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mercredi 24 décembre 2008

Photo d'un panneau devant une petite église d'Ottawa, qui dit dit tout sans un mot...

Joyeux Noël à tous !


samedi 13 décembre 2008

Homélie, 3e dimanche de l'Avent B


Une rencontre avec Jean-Baptiste
L’Évangile d’aujourd’hui nous propose une rencontre avec Jean Le Baptiste. Un personnage remarquable : qui s’affaire avec courage à « préparer le chemin du Seigneur »
Ses contemporains, spécialement les sages de Jérusalem, ne regardent pas en direction du Messie. Préoccupés par le gouvernement matériel du pays, les saducéens ne se questionnent ni sur la mort, ni sur la résurrection. Le salut, surtout politique car ils ne veulent pas croire aux esprits, à l’âme et à la résurrection, est dans une ligne d’accommodements envers les conquérants; ils ont trop à faire pour se soucier d’un Messie. En fait, ils sont un parfait intermédiaire pour collaborer au gouvernement des juifs.
Les pharisiens, eux, les « séparés », excluent les contacts avec les païens. Pour eux, il faut rejeter toute collaboration, et se purifier des mauvaises interactions avec eux. Ils sont des fils ultra zélés des Machabées, qui sans doute ne se seraient pas reconnus dans leur zèle excessif peu charitable.
Au moment où le Christ est au point de se manifester enfin, Jean est en train de publier une nouvelle page de l’histoire : le messie s’en vient. Dieu n’a pas oublié ses enfants, aussi devons-nous tous penser à nous préparer à son avènement.
Le personnage de Jean le Baptiste est rassembleur et convaincant.  Il commence à attirer l’attention des foules, et les âmes les plus délicates d’Israël prennent goût à l'écouter. Jean l’évangéliste et Pierre et André, comme Jacques s’intéressent à Jean Baptiste. Ils l’ont vu avant de connaître Jésus, et qui plus est, c’est le précurseur qui les enverra au Christ en leur signalant qu’il est l’Agneau du de Dieu.
Ce mouvement de foules attire bientôt l’attention des sages de Jérusalem. À la naissance de Jésus, le roi Hérode, qui n’était pas descendant de David, craint que le Roi des juifs ne lui réclame son trône, aussi n’hésite-t-il pas à s’en prendre aux enfants de bas âge. La possibilité que le Messie se manifeste réellement inquiète de la même manière les Saducéens et le Pharisiens, eux qui détiennent le pouvoir politique ou moral sur les juifs.
C’est pourquoi ils feront enquête. Pendant que Jean vient « rendre témoignage à la lumière », les foules se déplacent. Voici un homme, dit-on, qui pourrait être le Christ, ou Élie, qui, selon certaines allusions de Malachie (3, 1-2) ou de l’Ecclésiastique (48, 15), allait revenir. Ou même il était ce grand prophète qu’on attendait, et qui serait semblable à Moïse (Dt 18, 15). Tout ce petit monde était pour ainsi dire en effervescence, il ils devaient garder un œil sur le Baptiste.
Les premiers témoignages « officiels » de Jean Baptiste, il les fera auprès des prêtres et des Lévites, qui se campaient davantage du côté des saducéens et de plusieurs pharisiens. On s’inquiète qu’il soit le messie (christ) ou Élie à qui il ressemble par son mode de vêtir et sa fougue (bien qu’on sache tous qu’il est né de Zacharie et Élizabeth). Ou sinon, serait-il donc « le » prophète (ce grand personnage qui prendrait la place de Moîse, et qui restait encore à venir.
À tous, Jean est sans détour : « Qui es-tu ? » lui demande-t-on. Du tac au tac, il dit : « Je ne suis pas le Christ ». Il n’y pas à chercher ici pour lui. Alors, « Es-tu Élie? … Es-tu le prophète ? ». Non. Il est catégorique. Il n’est pas venu pour lui-même. Il parle de Dieu et veut convaincre ses pairs que ce Christ qu’on attend est à la porte, qu’il frappe. Votre cœur sera-t-il disposé à lui ?  En représentants du « bon ordre », on lui demande pourquoi tout ce bruit autour de lui. « Que dis-tu de toi-même ? » Et il leur affirme droitement la simple vérité : il a reçu une mission de Dieu, une vocation, et il doit la réaliser. Et elle consiste à annoncer celui qui vient : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert » : le désert de cette Palestine bien éloignée de Dieu. Le désert où le nouveau Moïse clamera pour vous auprès de Dieu, pour cette nouvelle Pâque où l’Agneau de Dieu sera offert pou la multitude. Je suis la voix de Dieu qui veut entrer dans vos cœurs, mais que vous méconnaissez, trop pris par vos problèmes matériels.
Les pharisiens ont une préoccupation de plus, qui reviendra encore encore amplifiée devant Jésus : on dit que Jean baptise. Voilà une nouveauté qui n’est pas approuvée par les pharisiens. On sait comment ceux-ci sont tatillons sur les rites et les purifications. Or le baptême de Jean est une purification dans tout le corps, et qui, si elle était faite selon l’esprit rituel des pharisiens, signifierait une purification de toute la personne, supérieure à toutes les purifications qu’ils supervisaient avec un zèle juridique exagéré. Sans autorité, « Si tu n’es le Christ, ni Élie, ni le prophète, pourquoi baptises-tu donc ? ». Il les rassure : mon baptême est un rituel de conversion qui n’a pas de valeur rituelle. C’est un signe de pénitence pour se préparer à recevoir la visite de  celui qui est déjà à nos portes : « (Il est) au milieu de vous, (il) se tient sans que vous le soupçonniez, celui qui vient après moi, dont je ne sui pas digne  de délier la courroie de la chaussure. »
Admirons ici la personnalité de Jean-Baptiste : il est véridique, ce qu'il dit est franc. Sa parole est comme un ciseau devant  ceux qui sont habitués à tergiverser. Il n’a aucun soucis de bien paraître aux yeux des grands, et son message est le même pour tous : le messie vient; le trouverez-vous, serez-vous prêts ? Cette véracité et cette humilité lui amèneront des mois de cachot et une mort infâme. Mais il aura fait ce qu’il savait être la volonté de Dieu. Comme résultat de cette vie, il ouvrira les cœurs au  Christ, et lui préparera ainsi ses premiers disciples, et sûrement, plusieurs des premiers chrétiens.
Une grande mission que la sienne, inspirante pour les disciples de Jésus et les hommes d’action de l’Église naissante. Travailler pour le Christ plutôt que de plaire aux hommes.
Au début de ce 21e siècle, Jésus veut encore entrer dans le cœur de ses fidèles. Il attend encore le témoignage d’âmes saintes et résolues à le servir. Ai-je conscience qu’il me demande l’esprit de pénitence (c’est le sens de la confession avant Noël) et qu’il a pour moi des plans vocationnels que je ne peux pas négliger. Il serait triste que le Christ passe, que l’Église le proclame et que nous passions dans l’indifférence ou la crainte. Quelle tristesse pour quelqu’un que Jésus a aimé, et pour qui il a donné la vie…

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ll me semble qu'on nous demande, à nous les prêtres, l'humilité d'apprendre à ne pas être à la mode, d'être réellement les serviteurs des serviteurs de Dieu — nous souvenant de ce cri de Jean-Baptiste : illum oportet crescere, me autem minui (Jn 3, 30), il faut que lui grandisse et que moi, je décroisse — pour que les chrétiens ordinaires, les laïcs, rendent le Christ présent, dans tous les milieux de la société. La mission de répandre la doctrine, d'aider à pénétrer les exigences personnelles et sociales de l'Évangile, d'engager à discerner les signes des temps, c'est, et ce sera toujours, une des tâches fondamentales du prêtre. Mais tout travail sacerdotal doit s'accomplir dans le plus grand respect de la légitime liberté des consciences : chaque homme doit librement répondre à Dieu. Au surplus, tout catholique, outre l'aide que lui apporte le prêtre, reçoit lui aussi de Dieu des lumières propres, des grâces d'état qui lui permettent de remplir la mission spécifique dont il est chargé, en tant qu'homme et en tant que chrétien. (Josémaria Escriva, Entretien, 54)


Lectures du dimanche 14 décembre 2008

3ème dimanche de l'Avent


Première lecture : Is 61, 1-2a.10-11 Le Sauveur apporte la joie

Cantique :  Lc 1, 46b-48, 49-50, 53-54   R/ J'exulte de joie en Dieu, mon Sauveur

Deuxième lecture : 1Th 5, 16-24 Comment préparer la venue du Seigneur
Evangile : Jn 1, 6-8.19-28 « Il se tient au milieu de vous »

vendredi 28 novembre 2008

Un nouveau livre intéressant

Comprendre les Écritures
par Scott Hahn  PhD, 
Wilson et Lafleur, 
Montréal, 2009

Pour ceux qui rêvent d'avoir une introduction simple, mais profonde, avec de bonnes intuitions pour les applications spirituelles, servez-vous ! Vous ne serez pas décus. Vous n'avez pas besoin d'un langage ésotérique et compliqué pour rentrer dans le vif de la Bible. Des commentaires au point, dans une langue soignée et facile d'accès. C'est une bonne introduction. Et une belle occasion de (re)découvrir les Écritures.

On peut se procurer le livre chez Livrethèque
tel: 514 341-0402
C.P. 231, succursale Snowdon, Montréal, Québec
Le livre est en vente à 49.95 $
Veuillez aussi voir mon commentaire sur Youtube:


mercredi 29 octobre 2008

Homélie de la Toussaint, samedi 1er novembre 2008


Tous les saint sont des fils de Dieu


Votre récompense sera grande dans les cieux ! 

L'un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils, et d'où viennent-ils ? » Je lui répondis : « C'est toi qui le sais, mon seigneur. » Il reprit : « Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l'Agneau (Ap 7, 13 - 14).

Cette question posée au seuil du ciel, comme nous le voyons dans la  première lecture, où l'Apôtre Jean qui est témoin d'une vision du ciel, bien des gens la posent aujourd'hui, sur l'imparfaite terre que nous habitons, quand ils voient une personne sainte. Le saint, aux vingt-et-unième siècle comme au premier, soulève des questions existentielles, même chez des gens qui se targent d'indifférence par rapport aux choses de Dieu. 

Ces saints, lavés dans la grande épreuve, purifés au sang de l'Agneau de Dieu, ce sont ceux qui ont joint leur vie à celle de Jésus, en mangeant son corps, et en buvant son sang, participant ainsi au corps mystique du Christ, dans sa vie, sa mort et sa résurrection. 

Il y a encore, maintenant, des milliers de témoins du Christ, qui vivent quotiennement de lui, en offrant avec lui leurs peines et leurs joies; des inconnus s'acheminant sans prétention sur le chemin de la sainteté, inspirés, nourris, pacifiés, guéris et encouragé par l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. Ils passent près de vous, vous ne les voyez pas, ils vous sourient, mais vous étiez trop pressés pour les voir. Ils vous rendent un petit service insignifiant, et vous esquissez à peine un merci du bout des lèvres. Ils prient pour vous, dans l'autobus, ou le métro, sans que vous ne les connaissiez, et vous ne trouvez autour de vous que des gens ordinaire. Leur nom, Robert, Lisette, Hans, Jessica n'ont rien de particulier. Votre grand-mère, votre vieil oncle, une amie prient à vos intentions, et demandent à Dieu d'alléger vos souffrances, ou demandent à votre ange gardien de veiller sur vous alors que vous partez pour une aventure dangereuse à la voile, ou sur l'autoroute enneigée. Une personne que vous avez mal traitée répond humblement et vous ajoute à ses intentions de prière. Une logique différente de celle qui prévaut dans notre entourage. 

C'est que Jessica, Robert, Hans et Lisette ont choisi de porter attention au message de Jésus. Ils veulent incarner dans leur vie la vie de Jésus. 

L'évangile d'aujourd'hui nous rapporte un résumé de la vie de Jésus fait par Jésus lui-même: les béatitudes (Mt 5, 1-12). Jésus est le roi des pauvres de coeur, car il a tout assujetti à son amour pour le Père et pour nous; lui, qui fut traîné à la croix avec tout son consentement, il est la douceur-même, qui nous ouvre la porte de la terre promise. Il a pleuré sur Jérusalem, et sur nos fautes en demandant au Père de nous pardonner, car nous ne savons pas ce que nous faisons. Nous, il nous a consolé au matin de sa résurrection. Demandant justice face aux hypocrites comme les pharisiens ou Hérode, il nous rend notre liberté; sur la croix, il pardonne au bon larron, et nous montre ainsi qu'il est miséricorde jusqu'au dernier instant de notre vie. Son coeur dégagé des fausses nécessités, il dort dans la barque et il n'a pas  où reposer la tête; mais il absout facilement la femme  adultère car son coeur est pu. Ainsi, il nous montre que les vraies valeurs sont invisibles en Dieu. Lui qui le soir de sa résurrection, nous donne la paix au lieu de "régler" ses comptes avec ceux qui l'ont abandonné, il nous envoie semer la paix autour de nous, dans nos familles, dans nos lieux de travail et dans notre repos; lui qu'on a raillé du pied de la croix, qui a souffert pour faire connaître le message de miséricorde et d'amour de son Père, il nous promet cet amour, si nous en faisons autant. Dans toutes ces directions, Jésus donne un sens à notre vie. Un sens surnaturel, un sens de plénitude et de liberté que le monde ne peut pas donner, et c'est précisément ce que l'on appelle  la sainteté. Jésus insiste: Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! 

La sainteté se résume à cela: l'amour.  (Le Père) a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. (1 Jn, 3, 1). Cette filiation divine naît de la vie et de la mort de Jésus qui nous est offerte dans le sacrement du baptême. C'est là l'origine de la sainteté pour chacun de nous. Nous sommes nés du corps transperçé de Jésus, et du sang qui a coulé de ses plaies ("mon corps, mon sang") qui nous ont purifiés. Sa vie nous a donné le plan de notre vie, et ses Paroles sont "le chemin, la vérité et la vie". Il va de soi qu'est saint celui (celle) qui est né(e) du Christ, et qui a vécu de sa parole et de son sacrement de vie, l'eucharistie, son don pour notre sainteté. 

Aussi ne serons-nous véritablement saints que dans la mesure où Jésus est présent du commencement jusqu'à la fin de notre trajet terrestre. Mais cela demande notre volonté. Dieu ne fait pas de saints sans le consentement de ses enfants adultes. Aussi devons-nous démontrer notre amour pour lui dans des actions concrètes qui ont l'origine en l'amour, et qui ont l'amour pour fin; Dieu et les autres. Et soi ? À la toute fin. 

Pour nous rendre le chemin plus facile, l'Église a canonisé des saints. Ils sont des points de référence qu'on peut imiter sans crainte. Notre dévotion à St Antoine, ou Ste Thérèse, à  la bienheureuse Mère Téresa ou à St Josémaria Escriva est une référence à des êtres de chair qui ont vécu dans l'orbite de Dieu, à des lunes qui ne sont visibles qu'à cause de la lumière du soleil, qu'à cause de Dieu. Notre filiation divine dans le Fils de Dieu s'exprime seulement dans notre relation constante au Père, à tout moment et partout, en vivant les béatitudes comme tous les saints les ont vécues. 

C'est un chemin merveilleux, mais difficille. Cependant, il n'y en a pas d'autre. Nous pourrons quand même  être saints, si dans une humilité vraie nous savons que tout est possible si nous avons confiance en la miséricorde de Dieu, et que nous ne nous arrêtons pas à des distractions futiles. 

Tout homme qui fonde sur (le Fils de Dieu) une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur (1Jn, 3,3).


Si nous voulons devenir “ divins , si nous voulons nous revêtir de la plénitude de Dieu, il nous faut commencer par être très humains, en assumant face à Lui notre condition d'hommes ordinaires, et en sanctifiant notre apparente petitesse. Ainsi vécut Marie. Celle qui est pleine de grâces, qui est l'objet de toutes les faveurs de Dieu, qui a été établie au-dessus des anges et des saints, a mené une existence normale. Marie est une créature comme nous-mêmes, avec un coeur comme le nôtre, capable de joies et d'allégresse, de souffrances et de larmes. Avant que Gabriel ne lui fasse connaître la volonté de Dieu, Notre Dame ignore qu'elle a été choisie de toute éternité pour être la Mère du Messie. Elle se considère comme peu de chose: c'est pourquoi elle reconnaît ensuite, avec une humilité profonde, que le Tout-Puissant a fait en elle de grandes choses (St Josémaria, Quand le Christ passe, 172)


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Lectures du samedi 01 novembre 2008
Fête de tous les Saints

Première lecture : Ap 7, 2-4.9-14 La foule immense des rachetés

Psaume :  Ps 23, 1-2, 3-4ab, 5-6   R/ Voici le peuple immense de ceux qui t'ont cherché.

Deuxième lecture : 1Jn 3, 1-3
Evangile : Mt 5, 1-12

vendredi 24 octobre 2008

30e dimanche du temps ordinaire (a), 26 octobre 2008

Tout ... dépend de ces deux commandements

Déjà dans l’ancien testament, Dieu nous demande d’aimer notre prochain. C’est quelque chose de si nouveau qu’encore aujourd’hui, on a peine à identifier ce commandement dans certaines religions, et qu’il n’est pas souvent, en théorie et en pratique, un corolaire de l’amour de Dieu. Trop souvent, dans notre milieu, aimer prend une dimension essentiellement sentimentale. Ce genre d’amour est limité en extension (quelques amis, qui trop souvent nous rendent bien notre amitié et avec qui on peut vivre un esprit de clique qui n’est autre chose qu’un orgueil collectif). Aimer, c’est recevoir de l’autre et essayer de lui rendre l’équivalent, et pas beaucoup plus. En fait, cela correspond à peu près à l’amour tel qu’entendu chez les pharisiens. On s’aime entre nous, et on n’a d’autres obligations qu’envers Dieu. Le reste, il faut bien l’accepter, puisque Dieu le commande (première lecture). On voit qu’à la venue de Jésus, ils sont nombreux ceux qui attendent un Messie centré sur Israël seulement, et qui ne comprennent pas que Jésus et son Église sont pour tout le monde et pas seulement les juifs. En fait, même quelques-uns des premiers chrétiens ont eu du mal à accepter une église universelle qui s’adresse sans accommodements à tous les humains.

L’Évangile de ce dimanche nous propose une autre provocation des pharisiens qui finit mal pour eux. En effet, ils envoient un scribe peu commun (Jésus, dans saint Marc, nous dit qu’il était un homme bon et délicat, soucieux du royaume de Dieu) qui demandera de bonne foi, quel est le plus grand des commandements.

Après deux mille ans à commenter la réponse de Jésus, celle-ci est devenue classique, et on ne peut plus saisir toute la dramatique que celle-ci représentait. C’était une question fort débattue : on distinguait les plus grands commandements, et les plus petits (dont Jésus dira qu’il est venu accomplir l’intégrité). Et bien sûr, venait la grande question : quel est le plus grand parmi les commandements? Le premier, celui qui représente vraiment la volonté de Dieu pour nous. À une époque où il n’y avait pas de pape, seulement des sages, plus ou moins bien intentionnés, on comprendra aisément que la question était brûlante et disputée. Pas surprenant qu’on ait choisi de la poser à Jésus, supposant qu’il ne serait pas à la hauteur.

Or, celui qui est dévoré par le zèle de la maison de son Père, répond avec assurance, aplomb, même, mieux qu’on ne pouvait espérer. Il réfère les sages aux commandements de la loi divine donnée par Dieu à Moïse : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit », et en rajoute en rappelant qu’un deuxième commandement spécifie le premier : "tu aimerais ton prochain comme toi-même ».

Il va jusqu’à dire que « Tout ce qu’il y a dans l’Écriture, dans la Loi et les Prophètes, dépend de ces deux commandements ». C’est très fort, et indiscutable. Le jeune scribe, qui était habitué à du coupage de cheveux en quatre parts, est émerveillé. Et sans doute aussi, tous les auditeurs, qui comprennent que Jésus parle de sa propre autorité, comme quelqu’un qui a beaucoup réfléchi sur la question et qui prend l’occasion pour enseigner. C’est tellement clair que les pharisiens sont, encore une fois, forcés de se retirer. Bien malgré eux.

L’amour de Jésus pour nous est en effet de cet ordre : fort, décidé, clair et en rien douteux. Lui-même offre sur le champ au scribe cet amour incommensurable (St Marc : « tu n’es pas loin du royaume de Dieu », et à tous ses auditeurs. Les gens ont du se retirer de Jésus ce jour-là pleins de l’espérance de trouver un tel Dieu qui exige qu’on les aime pour l’aimer vraiment. À partir de ce moment, est-il encore possible de rester indifférent à son prochain ?

C’est d’ailleurs ce qu’on observera chez les premiers chrétiens. L’éloge de Paul aux thessaloniciens dans la deuxième lecture du jour nous montre un groupe de chrétiens qui a particulièrement bien réagi, sous l’Esprit Saint, au message de Paul. Quelle joie que celle de Paul d’y trouver un grand amour à Dieu amour du prochain si ardent qu’il s’est répandu dans toute la province comme une trainée de poudre. Le cœur de Paul s’émeut dans cet amour de Dieu qui devient contagieux, et qui s’étend dans une contrée pourtant si dure (où le culte à la déesse Artémise a des terribles répercussions sur les coutumes de la région).

Notre amour de Dieu nous pousse-il vraiment à accepter les défauts des autres? Pensons-nous comme Jésus à donner cet amour généreusement, même si cela demande un effort de notre part. Devant les réactions négatives de notre milieu, nous renfermons-nous sur nous-mêmes, ou bien essayons-nous de gagner les autres au Christ, à Dieu, avec patience et bienveillance, comme Jésus, comme Paul, comme les premiers chrétiens ?

Saint Josémaria Escriva avait un amour particulier pour le commandement nouveau de Jésus. Il disait qu’il était encore nouveau, après tous ces siècles. Faisons-nous un véritable effort pour que ce commandement soit vécu dans notre vie, dans notre famille et même dans les milieux difficiles ? Ne serait-ce pas un moyen précieux pour arriver à la rechristianisassion que l’Église attend de nous ?
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Lectures du dimanche 26 octobre 2008
30ème dimanche ordinaire

Première lecture : Ex 22, 20-26 Dieu exige qu'on aime les pauvres

Psaume : Ps 17, 2-3, 4.20, 47.51ab   R/ Je t'aime, Seigneur, Dieu qui me rends fort !

Deuxième lecture : 1Th 1, 5-10 L'annonce de l'Évangile et la conversion

Evangile : Mt 22, 34-40 Amour de Dieu et amour du prochain 



dimanche 19 octobre 2008

29e dimanche du temps ordinaire, le 19 octobre 2008



Rendez à Dieu ce qui est à Dieu (et aux familles, ce qui est aux familles)


Traditionnellement, et on l'entend dire de plus en plus ces jours-ci, rendre à César ce qui est à César, cela signifie poliment de laisser à l'État ce qui lui revient, ou d'une manière plus cavalière, de demander à l'Église de se mêler de ses affaires. Il fut un temps où, au Québec, en tout cas, certains ecclésiastiques ne se troublaient pas d'envahir les domaines civils outrepassant de ce fait la liberté des fidèles dans leur sphère naturelle d'influence. Mais en fait, cette expression qui chez nous est maintenant une pensée presque magique, cette phrase, dans la bouche de Jésus était en fait adressée aux pharisiens dans le sens inverse de rendre a Dieu ce qui lui revient.

Ces jours-ci, les catholiques du Québec, à l'instar des croyants de plusieurs religions ferventes, sont rappelés continuellement à l'ordre à propos du cours sur les valeurs éthiques de toutes morales religieuses. L'Église ne nie certainement pas qu'on doive se renseigner sur les valeurs qui tiennent à cœur à nos frères et sœurs des autres religions, au contraire, mais elle trouve inacceptable qu'on ne permette aux enfants (d'autres croyances aussi) de commencer par enseigner les valeurs propres à leur foi en premier, et d'interdire aux écoles de dispenser un enseignement confessionnel, sous prétexte de séparation de l'Église et de l'État.

Le plus surprenant est que même les écoles privées ne peuvent pas dispenser d'enseignement religieux. Et, malgré les belles promesses des politiciens d'il y a dix ans, est bien mal vu qui voudra retirer ses enfants de l'enseignement des valeurs. On vous dira que cela n'est pas possible. En plus de manquer de bon sens, on devient intolérants vis-à-vis les droits des enfants à recevoir la catéchese, et le droit des parents de choisir l'enseignement qui convient à leurs enfants, ce que l'Église appelle le respect du principe de subsidiarité (laisser les personnes et les petites sociétés intervenir Dans leur sphère naturelle d'influence).

Les parents et les chrétiens ont le droit et le devoir d'intervenir dans l'éducation de leurs enfants et ce dans ce qu'ils considèrent opportun pour l'éducation de leurs enfants Il s'agit du devoir naturel d'élever vers Dieu et de les préparer à la vie en société. Personne, pas même l'État ne peut les en empêcher.

Comme chrétiens, il nous faut résister à cette invasion de l'espace de la famille par l'État. Le cardinal Ouellet de Québec nous a donné un bon exemple, mais il ne doit pas faire cavalier seul. Demandons au Seigneur que tout le peuple de Dieu, encouragé par ses pasteurs ne cesse de répéter que dans cette manitàre, l'état doit rendre à Dieu ce qui est à Dieu.

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La spécification des droits de l'homme

155 Les enseignements de Jean XXIII,314 du Concile Vatican II 315 et de Paul VI 316 ont fourni d'amples indications sur la conception des droits de l'homme définie par le Magistère. Jean-Paul II en a dressé une liste dans l'encyclique « Centesimus annus »: « Le droit à la vie dont fait partie intégrante le droit de grandir dans le sein de sa mère après la conception; (...) le droit de fonder librement une famille, d'accueillir et d'élever des enfants, en exerçant de manière responsable sa sexualité. En un sens, la source et la synthèse de ces droits, c'est la liberté religieuse, entendue comme le droit de vivre dans la vérité de sa foi et conformément à la dignité transcendante de sa personne ».317


Le premier droit énoncé dans cette liste est le droit à la vie, depuis sa conception jusqu'à sa fin naturelle,318 qui conditionne l'exercice de tout autre droit et comporte, en particulier, l'illicéité de toute forme d'avortement provoqué et d'euthanasie.319 La très haute valeur du droit à la liberté religieuse est soulignée: « Tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres ».320 Le respect de ce droit est un signe emblématique du « progrès authentique de l'homme en tout régime, dans toute société, système ou milieu ».321

(tiré du Compendium de la doctrine sociale de l'Église, n. 155; caractères gras ajoutés par le comentateur)

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Lectures du dimanche 19 octobre 2008

29ème dimanche ordinaire

Première lecture : Is 45, 1.4-6a Les empires sont dans la main de Dieu

Psaume : Ps 95, 1a.3, 4.5b, 7-8a, 9a.10ac R/ Au Seigneur notre Dieu, tout honneur et toute gloire

Deuxième lecture : 1Th 1, 1-5 La foi, l'espérance et la charité de la communauté

Evangile : Mt 22, 15-21 A César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu


vendredi 10 octobre 2008

Lundi de l'action de grâces


En communion avec son Dieu
(Parc de la Gatineau, Québec)



Rendre grâce


La fête de l'action de grâce est de retour. Les moissons sont ceuillies, l'automne est revenu et la saison nous fait le don des ses couleurs et de ses fruits. Il n'est pas une région du Québec qui ne tombe sous l'envoûtement des premiers gels.

Il est de coutume d'associer ce temps à l'action de grâce: avec les froids et les cueillettes de toutes sortes, la nature a terminé son travail, et nous l'apprécions en tant que spectateurs ou en tant qu'acteurs.

Nous jouissons des fruits de la création de Dieu, ce qui nous permet de communiquer avec notre créateur pour rendre grâce. Merci Seigneur pour tout ce que tu as créé. Merci pour ce que tu m'as donné et que je n'ai pas vu. Merci pour les biens déguisés en mal qui m'ont souvent permis de grandir en affrontant les difficultés de la vie et de te trouver là où je ne t'attendais pas.

Sans toi, Seigneur, nous serions toujours en train de calculer nos limites et de réaliser notre fragilité. Sans toi, nous ne pourrions que compter sur la force de nos bras, et attendre sans joie le moment ou ne serons plus capables. Sans toi, nous serions condamnés écraser ou à être écrasés... De biens des maux tu nous libères continuellement, tandis que dans notre entourage nous constatons le désespoir des âmes sans espérances et sans Dieu.

D'autres ont rendu grâce avant nous. C'est aussi vieux que l'histoire du monde. Le premier qui nous est présenté dans les Écritures est Abel, doux fils d'Adam, né dans le péché, mais conscient des dons reçus de Dieu. Il t'offrait des sacrifices en action de grâce pour son travail. Abraham t'aurait bien offert son fils, si tu l'avais ordonné, car il avait tant reçu de toi qu'il savait que trouverais moyen de le remplacer dans tes promesses. Les premiers chrétiens nos frères se rassemblaient pour célébrer l'Eucharistie, ce sacrifice d'action de grâce laissé par ton fils pour faire mémoire de la Résurrection. Jésus était toute action de grâce. Son sacrifice sur la croix exprime aussi notre action de grâce au Père pour l'avoir immolé et ressuscité « pour notre salut ».

On remercie pour ce qu'on a reçu gratuitement. Il se peut que le don soit facile ou difficile d'exécution, mais il en reste un don. La vie est un de ces biens gratuits, et combien plus le don de l'adoption filiale que nous avons reçus du Seigneur, au moment de notre baptême. Mais notre vie reflète-t-elle les dons que nous avons reçus dans une action de grâce continue ? Nous rendons-nous suffisamment compte de tout ce que nous avons par la pleine bonté de Dieu ? Est-ce que même les maux dont nous sommes affligés nous permettent de découvrir la main de Dieu, qui agit mystérieusement dans nos revers ou nos travers? Savons-nous découvrir dans la croix la joie de chaque jour, sachant que la croix nous réfère continuellement au Christ notre amour, qui est ressuscité des morts? Avons-nous foi qu'en mangeant le corps du Christ, et en buvant son sang, c'est notre résurrection que nous célébrons? Oui il est grand, le mystère de la foi, et grande aussi doit être notre reconnaissance.

La reconnaissance doit être accompagnée de nos prières de demandes, car sans toi Seigneur, où irions-nous? « Tu as les paroles de la vie éternelle ». Ces demandes iront aussi accompagnées d'actions personnelles témoignant de la reconnaissance de tous les dons reçus de Dieu.

Fais que jamais tu ne te réfères à nous déplorant notre ingratitude. "Tous les dix n'ont-ils pas été guéris ? Où sont les neuf autres ?"



Quelle dette que la tienne envers Dieu ton Père! Il t'a donné l'existence, l'intelligence, la volonté... Il t'a donné la grâce: l'Esprit Saint; Jésus dans l'Hostie; la filiation divine; la très sainte Vierge, Mère de Dieu et notre Mère; Il t'a donné la possibilité de participer à la Sainte Messe et Il t'accorde le pardon de tes péchés. Son pardon, et tant de fois! Il t'a accordé des dons innombrables, quelques-uns d'entre eux extraordinaires...

— Dis-moi, mon enfant: comment Lui as-tu répondu? Comment Lui réponds-tu? (St Josémaria Escriva, Forge, 11)

vendredi 19 septembre 2008

Homélie du 25e dimanche du temps ordinaire (a),

À tous les âges le Seigneur appelle...

À ce dernier, je veux donner autant qu'à toi

Un maître embauche des ouvriers oisifs. Il le fait pour leur donner du travail, plus que par nécessité, semble-t-il. Il donnera ce qui est juste. Mais il leur procurera surtout la dignité de vivre en travaillant, ce qui est un dû de la part du maître, et une nécessité essentielle pour le travailleur.

Ce maître est bon. D'une bonté extraordinaire. Il ne veut voir personne sans travail et sans pain, et sans dignité. Cela est grand, mais peu de gens se permettraient de donner un salaire coutumier journalier, à des gens qui n'auraient travaillé qu'une heure. Mais tel est le coeur de cet homme qu'on associe directement au Seigneur, maître de la création.

La première lecture nous signale la bonté de ce Dieu: c'est un Dieu riche en pardon, bien plus grand que nous pouvons l'imaginer. Il peut décider librement de donner à tous généreusement sans égard ni obligation envers celui qui semble mériter plus. Sans doute, ce n'est pas une justice proportionnelle. Mais peut-on reprocher au maître d'être injuste, si tous ont un salaire honorable bien au-delà de ce qu'ils méritent ? Disons plutôt que le Seigneur est très généreux pour les derniers, à qui il veut donner non pas un salaire, mais une dignité.

Saint Paul comprend que Dieu nous donne beaucoup plus que nous ne le méritons, et il le reconnaît : Je voudrais bien partir pour être avec le Christ, car c'est bien cela le meilleur. Mais il sait cependant qu'il doit continuer de recevoir un salaire pitoyable de souffrance et d'humiliations ( la grandeur de Dieu qui sera manifestée dans son corps). Mais avouons-le, À cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus intéressant. Il y a des sacrifices à faire, des âmes à rapprocher de Dieu. Des gens à aimer... Tout ce qui peut m'approcher de de Dieu et des autres. Non, il vaut mieux travailler fort avec Dieu, pour Dieu et parmi les hommes que de vouloir m'en aller après une heure. Il y a tant à faire.

Permettez-moi une anecdote vraie. Une de mes soeurs causait, la veille de sa mort, avec ma vieille mère de 86 ans. Elle avait souffert de plusieurs attaques cardiaques, et les docteurs lui donnaient bien peu de temps à vivre. Ma soeur voulait la consoler devant une perspective affolante, et elle l'encourageait à accepter la mort paisiblement, car, disait-elle : « Tu as travaillé dur pour nous, tu as fait tout ce qu'il est humainement possible de faire pour Dieu et pour nous. Dieu t'accueillera avec joie ». Nous avions entre ses enfants à peu près tous cette opinion. Mais elle ne l'entendait pas de cette manière: « Mais il reste tellement de choses à faire pour vous, mes enfants, mes petits-enfants et mes arrière-petits-enfants ». Ma soeur n'en revenait pas, même si c'est elle qui avait vu juste. Maman mourrait durant la nuit, pleine de joie pour une vie remplie, et dans son action de grâce, au moment de recevoir le viatique (Jésus dans l'Eucharistie).

Tous nous devrions mourir en faisant des plans pour accomplir la volonté de Dieu dans notre vie, et des voeux pour mieux faire connaître Dieu Dieu et ses plans à nos amis. Saint Josémaria disait ce qui suit: Pense d'abord aux autres. Ainsi tu passeras par la terre, en commettant certes des erreurs, — elles sont inévitables — mais en laissant derrière toi un sillage de bien.

Et quand sonnera l'heure de ta mort, qui viendra inexorablement, tu l'accueilleras avec joie, comme le Christ; car, comme Lui, nous ressusciterons nous aussi pour recevoir la récompense de son Amour. (Chemin de Croix, n. 14.4)


Entre temps, nous ne devons pas nous plaindre de travailler fort, conscients que notre dignité nous vient de Dieu, et que nous ne méritons aucun de nos talents. Et rappelons-nous que toute la gloire revient à Dieu.



Deo Omnis gloria -à Dieu toute la gloire-. C'est l'aveu catégorique de notre néant. Lui, Jésus, est tout. Nous, sans lui, ne valons rien. Rien.

Notre vaine gloire serait ceci: une gloire vaine, elle serait un vol sacrilège; le « moi » ne doit apparaître nulle part. (St Josémaria Escriva, Chemin 780).

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Lectures du dimanche 21 septembre 2008
25ème dimanche ordinaire

Première lecture : Is 55, 6-9 « Mes pensées ne sont pas vos pensées »

Psaume : Ps 144, 2-3, 8-9, 17-18 R/ Proche est le Seigneur de ceux qui l'invoquent

Deuxième lecture : Ph 1, 20c-24.27a « Pour moi, vivre c'est le Christ »

Evangile : Mt 20, 1-16 La générosité de Dieu dépasse notre justice


vendredi 12 septembre 2008

Homélie du 14 septembre, La Croix Glorieuse


Les deux croix

Les textes d'aujourd'hui nous ramènent à l'incontournable mystère de la croix, « folie » pour les uns, « scandale » pour les autres.

Encore aujourd'hui, la croix interpelle. Elle irrite celui qui n'en veut pas. Sur la place publique, dans le contexte des prochaines élections canadiennes, on a fini, dans certains milieux, par se définir contre tout ce qui est moral et qui vient limiter certaines politiques amorales. L'ennemi, nous rappelait-on, c'est ce qui s'oppose à la modernité, à toute politique progressive moderne qui définit les nouveaux acquis sociaux: l'avortement, le mariage des personnes de même sexe, la laïcisation de l'enseignement publique, etc. On prétend qui toute personne qui vote contre ce type de « progrès » est buté, étroit, quand ce n'est pas appuyer un agenda caché ou secret ...

On dirait qu'on en est venu à penser que tout ce qui est moderne (nouveau, de gauche, progressif) est un avancement, surtout si cela s'oppose au catholicisme. C'est, reporté aujourd'hui, la situation des juifs dans le désert au temps du serpent d'airain. Ils ne sont plus contents avec ce qu'ils ont reçu de Dieu en réalisations, et en promesses à réaliser: « Pourquoi nous avoir fait monter d'Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n'y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »

Dieu nous comble de dons: et nous trouvons à redire. Ce siècle est caractérisé par une insatisfaction généralisée (on ne lit dans les journaux que drames, frustrations, injustices, vengeances), mais on ne veut pas revenir au bon sens: la loi de Dieu qui est un don aux hommes, dont on ne semble pas vouloir ( une « misérable nourriture »). On préfère souffrir tout seul que de prendre l'aide de Dieu. Évidemment, cette souffrance n'est pas la croix du Christ, car elle écrase et étouffe. C'est la croix de l'orgueil, qui père lourd, et qui mène à l'illusion de la satisfaction, malgré des souffrances intolérables qu'on ne va pas tarder à attribuer à Dieu, si l'occasion se présente.

Pendant ce temps, les chrétiens continuent de prier et de vivre activement la charité, dans des oeuvres sociales d'envergure, dans un travail professionnel fait avec esprit de service, efficace, qui soulage à la fois le corps et l'âme. Bien sûr, cela demande l'esprit de sacrifice, la charité envers tous, l'oubli de soi, beaucoup d'effort pour faire passer les autres avant soi, et la fidélité à la loi de Dieu. C'est la croix des chrétiens pratiquants authentiques. Celle qui commence par mettre Dieu en premier dans sa vie, au service des autres, avec droiture. Cette croix est celle qui guérit et régénère. Cette croix délivre et donne un sens de plénitude à cette vie. L'autre croix, celle de l'orgueil, finit par étouffer, elle cherche des compensations dans le vinaigre (que Jésus a refusé), Elle rend hostile à tout ce qui est étranger au succès personnel, à l'arrivisme, à l'enflure de ses propres vices. Sous cette croix troublante, on se soulage en s'éloignant chaque fois davantage de Dieu, en contemplant, comme Adam et Ève après le péché originel, sa propre nudité. Son manque radical: « Et qui t'a appris que tu étais nu ? » demande Dieu à Adam... Avec moi, dirait-il, tu étais riche, tu avais tout. Maintenant, tu viens de te détacher de la source de ta richesse, et tu considère ce qui te reste (ta « nudité ») avec fierté, alors que tu as mis de côté tout ce que je t'avais offert. N'as tu pas honte ?

Mais détachés de Dieu, la gloire ne peut être qu'en soi-même, et cela même si on agit pour le bien de tous. On ne le ferait pas sans une possibilité de gloriole. Mince compensation pour cette joie et cette paix qu'on reçoit si abondamment avec Dieu.

Comme Adam, qui attribue si stupidement ce qui s'est passé à sa femme, comme si lui-même n'avait pas voulu lui-aussi du fruit prohibé, l'homme moderne attribue toutes les fautes de la modernité aux hommes et femmes de foi, passés, présents et futurs... Et voilà sans doute une des croix les plus difficiles à porter pour un chrétien. Celle qui est injuste et méchante. Cette croix, on voudrait facilement la rejeter, clamer à l'injustice, qu'on a pas le droit. Les problèmes que les hommes et les femmes de foi vivent actuellement au Québec sont injustes, même si pas totalement immérités: les mariages qui ne marchent plus, les avortement à la pelleté, les écoles chrétiennes où on ne peut même pas enseigner sa foi, le risque réel de l'euthanasie, et les cancans injustes contre une église qu'on ne connaît évidement pas. Tout cela fait souffrir beaucoup, surtout que c'est injustifié. Mais Quelqu'un a souffert, il y a deux millénaires, des châtiments qu'il n'avait pas mérité; on s'est moqué de lui en public, on lui a administré une sérieuse correction (40 coups de fouets) avant de le mettre à mort ... sur une croix.

Il l'a fait pour nous montrer que la croix du chrétien a un sens. Elle exprime un amour extraordinaire envers tous les fils d'Adam, pécheurs. Elle nous dit que Jésus, vrai Dieu et vrai homme a pris sur lui notre misère pour nous en libérer. Elle est aussi une invitation à nous comporter comme lui, devant les injustes agresseurs: aimer et pardonner, sans laisser aller les droits de Dieu. Jésus nous a demandé d'aimer nos ennemis, mais il n'a quand-même pas évité les débats et les affrontements pour la vérité. C'est d'ailleurs à cause d'eux qu'il est mort sur la croix...

Ce qui nous amène à considérer comment prendre notre croix: avec amour pour tous, mais sans éviter de se tenir droit pour Dieu, fiers, de ce Père qui est notre Dieu, même si cela risque de nous créer des ennuis personnels. Cela, Saint Paul l'appelait l'appelait signe de contradiction. Ce que nous sommes prêts à devenir, si nous voulons être « sel » et « lumière », par amour pour Dieu notre Père et pour tous nos frères les hommes.

Le Maître passe et repasse à maintes reprises, très près de nous. Il nous regarde... Et si tu le regardes, si tu l'écoutes, si tu ne le repousses pas, Il t'apprendra à donner un sens surnaturel à chacune de tes actions... Et alors, toi aussi, où que tu te trouves, tu sèmeras la consolation, la paix et la joie. (St Josemaria Escriva, Chemin de croix, no 8.4)


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samedi 6 septembre 2008

23e dimanche du temps ordinaire (a)


Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux.

Voilà une considération qui devrait attirer notre attention sur notre condition humaine sur la terre.
Notre expérience personnelle nous rappelle, hélas, que nous sommes trop souvent seuls. Dans Ana Karenina, Léon Tolstoi ouvre cette oeuvre magistrale en nous rappelant que quand tout va bien, on n'est jamais seul. Mais que les familles qui souffrent, souffrent chacune à sa manière. Et c'est souvent dans la solitude qu'on souffre. Pourquoi ?
Parce que la solitude nous laisse sans recours, que cela soit notre choix (l'orgueil !) ou que nous y soyons amenés malgré nous. L'homme isolé, seul, souffre. C'est pourquoi, quand il définit les oeuvres de charité, le Seigneur cite les prisons et les hôpitaux comme lieux par excellence pour l'imiter dans l'amour. N'a-t-il pas lui-même voulu habiter notre prison en prenant nature humaine? Ne l'a-il pas totalement soulagée en mourant à notre place sur la croix ?
C'est à la résurrection de Jésus que les apôtres sont définitivement délivrés du remords et de la solitude conséquents du péché, celui de leur vie en général, mais plus particulièrement celui d'avoir abandonné Jésus. « Je vous donne ma paix », leur dit-il dans leur première rencontre. Et quelle baume à leur tristesse, et à leur désespoir.
Ce réconfort des apôtres nous est désormais offert, à nous aussi, à travers la prière en commun. Prier en commun ne signifie pas la prière tonnante d'une foule en pèlerinage, ou la récitation d'un chapelet dit rapidement dans l'église en attendant la messe. Jésus dit: Si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quelque chose, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux.
Il s'agit a) de se mettre d'accord pour demander quelque chose (intentions de prière dispersées dans les familles d'une paroisse, ou à l'intérieur d'une famille ou d'un groupe d'amis); b) de le faire d'un commun accord, ensemble, même si on n'est pas tous réunis dans la même place; c) d'avoir un noyau qui assume de mener dans un même endroit, une prière au Père.
Quand ces conditions se réunissent, alors Jésus est au milieu de nous. Pendant des années, les plus vieux d'entre nous s'entendaient dire, tous les soirs, en syntonisant CKAC pour le chapelet avec le cardinal Léger, qu'une famille qui prie est une famille unie. C'était un bon slogan médiatique (on s'en rappelle encore aujourd'hui), mais c'était une réalité sentie dans les familles qui priaient ensemble « Le chapelet en famille ». Aujourd'hui, on regardera peut-être cette coutume avec un léger sourire et un peu de nostalgie, mais, avouons-le, nous revenions tous les soirs au chapelet du cardinal parce que nous y croyions : on se mettait d'accord pour méditer ensemble les intentions du cardinal, et pour prier en Église; en même temps, il y avait union entre nous. Nous étions à tous les égards, une famille qui prie; et puis, le fait de se rassembler tous ensemble autour d'une vraie communauté priante, réunie à la cathédrale basilique de Montréal, renforçait notre unité et la présence réelle des uns donnaient de la force par la communion des saints à ceux qui n'étaient pas là. Tous nous étions une famille qui prie, autour du cardinal, mais dans la présence réelle mystérieuse de Jésus qui se manifeste à nous par la prière.
Aujourd'hui, la prière n'est pas vraiment envisagée pour réunir les familles éloignées, sauver ce qui périt, rassembler toutes les âmes sans égards de classes, ou d'argent. Mais en même temps, nos églises sont presque vides le dimanche. On préfère rester chacun pour soi, seuls... et sans doute, aussi, tristes. Plus rien ne nous réunit. Dans les media, on insiste plus sur ce qui divise que sur ce qui unit. Et puis, le dimanche on a autre chose à faire, pour continuer de meubler notre ennui (travail, épicerie, rencontres sociales ou sportives). Mais où est la prière publique, dans tout cela? Ou est la prière familiale ou papa, maman et les enfants prient ensemble pour demander des faveurs au Seigneur (une meilleure santé pour grand-papa; pour Jean ait du succès dans ses études; que Marie cesse de sucer son pouce....)? Pourrions-nous, à l'occasion, associer nos enfants à la prière du chapelet des adultes, en récitant à deux ou trois, une dizaine, pour qu'ils apprennent sans s'ennuyer? À la fin de la journée, serait-il possible de faire ensemble une petite prière en famille où tout le monde écoute, et participe s'il le veut ?
Car si nous ne le voyons pas, les enfants, eux, verront Jésus au passage, avant d'aller au lit. Ils nous le montreront dans leur simplicité, et nous apprendrons d'eux à imiter la filiation de Jésus envers son Père. Sans oublier que nous leur rendons le grand service d'apprendre à prier comme des enfants de Dieu, et qu'ils ne sont pas seuls, et que nous ne sommes pas seuls.
Quand nous prions ensemble, Jésus est au milieu de nous. Quand nous nous sentons seuls, c'est que nous ne pouvons pas voir Jésus près de nous. Ne restons pas seuls dans nos malheurs. À la messe, au chapelet en famille, et dans les grandes intentions de prières de l'Église, nous pouvons trouver un sens à nous souffrance, et la grande compagnie de celui qui nous aime par-dessus tous: Jésus.

Sois reconnaissant à tes parents de ce qu'ils t'ont donné la vie, afin de pouvoir devenir enfant de Dieu. — Et plus reconnaissant encore si ce premier germe de la foi, de la piété, de ton chemin de chrétien ou de ta vocation, ce sont eux qui l'ont mis dans ton âme. (Saint-Josémaria, Forge, 19)


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Lectures du dimanche 07 septembre 2008

23ème dimanche ordinaire


Première lecture : Ez 33, 7-9 Le prophète est responsable de ses frères

Psaume : Ps 94, 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9 R/ Aujourd'hui, ne fermons pas notre coeur, mais écoutons...

Deuxième lecture : Rm 13, 8-10 « Celui qui aime les autres accomplit la Loi »

Evangile : Mt 18, 15-20 Instructions pour la vie de l'Église. Tout chrétien est responsable de ses frères

vendredi 15 août 2008

Considérations sur l'Assomption de Marie

Marie s'écria d'une voix forte:(...) Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles.

En ce jour de l'Assomption, nous nous joignons à l'assemblée des saints qui reçoivent, avec Jésus, sous le regard de la Trinité, l'arrivée, avec son corps et son âme, de la sainte Vierge Marie. Nous aimerions applaudir, crier à gorge déployée, sauter de joie à la vue de cette simple fille de Palestine qui a en tout secondé les plans de Dieu. L'Assomption souligne la grandeur de l'âme de Marie, sa sainteté, son souci à élever, accompagner et consoler le Fils de Dieu fait homme. Marie est montée au ciel car elle a accompli sa mission jusqu'au dernier détail. Les apôtres ont appris à compter sur elle, et continueront de le faire dans cette communion des saints qui franchit les distances entre le temporel et l'Éternel.

Aujourd'hui, Dieu reconnaît la grandeur de cette plus petite des filles des hommes qui a toujours donné toute la gloire à Dieu. Petite elle a su découvrir la grandeur de sa mission, et l'exercer dans la charité, en servant.

Jésus invitait ainsi à apprécier la grandeur de l'esprit de service: « Si quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous » (Mc 9, 35). Aujourd'hui. Il reconnaît la grandeur de celle qui a été la servante du Seigneur, et notre servante, en ce qu'elle a secondé son fils en tout dans son oeuvre de rédemption.

Celle que nous célébrerons dans une semaine sous le vocable de Reine du ciel est celle qui a servi humblement et avec amour. C'est d'ailleurs l'essence de sa royauté, comme celle de son Fils. Sur la croix, le Seigneur prêche par l'exemple, réellement, et avec humilité. Je me suis transformé en esclave pour que vous sachiez, avec un coeur doux et humble, servir tous les hommes (St Josémaria, Amis de Dieu, 103). Ceux qui accompagnent le Seigneur sentent l'urgence de répondre au plus important: aimer. Et nous saurons, par une vie de service, répandre cette charité parmi les autres hommes (St Josémaria, Quand le Christ passe, 94)

Répétant de nouveau des paroles de Saint Josémaria Escriva, nous dirons nous aussi aujourd'hui:

Marie, la Mère de Jésus, qui l'a nourri, élevé et accompagné durant sa vie sur la terre, et qui maintenant se trouve à ses côtés au Ciel, nous aidera à reconnaître ce Jésus qui passe à côté de nous, et qui se présente à travers les besoins de nos frères les hommes (Quand le Christ passe, 145)


(*) Image de l'Assomption, Église St. Michael, Belleville, Ontario

vendredi 1 août 2008

Homélie du 18e dimanche du temps ordinaire (a)

Donnez-leur vous-mêmes à manger

L'épisode relaté dans l'évangile de ce dimanche est franchement fascinant. Une foule nombreuse, attachée à Jésus, en qui ils voient un puissant prophète et un un homme accomplissant des miracles remarquables, cherche à le trouver, réussissent à découvrir sa destination, et l'y attendent pour le convaincre de guérir leurs proches.

Jésus allait dans cette direction pour refaire ses forces avec les apôtres, et sans doute pour prier pour Jean Baptiste, dont il vient d'apprendre la mort provoquée par Hérode. Devant les demandes pressantes de ces pauvres de Dieu qui s'empressent autour de Lui, il leur procure guérisons et enseignements, sans se soucier des aspects pratiques du quotidien, car il sait que les apôtres y veilleront. Admirable sollicitude de Jésus qui passe tout son temps avec ces gens, accourus de partout autour du lac dans le but de l'entendre. Les apôtres, sans doute aussi émus que lui, commencent à s'inquiéter de la nourriture. Il est trois heurs passées, et si on ne renvoie pas les gens à la maison, ceux-ci ne pourront pas manger. Ils le disent à Jésus, et il leur répond: Donnez-leur vous-même à manger.

On peut facilement imaginer la consternation des apôtres à cette réponse. Pierre, le plus audacieux, ou Judas le plus soucieux des dépenses l'informeront des possibilités, sans trop savoir comment convaincre Jésus, dont ils savent fort bien qu'ils ne peuvent pas vraiment changer l'avis. L'un d'eux, (André ?) lui dit: Nous n'avons là que cinq pains et deux poissons. Est-il possible de faire quoique ce soit seulement avec cela ? Face à leur étonnement, il leur dit: Apportez-les moi ici. Et ils s'exécutent.

Ce que les apôtres ont fait pour sauver la situation est bien peu de chose par rapport au miracle qui suivra. Ils ont été là où ils devaient être, ils ont fait leur petite enquête, et le résultat est simple. « Nous n'avons presque rien, pas assez en tout cas pour aider ces gens ». Mais pour Jésus, c'est suffisant.

Jésus aime compter sur notre générosité et notre collaboration pour réaliser les miracles. Notre grain de sel dans une conversation qui amène un ami à considérer sérieusement, pour la première fois peut-être, un aspect de sa vie qu'il avait jusque là négligé. Ou il attend de nous des prières somme toute peu efficaces pour nous obtenir une faveur magnifique, ou une guérison. Ou encore, il veut de nous un acte de foi, au moment de commencer à entreprendre un travail ayant de répercussions sur la vie sociale ou sur la reconnaissance de la vie chrétienne dans un milieu évacué de la foi... Notre réaction est semblable à celle des apôtres: nous ne pouvons pas faire cela.

Mais l'ordre du Seigneur est formel: « Donnez-leur vous-même à manger. ». Mais Saigneur, qui suis-je pour freiner les effets d'une société qui rejette Dieu, qui s'attaque à toutes les formes du respect de la vie; qui suis-je pour donner un enseignement religieux de qualité dans mon milieu ? Qui suis-je pour rapprocher mes enfants de la vie sacramentaire ? Que puis-je faire pour redonner un peu d'espoir dans un milieu où le soleil de l'espérance semble à jamais caché par les brumes du matérialisme? Mais tu me dis de leur donner à manger, non sans commencer d'abord par donner la bénédiction qui changera mon acte naturel en une réalisation surnaturelle.

Et alors, merveille des merveilles, tu multiplies les pains. Ce qui semblait illogique au départ, aux yeux des hommes, devient dans la logique de Dieu, un grand miracle où tu exprimes par tes gestes ton amour, ta bienveillance à notre égard, où tu nous montres que par nous, tu peux réaliser des actions surnaturelles surprenantes, pourvu que nous y mettions ce que nous pouvons fournir: un petit garçon fournit son souper (qu'il avait peut-être voulu donner à Jésus pour qui il s'inquiétait), les apôtres collaborent avec Jésus en transportant les pains qu'il a bénis et rompus pour qu'ils les présentent à la foule. D'autres ramassent les restes pour que ce précieux pain ne se perde pas. On en retrouve assez de pièces pour remplir douze couffins! Ce que nous pouvons faire, avec la foi et la générosité des apôtres, même si nous ne comprenons pas le plan de Dieu! Avec lui, nous devenons littéralement tout-puissants.

Jésus attend beaucoup de nous. Beaucoup. Mais il ne nous laisse pas sans recours. Comme le dit Isaie dans la première lecture, ses ressources sont illimitées: Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau. Même si vous n'avez pas d'argent (...) Venez à moi, écoutez, et vous vivrez. On ne donne pas de leçons de générosité au Seigneur. Aussi, quand il nous invite à travailler pour lui, nous avons le droit de nous attendre à de grandes réalisations, si notre attitude est droite, et que nous nous rappelons que lui, il peut tout. Comme Saint Paul, nous voulons nous aussi oser que rien ne viendra à bout de nous, si nous travaillons pour le Christ. J'en ai la certitude: ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur.

Le signe de la fraction du pain dont Mathieu fait état dans l'Évangile est une allusion de Jésus au don de l'eucharistie qu'il instituera plus tard. On ne peut en effet manquer de faire un parallèle entre la multiplication des pains et le don de l'eucharistie. Bénir le pain était une prescription du cérémonial juif, mais pas la fraction du pain. Jésus le faisait pour montrer son intérêt quasi maternel envers les siens. Et il anticipait ainsi le sacrement de l'eucharistie. Il y était si habitué que les disciples d'Emmaus le reconnurent à ce geste. Jésus se préparait ainsi à ce grand sacrement. Le geste ici proposé souligne alors que sa chair qu'il nous donnera à manger serait peut-être de ces viandes savoureuses et gratuites dont Isaie faisait état dans la première lecture. Bien sur, nourris du corps du Christ, il n'y a plus rien d'humain qui nous empêcher d'accomplir la volonté de Dieu.

Si tu L'aides, ne serait-ce que d'un rien, tout comme le firent les Apôtres, Il sera disposé à opérer des miracles, à multiplier les pains, à modifier les volontés, à communiquer sa lumière à des intelligences qui se trouvent encore obscurcies, à faire en sorte que certaines d'entre elles acquièrent — moyennant une grâce exceptionnelle — une droiture dont certaines n'ont jamais été capables.

Tout cela... et bien davantage, tu l'obtiendras si tu L'aides avec ce dont tu disposes.
St Josémaria, Forge, 675

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Lectures du dimanche 03 août 2008
18ème dimanche ordinaire

Première lecture : Is 55, 1-3 Dieu nourrit son peuple

Psaume : Ps 144, 8-9, 15-16, 17-18 R/ Tu ouvres la main : nous voici rassasiés

Deuxième lecture : Rm 8, 35.37-39 Rien ne peut nous séparer de l'amour du Christ

Evangile : Mt 14, 13-21 Jésus nourrit la foule



vendredi 25 juillet 2008

Homélie du 17e dimanche du temps ordinaire (a)

Détail d'un vitrail de la cathédrale de Kingston

Des lectures de ce dimanche, que penser ? Il semblerait que ce qui compte n’est pas ce qu’on voit, mais l'indéfinissable valeur des choses qui demandent qu’on les mesure avec une sagesse toute spéciale, la sagesse de Dieu, qui donne une intelligence aux événements ordinaires telle qu’on n'en peut trouver uniquement avec la sagesse humaine. C'est cette vraie sagesse que Dieu veut donner à Salomon. Elle est édifiée sur la loi de la charité, une loi nouvelle qui va révolutionner la manière de voir les relations avec Dieu et avec les autres.
C’est d’elle que parle Saint Paul : « Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer leur bien. » En retour, il « les destine a être une image de son Fils », et comme conséquence, « il les a appelés, il en a fait des justes », « il leur a donné sa gloire », par laquelle ils pourront voir le monde ou ils vivent avec les yeux de Dieu. Cette sagesse nouvelle est celle qui sanctifie les créatures humaines en faisant d'elles des saints.
Le Seigneur nous invite maintenant a regarder la figure traditionnelle du scribe : c’est lui, chez ses contemporains, qui est sensé savoir tout de la loi. Les scribes avaient la réputation de connaître mieux que personne le contenu de la loi et des Écritures. Eux et les pharisiens formaient un tandem que l’on ne pouvait pas éviter, quand se posaient des questions profondes. On peut facilement s’imaginer que c’est avec eux que Jésus s’était retrouvé dans le temple, lorsqu’il était adolescent. Les scribes rapportaient ce qui était dans la loi, ils essayaient de rapporter le contenu des écritures, et de les interpréter dans la ligne de la tradition antérieure. Et ils étaient méfiants de ceux qui voulaient trouver des nouveautés à ce patrimoine de divin. C’est possiblement ce que Jésus veut signifier par « l'ancien ». Ils ne devaient pas sortir de la ligne donnée par la torah.
Mais depuis Jésus, il y a « du neuf » . C’est ce que Saint Paul nous présente comme le choix de Dieu : Ceux qui aiment Dieu, « il les a appelés (…) il en a fait des justes, (…) il leur a donné de participer à sa gloire en les faisant dfevenir des enfants de Dieu."
Celui qui est un connaisseur, comme les scribes, s’enhardira, comme celui qui a trouvé un trésor, à « vendre tout ce qu’il possède », à surpasser les limitations de la loi ancienne pour trouver ce grand trésor qu’est la vie en Dieu. Ou ce même scribe, connaisseur de la loi ancienne comme le connaisseur de perle, la perle rare. Car rien n’est aussi beau que d’aimer Dieu. Il n’y a qu’une possibilité, celle de se donner à lui. C'est ce que Jésus demandait d'abord de ses apôtres (les scribes de la loi nouvelle), puis à tout ses disciples, en tant que participants de la proclamation de la parole, à travers l'apostolat de toute l'Église.
Le scribe qui a connu la loi de Dieu et la tradition des prophètes sait qu’il lui faudra choisir, dans sa vie, entre des aspects de l'ancienne tradition et la loi nouvelle, ou plutôt, harmoniser ses habitudes anciennes aux exigences du messie qui viendra. Et il est déjà là. Malheureux le « scribe » qui n’aura pas le courage de faire le partage entre les bons et les mauvais poissons. Il sera délaissé, parce qu’il n’a pas su tirer de son trésor du neuf et de l’ancien.
Pour nous, le laps de temps qui nous sépare de la venu de Jésus a clarifié la relation de Jésus avec les prophètes et l'histoire de l'Église, comme l'évolution de la compréhension des paroles de Jésus confirme son autorité comme fondateur de l'Église. Croire est d'une certaine façon plus facile. Mais cela exige de nous plus de détachement face aux biens du monde et à la prolifération des opinions philosophiques et doctrinales. Ce qui est continuellement neuf, c'est la fraîcheur et le radicalisme des enseignements de Jésus qui exigent de nous une disposition renouvelée et jeune face aux renoncements que nous rencontrerons. Il n'y a pas à dire, il faut que nous soyons saints.
Ces paroles de Jean Paul II peuvent sans doute nous aider et nous faire réfléchir:

« On a besoin de hérauts de l'évangile experts en humanité, qui connaissent à fond le cœur de l'homme d'aujourd'hui, participent de ses joies et espérances, de ses angoisses et tristesses, et en même temps, soient contemplatifs, amoureux de Dieu. Pour cela, on a besoin de nouveaux saints. Les grands évangélisateurs de l'Europe ont été les saints. Nous devons supplier le Seigneur d'augmenter l'esprit de sainteté dans l'Église et nous envoyer de nouveaux saints pour évangéliser le monde d'aujourd'hui ». (11 octobre 1985).