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vendredi 1 mai 2009

Homélie, 1er mai 2009: un mois "en famille".



Le cinquième mois de cette année vient de commencer. L'Église nous le transmet à travers l'intermédiaire de Saint Joseph, le support de Jésus et Marie à Nazareth. C'est lui, le grand travailleur qui ouvre la porte du mois.

Joseph, nous rappellent les Écritures du jour, était, pensait-on, "père" de Jésus, et menuisier. Il a passé sa vie auprès de ces deux êtres remarquables, souvent à son détriment, mais armé de courage, de force, d'esprit de service -d'amour, quoi- pour protéger la mère et l'enfant, leur donner un niveau de vie acceptable, tout en mettant temps et énergie à veiller sur l'éducation de Jésus.

Mais Joseph n'était pas seulement un homme de famille. C'était aussi un homme généreux de son temps, qui travaillait en société, qui savait rendre service et exécuter un travail exemplaire, conscient que le travail est une marque de respect à ses semblables et une voie de sainteté, qui permet de mettre Dieu dans toute sa vie.

C'est par lui que l'Église nous introduit au mois de mai. Comme si elle tenait à nous rappeler l'importance de Joseph, malgré son humilité. Il est certain que l'origine de la fête de Saint Joseph, l'ouvrier, est liée à des événements historiques, concrètement à l'ascension du marxisme, au XIXe siècle, qui faisait du premier mai une fête du travail des hommes sans âme, ni identité. Pour contrer à cette illusion politique, l'Église à tenu à nous rappeler le travail sanctifiant et sanctifié de cet homme.

Considérons un moment la qualité de son travail. Ouvert à toutes les nécessités des siens dans la société, il n'est jamais complètement éloigné ni de Jésus, ni de Marie. En fait, le gros de ses sentiments est à eux, noble époux, noble Père et admirable serviteur de Dieu à la fois. Un modèle de citoyenneté, de paternité et de sainteté. Un modèle pour nous qui vaquons, pendant de si nombreuses heures du jour, à des activités professionnelles qui engagent notre honneur de citoyen, de parents et de sainteté chrétienne

Non loin de Joseph se trouve Marie, son épouse, une de ses grandes inspirations et un modèle de vertu et de prière. Comme Joseph devait attendre le moment de ses retrouver joyeusement près de son épouse. Ce qu'il lui dirait, ce qu'il ferait de petites attentions et de petits cadeaux. "Sa" Marie, unie par la vocation matrimoniale, et qui signifiait tellement plus pour lui depuis la conception miraculeuse de Jésus. Comme il s'empresserait de garder les lieux propres pour elle, une fois une partie importante de son travail terminée. Comme il essaierait de prévoir ses besoins, et de lui rendre, en tout, la vie plus facile. Comme il attendrait ce moment quotidien de prière avec cette âme de prédilection. Et que dire des jours où il pourrait donner beaucoup de son temps à son enfant, le Fils de Dieu fait homme. Bien conscient qu'il n'avait rien de lui biologiquement, comme il s'empresserait de lui donner tout le secours humain d'un père, lui qui avait la responsabilité de lui apprendre tout de la vie des hommes, puisque celui-ci avait décidé d'apprendre comme tout homme de lui et Marie.

Quelle humilité de Joseph, devant la plus belle des enfants de Dieu et le seul Fils unique de Dieu. Lui qui devait diriger la sainte famille (et qui le fit sans repousser aucune de ses responsabilités à Nazareth, à Bethléem ou en Égypte), alors qu'il aurait eut plus que raison de se considérer indigne. C'est prestement, avec oubli total de lui-même qu'il par pour l'Égypte, vers l'inconnu, encore une fois, par amour.

Oui vraiment, Joseph est sans doute le meilleur modèle pour commencer le mois de mai: sa révérence pour Marie, le respect de Jésus et son travail pour eux donnent décidément le ton de notre dévotion à Marie pendant tout ce mois. Nous voulons nous aussi, sans grande pompe, mais avec un amour total pour Jésus nous avancer humblement vers la Mère de Dieu avec le désir de la fréquenter plus intensément, de la complimenter par nos Ave et notre chapelet; nous voudrons aussi peut-être écourter des heures de travail moins utiles pour visiter un lieu à sa mémoire. Nous voudrons certainement lui sourire et lui confier nos petits problèmes. Peut-être saura-t-elle nous faire découvrir "son" Joseph avec son amour du travail bien fait, ou simplement nous confier son fils Jésus.

Quoi qu'il en soit, mai est là pour nous faire grandir dans l'amour de Marie, et à travers elle, celui de Joseph et de Jésus. Nous voulons y arriver par un travail bien fait, une prière renouvelée, et une contemplation plus profonde de Jésus.

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De Saint Josémaria Escriva: Chemin
559Saint Joseph, Père du Christ, est aussi ton Père et ton Seigneur. — Aie recours à lui.

560Notre Père et Seigneur saint Joseph est maître de la vie intérieure. — Place-toi sous son patronage et tu connaîtras l'efficacité de son pouvoir.

561Dans le livre de sa vie, sainte Thérèse d'Avila dit de saint Joseph: "Si vous ne trouvez pas de maître qui vous enseigne l'oraison, prenez ce glorieux saint pour guide et vous ne vous égarerez pas en chemin." — Le conseil vient d'une âme expérimentée. Suis-le.

vendredi 17 avril 2009

Chemin de Croix, quatrième station: Jésus rencontre sa très sainte Mère



Jésus rencontre sa très Sainte Mère.

Jésus se sent seul, car tous l'ont abandonné. Sans doute est-ce là un des pires châtiments de la la Passion: la solitude. Plusieurs de ceux qui auraient pu t'aider t'ont abandonné. Ceux qui n'auraient pas du être là sont les seuls qui "rôdent autour de toi, cherchant à tout dévorer".
Mais Jésus n'est pas vraiment seul, puisque l'obéissance à la volonté de son Père lui garantit la reconnaissance de son Père. Mais comme il aurait aimé retrouver quelqu'un qui s'approchât lui manifester humainement un peu d'amour. Mais personne n'ose: ces Romains sont de telles brutes. Et puis, ne risquons-nous pas de nous faire blesser dans notre corps, mais surtout dans notre honneur, en nous associant à un condamné à mort, même si c'est Jésus?
C'est Marie, sa Mère, qui l'aidera à se relever. Elle est à son chevet, n'en déplaise aux soldats, aux brutes qui l'injurient ou aux autres qui ont peur. Marie contemple son Fils. "Que t'ont-ils fait, mon Jésus? Tu n'y étais pour rien. Si j'avais pu faire quoi que ce soit. Mais te connaissant, tu ne m'aurais pas laissé m'approcher. Maintenant, tu peux compter sur moi. Pas sur ma force, je n'en ai pas, pas sur ma puissance, car je ne suis qu'une pauvre fille de Sion. Mais compte sur mon amour. Il a toujours été là. Et depuis le commencement de ces événements absurdes, quelque chose de plus maternel encore s'éveille en moi. Comme si à chaque coup de fouet, à chaque injure, mon coeur grandissait, et t'enveloppaient, toi et le pécheur, car, au fond, ils ne savent pas ce qu'ils font..."
Pour un instant, Jésus oublie les offenses de ces hommes, et de tous les hommes. Il se revoit avec sa mère, comme aux moments les plus tendre de sa vie avec elle et Joseph. Il revoit l'amour de sa mère, l'amour de Joseph, et l'amour de Dieu le Père. Et sa force rejaillit, il se relève!
Marie a réussi, par son amour, où les soldats ne réussissaient pas avec le fouet. Tel est l'amour de notre Mère.
Marie qui a vu souffrir Jésus pour nous, a compris à quel point son fils nous aimait. Sa souffrance agrandit, comme pour toutes les mères, l'amour de son fils. L'objet de son amour porte maintenant sur nous, puisque nous sommes dans le coeur de Jésus. Il est évident qu'ici, l'amour de Jésus, et de Marie sa mère ne pas seulement sur Jésus, Pierre ou André, Marie, Marthe et Zacharie, mais sur chacun de ceux pour qui Jésus a tant souffert. Sommes-nous conscients que pour accompagner Jésus sur le Chemin de la Croix, Marie a ouvert son coeur à tous ceux pour qui il a souffert? Savons-nous répondre à l'amour de Jésus et de sa Sainte Mère par une plus grande corrsepondance au message de son Fils? Avons-nous conscience que nos péchés ont envoyé Jésus à la croix? Ainsi, nous ne les abandennerons pas à leurs boureaux.

Jésus a espéré cette rencontre avec sa Mère. Que de souvenirs d'enfance! Bethléem, la lointaine Egypte, le village de Nazareth. Maintenant encore Il la veut près de Lui, sur le Calvaire.
Nous avons besoin d'elle!... Lorsqu'un petit enfant prend peur dans l'obscurité de la nuit, il crie: Maman!
De la même manière, je ressens la nécessité de crier, dans mon coeur, souvent: Mère! Maman! ne m'abandonne pas!
St Josémaria, Chemin de croix, 4-3.

2e dimanche de Pâques (b), Homélie

première fleur de la saison

1: La Paix du Christ : Dans l'évangile de ce dimanche, Jésus présente sa paix. On en est témoin à trois occasions, et la quatrième offre de paix est implicite, à travers l'apôtre Thomas. Tout d'abord, Jésus offre sa paix en entrant au cénacle le soir de Pâques: il n'y a rien d'étonnant dans ses paroles, qui appliquent la coutume préconisée par Moïse de s'offrir la paix en se rencontrant. Le contexte, cependant est particulièrement sollenel: Jésus revient des enfers, et offre sa paix aux apôtres. Ils comprennent qu'il s'agit d'une invitation pressante à retrouver la paix dans l'amitié envers Jésus, entre eux et en eux-même. C'est une invitation de la part de Jésus à comprendre qu'ils sont maintenant sauvés, s'ils veulent que cette paix gagnée par la mort de Jésus soit appliquée à leur vie personnelle.
2: Jésus offre ensuite sa paix avant de leur envoyer l'Esprit Saint. Ici encore, le moment est sollenel: il leur donne le pouvoir de pardonner les péchés, et de recevoir le pardon de leurs péchés à travers leur ministère sacerdotal. Une annonce de paix nouvelle, inconnue jusqu'alors. Avant, il n'y avait que Jésus pour pardonner les péchés. À partir de maintenant, tout prêtre de Jésus peut pardonner pour lui. Bonne nouvelle pour les apôtres et pour tous les chrétiens, car dans l'absence de Jésus on peut recevoir le pardon des prêtres, à travers l'absolution. Mais que faire en l'absence du prêtre ? On ne peut qu'implorer sa miséricorde. Décidément, pour les apôtres, la journée de Pâques a été forte en émotions.
3. Une semaine après Pâques, Jésus offre sa paix en particulier à Thomas. Bien que les mots de paix que Jésus prononce soient à l'endroit de tous les apôtres, on sent que Jésus est revenu surtout pour Thomas (et pour nous). Il offre sa paix à celui qui saura croire sans voir. À celui qui écoute la parole de Jésus et de ses ministres ordonnés. Il est évident que les apôtres ont essayé de convaincre Thomas, mais il insistait pour mettre ses mains dans son côté et ses doits dans l'espace laissé par les clous... Jésus lui reproche son manque de foi. Dans un peu de temps, ceux qui croiront devront se fier au témoignage des apôtres, et n'auront plus le loisir de voir Jésus lui-même. L'attitude de Thomas conduirait certainement à abandonner la foi. On imagine Jésus disant à Thomas: "Si tu avais écouté tes frères, tu aurais pu être l'exemple et le premier de ceux qui ont cru sans voir. Mais ton entêtement a bloqué ta foi. Tu M'avais entendu dire que je ressusciterais le troisième, et les dix autres t'ont dit qu'il m'avaient vu. Pourquoi as-tu refusé de croire ? Ceux qui croient sans avoir vu, voilà ceux qui ont vraiment la foi.
4. Ainsi, de cette manière, le Seigneur nous offre maintenant sa paix. Nous, les lecteurs de l'évangile sommes de ceux qui ont entendu à travers les apôtres, et même à travers Thomas. Ils nous ont enseigné le message de Jésus, quand ce ne sont pas ses paroles-mêmes. C'est nous qu'il appelle bienheureux, car nous avons cru sans avoir vu. C'est là fondamentalement le message de paix que Jésus nous offre, si nous croyons. C'est bien là le sens des paroles de Jean énonçées avant de clore cette partie de l'Évangile: Tous ces grands miracles, et ces faits de l'évangile "ont été écrits pour que vous croyez que Jésus est le Christ (Mon Seigneur...), le Fils de Dieu (... et Mon Dieu), et que croyant, vous ayez la vie en son nom (la Paix)".
5. Croyons-nous vraiment en l'efficacité de l'Église et des sacrement? Croyons-nous vraiment que Benoit XVI est le représentant du Christ sur cette terre, et qu'il nous propose de croire en la divinité de Jésus, ainsi qu'en la vérité du message des Apôtres qu'il nous propose de croire ? Sommes-nous convaincus que tout prêtre qui fait ce qu que fait l'Église accomplit ce que le Christ veut accomplir à travers son ministère ? Croire demande une disposition active de notre part, un "je veux, je crois, j'aime" volontaire qui nous permettra d'agir personellement, de façon responsable pour mériter le salut que le Christ est prêt à nous donner, même ou surtout si nous n'avons pas vu ?
La foi nous porte à reconnaître Dieu dans le Christ, à voir en Lui notre Sauveur, à nous identifier avec Lui, à oeuvrer comme Il a oeuvré. Après avoir tiré l'apôtre Thomas de ses doutes en lui montrant ses plaies, le Ressuscité s'écrie: Heureux ceux qui croiront sans avoir vu. Ici — explique saint Grégoire le Grand il est question de nous d'une manière particulière, car nous possédons spirituellement Celui que nous n'avons pas vu corporellement. Il est question de nous, mais à condition que nos actes soient conformes à notre foi. Seul croit véritablement celui qui, dans ses oeuvres, met en pratique ce qu'il croit C'est pourquoi, à propos de ceux qui ne possèdent de la foi que les paroles, saint Paul a dit: ils font profession de connaitre Dieu, et ils le renient par leurs actes. (St Josémaria Escriva, Quand le Christ passe, 106)
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Lectures du dimanche 19 avril 2009
2ème dimanche de Pâques

Première lecture : Ac 4, 32-35 Le partage dans la communauté des premiers chrétiens

Psaume : Ps 117, 1.4, 16-17, 22-23, 24-25 R/ Éternel est son amour !

Deuxième lecture : 1Jn 5, 1-6 Celui qui croit est né de Dieu

Evangile : Jn 20, 19-31 Apparition du Christ huit jours après Pâques

dimanche 5 avril 2009

Lu pour vous: Au risque de vous déplaire (Denise Bombardier)

Bombardier, Denise : Au risque de déplaire, VLB éditeur, Montréal, 2008


On connaît Denise Bombardier comme une journaliste indépendante qui ne craint pas de donner son opinion (souvent dérangeante et critique) sur les lieux communs des médias d’ici ou de France. Ce livre s’adresse à ceux qui la suivent ou qui s’intéressent aux revendications de l’intelligence versus des dogmes irraisonnés des bien-pensants de l’intelligentsia québécoise.
Elle parle de tout … et de rien. Les problèmes politiques du Québec, mais surtout, les problèmes moraux. Son point de vue est celui d’une agnostique qui sait reconnaître les bonnes personnes et les bonnes institutions québécoises, et revendiquer les droits de l’histoire, de la religion catholique, de toutes les attitudes humanisantes, quelles que soient leur origine. Elle défend vigoureusement le cardinal Ouellet, sans partager son point de vue, et regrette de n’être pas croyante, pour pouvoir aimer encore plus Noël, où des gens vivent dans un désintéressement remarquable le partage et la vertu de l’espérance apportée par le sauveur. Elle s’en prend aussi aux égoïstes et aux suffisants, qui pour se faire admirer, ne manquent pas de s’en prendre à leurs proches. Et elle pourfend vigoureusement les hypocrites et ceux qui laissent aller la culture et l’excellence dans un laisser-aller qui ne crée que des problèmes de société.
Cette Denise Bombardier est celle qu’on retrouve régulièrement dans le Devoir (ce livre est un rassemblement de certaines de ses colonnes hebdomadaires des quatre dernières années). La romancière qu’elle est n’a pas le même panache, et c’est bien dommage.
Ce livre s’adresse à des adultes cultivés en quête de recherche de vrai et de beau dans notre monde. Recommandable.

vendredi 3 avril 2009

Chemin de croix, 3e station: Jésus tombe pour la première fois


Le corps exténué de Jésus se met à chanceler sous l'énorme Croix. C'est à peine si de son coeur très aimant parvient un souffle de vie à ses membres blessés.

Math 27, 19-22: Tandis qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « Ne te mêle pas de l'affaire de ce juste, car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. » Les chefs des prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit : « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? » Ils répondirent : « Barabbas ! ».

Aujourd'hui encore, il est des âmes qui craignent pour toi, Seigneur. Dans ton Église, il est des gens qui te regardent avec peine. Et bien des étrangers, des "non-croyants" disposés noblement à te plaindre devant les offenses qui te pèsent sur le chemin du Calvaire. Mais il ne s'opposent pas au mal. Ils te plaignent, ils plaignent le sort de ceux qui souffrent, ils auraient les moyens de faire quelque chose, comme la femme de Pilate, mais se frappent à un mur construit par leur peur our la haine des autres. On te lamente, Seigneur comme on t'a rarement lamenté, mais que fait-on pour toi ?

De la cuiller à la bouche, que d'espace ! Entre les bonnes intentions et l'action, que de paroles vaines ou de résolutions oubliées.

Et pendant ce temps, Jésus, tu portes notre croix. Tu pleures notre vanité et nos bons sentiments inefficaces, et le poids de la croix devient de plus en plus grand. Tu trébuches, car nous t'avons oublié.

Tu ne veux pas nous reprendre à cette heure tragique; ne nous as-tu pas tout dit ce jour-là sur une montagne près du lac? Puisque pendant qu'on parle, les ennemis de Dieu se réjouissent, Jésus veut plutôt couper court à leur prétention. Comme il ne reste plus que lui pour prendre la croix, la transe qu'il avait ressentie à Gethsémani reprend de plus belle, et en s'effondrant sur le sol, il répète ce qu'il avait dit devant Pierre, Jacques et Jean qui au lieu de l'aider dormaient de tristesse: "Père, si cela est possible, éloigne de moi ce calice" . Comme dans sa derniere soirée, il s'agenouille de tout son long, dans la douleur des nos lâchetés et de nos peurs. Et cette immonde croix de bois l'écrase.

Il peine à se relever, mais y arrive malgré les plaies de la flagellation qui se sont réouvertes. D'où lui vient cette force ? De son amour infini envers le Père: "Non pas ma volonté, mais la tienne". La rédemption n'est pas encore achevée, et il veut tout donner (jusqu'à la mort, et la mort sur la croix), par amour pour nous, qu'il veut sauver, et pour son Père qu'il veut honorer d'un amour total et désintéressé.

Pendant ce temps, nous plaignons Jésus, au lieu de l'aider à se relever. Et Jésus qui se relève en peinant, mais heureux de nous rapprocher de son Père.

Comme ils sont nombreux ceux qui, jouets de leur orgueil et de leur imagination, s'immolent sur des calvaires qui ne sont pas ceux du Christ.

La Croix que tu dois porter est divine. Refuse-toi absolument d'en porter une qui soit humaine. Et si tu devais un jour tomber dans ce piège, rectifie aussitôt: il te suffira de penser qu'Il a souffert infiniment plus, par amour pour nous. (St Josémaria, Chemin de croix, 3,4)

Rameaux et Passion du Seigneur







Je vous invite à relire ma réflexion d'il y a deux ans

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Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

Première lecture : Is 50, 4-7 Le Serviteur de Dieu accepte ses souffrances

Psaume :  Ps 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a   R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

Deuxième lecture : Ph 2, 6-11 Abaissement et glorification de Jésus
Evangile : Mc 14, 1-72; 15, 1-47 La Passion (brève :1-39)

jeudi 2 avril 2009

Chemin de croix: 2e station


2e Station: Jesus est charge de sa croix

Matth. 27, 25-26: Tout le peuple répondit : « Son sang, qu'il soit sur nous et sur nos enfants ! » Il leur relâcha donc Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et le leur livra pour qu'il soit crucifié.


Ces paroles prophétiques (Son sang, qu'il soit sur nous et sur nos enfants !) sont désormais réalité: les enfants sont scandaleusement laissés à leur soufffrance. Des enfants oubliés ou abandonnés à l'hopital. Les gamins de Rio, qui ne savent où trouver quelqu'un pour les aimer. Et chez nous, l'hécatombe des enfants avortés. Seigneur, prends pitié de nous, car si tu nous traitais comme nous les traitons, où terminerons-nous ? Les innocents de ce monde, ceux qui sont comme des enfants, nous les oublions pour notre confort. Quand on pense avec quelle joie le docteur Jérome Lejeune, Jean Vanier accueil(ai)ent les trisomiques. Quand on pense à la bienheureuse Mère Téresa qui préférait prendre les enfants de l'avortement plutôt que de les abandonner à leur sort (Donnez-les moi, je m'en occuperai). Et que dire de tant de mamans héroiques qui accueillent généreusement les enfants, même dans des conditions précaires, et qui leur donnent le meilleur don: la charité. Si vous ne devenez comme les enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux. Les enfants sont la clé du royaume des cieux. Jésus, nous désirons ardamment prendre notre croix, cette clé, plutot que de laisser périr un seul de ces petits.
Quant à Jésus, Pilate le fit flageller, et le leur livra pour qu'il soit crucifié. Triste expédient: Jésus n'est coupable de rien, et il est néanmoins livré pour être condamné. Un de ces miliers d'expédients juridiques qui nous permettent de nous en sortir en invoquant la légalité. Par la loi (ou par son absence), on livre les enfants à la mort. Pas surprennant que Jésus les aime tant. L'avortement semble condamner les enfants à mort à nouveau, "à la Hérode", mais Jésus ne les abandonne pas. Il mourra avec eux, pour nous...
Seigneur, apprends-moi à ne pas refuser ta croix, pour défendre ainsi les plus démunis, et les oubliés de ma famille, de mes amis. Fais quand sans spectacle, j'accepte de prendre ma croix "pour les sauver tous", humblement, sans ordre du Canada, sans décoration, pour toi seul, et ... pour eux.

Demande l'humilité au Seigneur, et toi aussi tu comprendras ces paroles de Jésus: Iugum enim meum suave est, et onus meum leve (Mt 11, 30), que j'aime à traduire librement ainsi: mon joug est la liberté, mon joug est l'amour, mon joug est l'unité, mon joug est la vie, mon joug est l'efficacité. (St Josémaria Escriva, Chemin de croix, 2-4).

Semaine sainte: Chemin de croix, 1ere et 2e station (méditation)

Mon Seigneur et mon Dieu,
sous le regard aimant de notre Mère,
nous allons T'accompagner sur le chemin de douleur
qui fut le prix de notre rachat.
Nous voulons souffrir tout ce que Tu as souffert,
T'offrir notre pauvre coeur, contrit,
parce que Tu es innocent et que Tu vas mourir
pour nous,les seuls coupables.
O ma Mère, Vierge des douleurs,
aide-moi à vivre ces heures amères
que ton Fils a voulu passer sur la terre,
pour que nous, qui ne sommes faits que d'un peu de boue,
puissions enfin vivre
in libertatem gloriae filiorum Dei,

dans la liberté et la gloire des enfants de Dieu.
(prière de préparation pour le chemin de croix, in Saint Josémaria Escriva, Chemin de croix, Paris, Le Laurier, 1999, p. 17).



Première Station: Jésus est condamné à mort.


Math 27, 22-24: Pilate dit: « Que ferai-je donc de Jésus, celui qu'on appelle le Messie ? » Ils répondirent tous : « Qu'on le crucifie ! ». Il poursuivit : « Quel mal a-t-il donc fait ? » Ils criaient encore plus fort : « Qu'on le crucifie ! » Pilate vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre ; alors il prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde ! »


Jésus qui était venu pour nous aimer et se donner à nous est condamné à mort pour nous avoir enseigné les voies de son Père: apprendre à pardonner, donner, sourire. En somme vivre de l'esprit des béatitudes dans notre place dans le monde. Notre famille est un lieu d'amour, notre travail est un lieu de service, le temple le lieu de la réunion avec nos frères pour vivre la contrition, la communion et le don. C'est pour cette raison qu'on te condamne mon Jésus. Est-il possible qu'un gouverneur de la terre ne trouve pas la force de libérer le roi des âmes? Est-il possible qu'on ne puisse trouver autre chose à dire que les mots suivants, qui percent le coeur de Jésus plus que les épines dont on le couronnera: Qu'on le crucifie.


Et est-il possible qu'un homme investi du pouvoir romain ne trouve qu'à dire: Je ne suis pas responsable du sang de cet homme... M. Pilate, si vous êtes innocent du sang de cet homme, qui en est responsable ? Vous me faites peine.


Et puis je pense que moi aussi j'ai à l'occasion considéré que je n'étais pas responsable du Sang que Jésus a versé pour moi aussi. Seigneur, pardon. J'ai trop souvent été lâche, j'ai cédé devant tes droits, j'ai laissé les autres décider. Donne-moi d'apprendre des fautes des autres, mais surtout... des miennes.

— Seigneur! où sont tes amis? où sont tes sujets? Ils t'ont abandonné. Cette débandade qui dure depuis vingt siècles... Nous fuyons tous la Croix, ta Sainte Croix. (St Josémaria, Chemin de croix, 1.4)


lundi 16 mars 2009

La dernière parution de Yves Beauchemin: Renard bleu


Beauchemin, Yves:  Renard Bleu, Montréal, Fides, 2009

Voici le dernier-né d'Yves Beauchemin, un récit s'adressant aux jeunes, et aux jeunes d'esprit. Fidèle à sa signature, Yves Beauchemin nous présente de sympathiques québecois aux prises avec un urgent problème, où amitié et bonne humeur font le contrepoids d'une situation grave et urgente.

Renard Bleu, un renard est né de renards parlants, dans une forêt de la région de Joliette où les animaux parlent. Son père Albert est cammioneur et a beaucoup d'amis et sa mère reste à la tanière à soigner la famille. Tout va bien pour Renard et ses amis un ours et un canard qui connaîtront une famille de fantomes ainsi qu'un squelette, tout aussi sympathiques que sa famille. Arrive une sorcière qui envoie ses parents et sa soeur en côma, et la vie de Renard Bleue est chambardée. Une voisie, Amélie Desjardins l'hébergera dans sa maison, et lui donnera d'amples secopurs pour soigner et délivrer la famille du sort de la sorcière.

Comme toutes les histoires de Beauchemin que je connais, l'intrigue est saugrenue, improbable. Mais c'est l'élément que celui-ci aime prendre pour faire ressortir les bons côtés de ses personnages. Et des bons côtés, il y en a beaucoup. D'abord, les valeurs familiales. Elles sont partout présentes soit dans la famille de Renard Bleu, ou dans la famille que formera pour lui Amélie pendant la maladie de ses parents. Ensuite, dans toutes les pages, l'amitié généreuse. Ses amis animaux et fantômes se donneront généreusement pour aider Renard. Le courage ne manque pas, ni la bonne humeur. Dans les moments difficilles les moments de compassion ne manquent pas non plus.

Le texte est léger (il est écrit pour une population jeune), mais bien tourné. Le style est bon. Presque parlé, c'est un ouvrage qui pourrait servir de lecture de chevet pour les enfants.

Il n'y a qu'une seule ombre, et elle reflète le naturalisme de l'auteur: quelques allusions à mon avis déplacées sur l'amour entre adultes. En deux moments, elle est allusive, et en une occasion elle évoquée pour annoncer la naissance à venir de la petite soeur de Renard Bleu. Voilà des concessions à une certaine forme de curieux voyeurisme qui n'a pas sa place dans cette histoire.

Cela mis à part, le livre est très lisible. Mais je ne le recommande pas à des enfants qui n'ont pas encore une certaine connaissance de la sexualité humaine. Au Québec, cela signifierait un âge d'au moins huit ans, il me semble. À part ces passages, le livre est très recommandable.

Le livre est de lecture très agréable, aussi pour un adulte qui aime Yves Beauchemin ou les livres bien écrits.

samedi 7 mars 2009

Pour méditer (2e dimanche du temps ordinaire, B)


Ce dimanche, l'Église nous présente un grand personnage, Abraham (Gen. 22, 1 ...18). C'est l'exemple de l'homme fidèle. Dieu est à l'origine de toutes ses actions et de tous ses gestes. Il n'y a pas plus droit qu'Abraham, et le Seigneur le lui rend bien.

Mais il lui arrive, comme il nous arrive à tous, que de temps en temps, les plans de Dieu à notre égard sont étranges. En fait, ce qui est demandé d'Abraham est soudainement incompréhensible. Jusqu'à maintenant, Dieu a toujours "honoré" sa parole par ses gestes de bienveillance, mais soudainement, il ne semble plus possible de comprendre ce qu'il veut. Il y a peu, il a donné à Abraham deux enfants, l'un issu de la bonne volonté d'Adam, né de sa servante (ce que Dieu n'avait pas demandé, mais qu'il avait interprété ainsi); l'autre fils, Isaac, est la consolation du patriarche et de son épouse Sara. Or voilà que ce fils qui accomplit les promesses de Dieu et réjouit les vieux jours de ses parents est justement visé par Dieu.


Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l'offriras en sacrifice sur la montagne que je t'indiquerai. Soudainement, tout l'univers d'Abraham pourrait s'effondrer. Il a vécu une grande partie de sa vie à attendre la réalisation de la promesses de Dieu, et alors qu'elles sont enfin en train de se réaliser, Dieu lui demande de renoncer à tout cela.

La réponse d'Abraham nous étonne: Abraham, serein, parce qu'obéissant à Dieu, s'apprête à faire ce que lui demande son Dieu.  On l'imagine le coeur brisé, mais l'auteur sacré n'en parle pas, parce qu'il est prêt à obéir. Arrêtant son bras, Dieu le lui rendra par mille bénédictions.

Par ce geste, on nous enseigne que l'on est parfait que si l'on obéit à Dieu. Nous devons être prêt à sacrifier tout à Dieu, lui qui nous a pourvu de grandes grâces (le baptême, au début), qui nous pourvoit de tant de grâces au  moment présent (la communion et la pénitence sacramentelle presqu'aussi souvent que nous pouvons le désirer), et il nous promet la persévérance finale (le ciel !) si nous lui sommes fidèles, comme Abraham.

Mais Dieu nous demande, pour mériter toutes ces grâces, des éléments de purification personelle. C'est la raison de ce temps de carême. Nous purifier pour enlever les obstacles qui nous rapprocheront de Dieu. Mourir avec le Christ, pour ressusciter avec lui. Il nous demande de mourir à nous-même, en acceptant de  risquer de perdre ce qui nous est le plus cher. Aux jeunes, il demande de disposer de leur vie au service de Dieu. Aux parents de laisser leurs enfants libres de répondre à Dieu. Souvent, le Seigneur nous demandera de sacrifier notre santé, notre travail, notre sécurité pour faire sa volonté, et lorsque finalement nous accepterons, comme le Patriarche, nous découvrirons avec surprise que c'est Dieu qui porte nos souffrances. Durant toute l'histoire du peuple juif, Dieu demandait l'offrande du premier-né, symboliquement, pour demander à chaque chef de famille de signifier à Dieu qu'il est auteur de la vie, comme le sacrifice des prémices de la récolte signifiat que Dieu était l'auteur de la création (la dime, aujourd'hui, est redevable de cette antique tradition).

Dieu accepte le sacrifice des prémices et du premier-né (symboliquement, celui-là) pour montrer, comme pour Abel, qu'il, est content de ses enfants. Mais lorsque le sacrifice est fait, il se substitue à nous et prend sur lui la charge de nos peines et de nos efforts.

Dieu demande à Abraham, le père de la nouvelle humanité, de sacrifier son fils. Mais ayant constaté la réponse favorable de celui-ci, il substitue son Fils unique pour sauver cette nouvelle humanité née d'Abraham.

Admirable échange s'il en est un ! C'est le Fils de Dieu qui substituera le fils d'Abraham pour rendre la réponse d'Abraham parfaitement adéquate aux exigences de Dieu. La plus grande bénédiction de Dieu: il nous a envoyé son propre fils pour nous sauver.

samedi 21 février 2009

Pourquoi les problèmes financiers?

Le livre du Deutéronome où Moïse met en garde le peuple d'Israël avant d'entrer en Terre Promise nous donne peut-être des indices sur la crise financière que vivent nos "pauvres" pays industrialisés.

(Deutéronome 8, 7-20)
07 Le Seigneur ton Dieu te conduit vers un pays fertile : pays de rivières abondantes, de sources profondes jaillissant dans les vallées et les montagnes,
08 pays de froment et d'orge, de raisin, de grenades et de figues, pays d'olives, d'huile et de miel ;
09 pays où le pain ne te manquera pas et où tu ne seras privé de rien ; pays dont les pierres contiennent du fer, et dont les montagnes sont des mines de cuivre.
10 Tu mangeras et tu seras rassasié, tu béniras le Seigneur ton Dieu pour ce pays fertile qu'il t'a donné.
11 Garde-toi d'oublier le Seigneur ton Dieu, de négliger ses ordres, ses décrets et ses commandements, que je te donne aujourd'hui.
12 Quand tu auras mangé et seras rassasié, quand tu auras bâti de belles maisons et que tu les habiteras,
13 quand tu auras vu se multiplier ton gros et ton petit bétail, ton argent, ton or et tous tes biens,
14 n'en tire pas orgueil, et n'oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t'a fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage.
15 C'est lui qui t'a fait traverser ce désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif.
16 C'est lui qui, pour toi, a fait jaillir l'eau de la roche la plus dure. C'est lui qui, dans le désert, t'a donné la manne - cette nourriture inconnue de tes pères - pour te faire connaître la pauvreté et pour t'éprouver avant de te rendre heureux.
17 Garde-toi de dire en ton coeur : « C'est ma force, c'est la vigueur de ma main qui m'ont procuré cette richesse. »
18 Souviens-toi du Seigneur ton Dieu : car c'est lui qui t'a donné la force d'acquérir cette richesse, en confirmant ainsi l'Alliance qu'il avait jurée à tes pères, comme on le voit aujourd'hui.

lundi 16 février 2009

mercredi 21 janvier 2009

Le lendemain de l'assermentation d'un nouveau président


Des liens utiles: a)   le discours en anglais (canada.com) b) télégramme du Saint-Père au nouveau président 


Les Américains viennent d'assermenter leur 44e Président. Il jouit de la faveur populaire, il possède certainement des grandes qualités de leader. Il a prononcé son dicours d'Inauguration, dans les normes de l'Art, en invoquant le nom de Dieu et en optant décidément pour des objectifs éthiques. Bravo. On peut s'en réjouirt. Cependant, en repassant les événements d'hier, on peut se poser quelques questions qui relèvent de la morale, et sur lesquelles j'aimerais m'arrêter.

Quand Obama désire la vertu, on doit reconnaître que c'est de la vertu. Ainsi, soigner les pauvres, vouloir rendre l'Amérique amie de tous les peuples, ou réagir à la crise économique contre des personnages égocentriques recherchant uniquement leur profit, voilà qui relève de la vertu. Qu'il veuille en finir avec le chantage du terrorisme, et respecter toutes les religions, voilà qui est bien. Il est difficille de s'y opposer, ce sont des fins louables, bien enlignées avec le bien commun. Ce sont des fins véritablement éthiques, qui méritent le respect. Et cela mérite qu'un serment sur ce fond éthique soit pris à témoin  par le Dieu d'Obama, c'est -à-dire, le Dieu des chrétiens, celui que Lincoln a invoqué sur la même Bible avant lui.

Ce serment est un véritable serment, et engage toute sa personne, même s'il s'agissait seulement d'une mise en scène pour plaire au public américain.

Ce qui est problématique, ce sont les moyens pour arriver aux fins entrevues. Le premier danger qui le guette, c'est de faire passer des moyens discutables pour soutenir ses fins, ou d'invertir ces moyens en fins, laissant de côté leur dimension éthique. Le Catéchisme de l'Église catholique, parlant de morale naturelle et sociale, fait remarquer ce qui suit:
1887    L’inversion des moyens et des fins (cf. CA 41), qui aboutit à donner valeur de fin ultime à ce qui n’est que moyen d’y concourir, ou à considérer des personnes comme de purs moyens en vue d’un but, engendre des structures injustes qui « rendent ardue et pratiquement impossible une conduite chrétienne, conforme aux commandements du Divin Législateur » (Pie XII, discours 1er juin 1941).
1888    Il faut alors faire appel aux capacités spirituelles et morales de la personne et à l’exigence permanente de sa conversion intérieure, afin d’obtenir des changements sociaux qui soient réellement à son service. La priorité reconnue à la conversion du cœur n’élimine nullement, elle impose, au contraire, l’obligation d’apporter aux institutions et aux conditions de vie, quand elles provoquent le péché, les assainissements convenables pour qu’elles se conforment aux normes de la justice, et favorisent le bien au lieu d’y faire obstacle (cf. LG 36).

Cela vaut de tout président, évidemment. On veut le bien, mais il faut le faire selon les règles de la morale naturelle, ie, dans le respect de Dieu, des autres, et de sa propre conscience.

Il y a dans ce discours, au niveau des fins, de quoi se réjouir. Au niveau de certains mots, on peut s'inquiéter un peu: comme lorsqu'il met sur les même pied les religions traditionnelles mondiales et les non croyants, qu'il invite à la paix. Louable, mais qui paiera la note ? D'autre part, la paix est une bonne chose, mais les pacifisme (la paix à tout prix) une autre; dans ce domaine, où se situe le nouveau président ? "Travailler à la réédification de l'Amérique" signifie-t-il conserver un monopole économique et culturel tourné vers les américains, ou un désir de partager d'avantage avec les pays en voie de développement?

On ne peut pas répondre à ces doutes, et il faut laisser le nouveau président commencer son oeuvre. Son discours est rhétoriquement bien fait, digne d'un vrai leader, mais aussi assez obscur pour laisser bien des problèmes dans l'ombre.

Il ne faut pas oublier que l'avènemement d'Obama à la Maison Blanche a initié une véritable réaction populaire et médiatique. C'est sans doute une bonne chose. Les saints ont souvent eux-mêmes amené de telles réactions. Je pense à des canonisations récentes qui ont amené à Place Saint-Pierre des milions de personnes (Le Padre Pio, et Saint Josémaria, ou encore plus,  la mort de Jean Paul II). Mais à d'autres occasions le sentiment populaire a glissé vers des mouvements de foules moins louables: saisis par un programme politique séducteur autant qu'injuste, bien des gens ont regretté amèrement avoir donné trop de confiance à leur vénéré leader. Cela parce que l'acceptation du leader venait sans connaître le fond de son programme de ce  leader.

Il semble que beaucoup de nos concitoyens sont emballés par ces temps nouveaux. Les média nous présentent le nouveau président comme la soluttion à tous les problèmes que nous avons connus jusqu'à maintenant, qu'il sera celui qui reglera les conflits qui s'embourbent encore aujourd'hui, au Moyen Orient, qu'il défera tout ce que son prédécesseur a mal fait, etc. C'est possible, mais peu probable, si on regarde l'histoire même récente. Souhaitons-le, mais pas à n'importe quel prix.

Dans certains domaines, Obama a déjà annoncé ses couleurs, et c'est là que nous verrons avec quel bois il se chauffe: l'avortement (et oui; il n'y a pas moyen d'ignorer cette question-là) , les droits de la famille, la question de la Palestine... Attendons, et n'oublions pas de rendre à César ce qui est à César, mais à Dieu ce qui lui appartient.

vendredi 16 janvier 2009

Homélie du 2e dimanche du temps ordinaire (18 janvier 2009)


Brebis de l'île aux Coudres, Québec

Saint Jean nous présente la simplicité des premiers moments de l'Église s'établissant sur la terre, à travers Pierre, Jean et André. Un grand moment de la vie de Jean, qui revit avec ses lecteurs, les émotions de sa rencontre avec Jésus. Jean et André fréquentaient le Baptiste, et celui-ci, en petit comité, leur présente Jésus: Celui qui passe, c'est l'Agneau de Dieu. Avouons que pour quelqu'un qui n'aurait pas été un ardent connaisseur et pratiquant de la religion juive, cette appellation semblait une curieuse comparaison pour un vivant: cela signifiait que celui qui passait était comme l'offrande pascale que tous partageaient lors de la Pâque, c'est-à-dire qu'il y avait dans cette personne une certaine assimilation avec la brebis offerte en sacrifice à la Pâque, et celles qui sont quotidiennement offertes tous les jours au temple. Jésus n'avait certainement pas l'allure d'une brebis qu'on mène à l'abbatoir (ce sera plus tard le cas), ni l'allure du messie attendu par ses contemporains. Il est à peine différent des autres qui entourent Jean Baptiste, et aussi celui-ci doit-il le signaler.

Mais ceux-ci comprennent, car Jean leur a expliqué le sens de leur baptême: il vient celui qui sera baptisé dans son sang, pour notre salut, l'oint de Dieu qu'Isaie avait présenté comme le serviteur souffrant. De fait, le voilà qui passe. Nul n'est besoin de dire que les disciples qui ont été patiemment préparés par Jean, n'hésiteront pas à commencer à suivre Jésus. Litérallement, ils le suivent jusqu'à ce que Jésus les invite à passer la soiré avec eux (sans doute dans un repas suivi d'une belle conversation).

Le charme opère immédiatement. À partir de la 10e heure de cette mémorable journée, Jean se considère disciple de Jésus. Il en va de même de André, qui s'empressera d'en avertir son frère Pierre.

La rencotre avec Pierre étonne: Jésus établit dès ce jour une relation privilégiée avec lui. Il ne se gêne pas de changer son nom, en faisant allusion à ce qu'il attend de lui: pierre, "Pierre". Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que ces disciples de la première heure n'ont jamais tourné le dos au Seigneur, malgré leurs faiblesses humaines.

La préparation de Jean, et le regard de Jésus, son amabilité, sa force, son exemple et son autorité laissent dans ces premiers une impression ineffaçable. La réponse: vouloir rester avec lui pour toujours. Lui amener d'autres disciples.

Aujourd'hui, le regard du Seigneur est aussi beau et perçant. Il nous aime comme il a aimé Pierre. Il s'annonce à nous à travers l'Église, et nous parle dans la prière. Notre préparation n'est pas assumée par Jean, c'est vrai, nous ne voyons pas non plus la couleur des yeux de Jésus, mais nous avons infiniment plus:  par l'eau de notre baptême, nous sommes lavés par le sang de l'Agneau; par le  repas pascal perpétué dans l'Eucharistie, nous mangeons l'Agneau, et nous faisons partie de son corps.

C'est Paul qui nous le rappelle dans lettre aux corinthiens (I, 6, 13 ...20): Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ? Celui qui s'unit au Seigneur n'est plus qu'un seul Esprit avec lui. Nous avons recu le don de l'amitié de Jésus, qui se donne à nous dans le repas eucharistique, et qui s'offre pour nous à son Père dans le sacrifice de la messe. Nous rendons-nous compte de l'intimité que la Trinité et Jésus lui-même attendent de nous ? Nous ne pouvons pas nous approcher de l'Eucharistie d'une manière indifférente. Nos dispositions doivent exceller.

Saint Paul nous donne un conseil: Fuyez l'impureté; vous ne vous apparternez plus à vous-mêmes, car le Seigneur vous a acheté très cher. Rendez gloire à Dieu dans votre corps.

Le conseil est valable encore aujourd'hui: la seule manière de pouvoir répondre à l'appel comme Samuel ou Jean c'est d'être pur de corps et d'esprit. La vertu de la chasteé consiste à vivre le coeur pur, selon son état, le célibataire comme célibataire, la personne mariée comme personne mariée, sans tomber dans l'adoration du plaisir sexuel à tout prix. La pureté de corps demande l'usage de l'intelligence pour choisir ce qu'il y a d'authentique dans l'amour et rejeter ce qui est irraisonable. Tous nous y sommes appelés. En effet, Jésus se présente comme l'époux. L'Église est l'épouse. Pouvons nous présenter à l'amour total de Jésus le coeur partagé, la tête ailleurs ? Quel don lui ferions-nous alors de nous-mêmes ? Jean, dans sa jeunesse, s'est donné chastenment au service de Dieu. et il a persévéré dans sa marche à la suite du Christ, car son attention intérieure était toute à Jésus. Tout vieux, il continuait de répéter comme dans ses épitres: "Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres".

Nous aussi, nous voulons savoir où Jésus habite, passer du temps avec Lui, afin de ressentir, comme ses premiers disciples, le charme et l'urgence de son appel. Ayons recours à la vertu de la Sainte Pureté pour ne jamais l'abandonner. En conséquence, ses vistes dans l'Eucharistie nous trouveront prêts et désireux d'accomplir sa sainte volonté.

En même temps, il me faut répéter que la vie du chrétien, la tienne et la mienne, est faite d'amour. Notre coeur a été fait pour aimer et, quand on ne lui donne pas une affection pure, limpide et noble, il se venge et se remplit de misère. Le véritable amour de Dieu, la pureté de la vie, par conséquent, est aussi éloigné de la sensualité que de l'insensibilité, d'un quelconque sentimentalisme que de l'absence ou de la dureté de coeur.

Il est affligeant de ne pas avoir de coeur, et ceux qui n'ont jamais appris à aimer avec tendresse sont des malheureux. Nous, les chrétiens, nous sommes épris de l'Amour: le Seigneur ne nous veut pas secs, raides, semblables à une matière morte. Il nous veut tout imprégnés de sa tendresse ! Celui qui renonce à un amour humain pour l'Amour de Dieu, ne reste pas célibataire, comme ces gens tristes, infortunés et abattus, qui ont méprisé l'élan d'un amour rempli de pureté. (St Josémaria Escriva,
Amis de Dieu, 183)

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Lectures du dimanche 18 janvier 2009
2ème dimanche ordinaire

Première lecture : 1S 3, 3b-10.19 Vocation de Samuel

Psaume :  Ps 39, 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd   R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté

Deuxième lecture : 1Co 6, 13b-15a.17-20 Notre corps appartient au Seigneur
Evangile : Jn 1, 35-42 Vocation des trois premiers discipl