisse ambigüe. "Es-tu celui qui doit venir" devrait se comprendre comme "Est-ce que c'est toi qui viens dans un moment, de manière imminente" ? et la suite: "continuons-nous à attendre" ? Ainsi comprise, la question de Jean n'est pas théorique, ou seulement instructive. Elle devient existentielle, et invite les témoin à écouter, et à s'engager à faire le pas dans la bonne direction. Jean Baptiste a conscience que ses jours sont comptés, et que ses disciples doivent commencer à s'attacher à Jésus, laissant de côté les vaines discussions ou les mésententes inutiles.

La réponse de Jésus est aussi fort engageante. "Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez... " Il leur montre autour d'eux ceux qui ont été guéris et évangélisés. N'est-ce pas là l'accomplissement des promesses ? À l'obligation de rapporter est liée l'obligation de regarder, d'observer, de bien comprendre.

Dans ce dialogue à distance entre Jean et Jésus s'opère un dialogue qui va au delà des limites du temps et de l'histoire: il a le dialogue entre l'ancien et le nouveau testament, où l'homme pécheur héritier de d'Adam et de la Première Alliance interroge le Nouvel Adam, le sauveur de la Nouvelle Alliance. Entre les deux, le Baptiste, celui qui 'purifie' (baptise) en annonçant le rédempteur-purificateur, le prêtre éternel.

Pourquoi Jean est-il identifié à Élie qui devait venir ? Précisément parce qu'il arrivera, par sa mission de précurseur, à fermer les livres de l'Ancien Testament, dont Élie est le symbole de la grandeur et ouvrir la Nouvelle Alliance en baptisant (purifiant) celui qui nous purifiera par son sang. Il est vraiment entre l'Ancien et le Nouveau Testament: le plus petit dans le Nouveau, mais le plus grand dans l'Ancien. Petit, puisqu'à côté de Jésus, il n'est rien. De fait, avec le commencement de la mission de Jésus, son rôle est diminué, et son humilité sera scellée par sa mort, laissant toute la place à Jésus, et lui envoyant ceux qui lui étaient resté fidèles.

Jean est "plus qu'un prophète". Il est l'annonciateur de Jésus. Bien petit devant Jésus, mais grand parmi les hommes. Totalement voué à sa mission, mais invisible quand Jésus monte. Quelle droiture que celle de Jean.

Faire et disparaitre. Des mots que Saint Josémaria considéraient comme l'objectif de sa vie. Ils les explique ainsi dans ce point de Forge:
Quelle merveille que l'efficacité corédemptrice de nos vies, et pour l'éternité! Mais elle n'agira que par l'humilité: disparaitre, afin que les autres découvrent le Seigneur. (669).

C'est ce qu'a fait Jean Baptiste: il a agi, mais a donné toute sa place à Jésus. Et lui s'en est allé en ne laissant que ses disciples aux pieds de Jésus. Et le Seigneur le lui a bien rendu. Dans son éloge, en montrant la grandeur de ce qui est petit, il nous invite à imiter la droiture et l'humilité de Jean, le plus petit, mais pour cette raison, le plus grand.

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Lectures du dimanche 16 décembre 2007
3ème dimanche de l'Avent

Première lecture : Is 35, 1-6a.10 Les merveilles du salut à venir

Psaume : Ps 145, 7, 8, 9ab.10a R/ Viens, Seigneur, et sauve-nous !

Deuxième lecture : Jc 5, 7-10 “Ayez de la patience : la venue du Seigneur est proche “

Evangile : Mt 11, 2-11 Jean Baptiste et Jésus


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