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vendredi 19 septembre 2008

Homélie du 25e dimanche du temps ordinaire (a),

À tous les âges le Seigneur appelle...

À ce dernier, je veux donner autant qu'à toi

Un maître embauche des ouvriers oisifs. Il le fait pour leur donner du travail, plus que par nécessité, semble-t-il. Il donnera ce qui est juste. Mais il leur procurera surtout la dignité de vivre en travaillant, ce qui est un dû de la part du maître, et une nécessité essentielle pour le travailleur.

Ce maître est bon. D'une bonté extraordinaire. Il ne veut voir personne sans travail et sans pain, et sans dignité. Cela est grand, mais peu de gens se permettraient de donner un salaire coutumier journalier, à des gens qui n'auraient travaillé qu'une heure. Mais tel est le coeur de cet homme qu'on associe directement au Seigneur, maître de la création.

La première lecture nous signale la bonté de ce Dieu: c'est un Dieu riche en pardon, bien plus grand que nous pouvons l'imaginer. Il peut décider librement de donner à tous généreusement sans égard ni obligation envers celui qui semble mériter plus. Sans doute, ce n'est pas une justice proportionnelle. Mais peut-on reprocher au maître d'être injuste, si tous ont un salaire honorable bien au-delà de ce qu'ils méritent ? Disons plutôt que le Seigneur est très généreux pour les derniers, à qui il veut donner non pas un salaire, mais une dignité.

Saint Paul comprend que Dieu nous donne beaucoup plus que nous ne le méritons, et il le reconnaît : Je voudrais bien partir pour être avec le Christ, car c'est bien cela le meilleur. Mais il sait cependant qu'il doit continuer de recevoir un salaire pitoyable de souffrance et d'humiliations ( la grandeur de Dieu qui sera manifestée dans son corps). Mais avouons-le, À cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus intéressant. Il y a des sacrifices à faire, des âmes à rapprocher de Dieu. Des gens à aimer... Tout ce qui peut m'approcher de de Dieu et des autres. Non, il vaut mieux travailler fort avec Dieu, pour Dieu et parmi les hommes que de vouloir m'en aller après une heure. Il y a tant à faire.

Permettez-moi une anecdote vraie. Une de mes soeurs causait, la veille de sa mort, avec ma vieille mère de 86 ans. Elle avait souffert de plusieurs attaques cardiaques, et les docteurs lui donnaient bien peu de temps à vivre. Ma soeur voulait la consoler devant une perspective affolante, et elle l'encourageait à accepter la mort paisiblement, car, disait-elle : « Tu as travaillé dur pour nous, tu as fait tout ce qu'il est humainement possible de faire pour Dieu et pour nous. Dieu t'accueillera avec joie ». Nous avions entre ses enfants à peu près tous cette opinion. Mais elle ne l'entendait pas de cette manière: « Mais il reste tellement de choses à faire pour vous, mes enfants, mes petits-enfants et mes arrière-petits-enfants ». Ma soeur n'en revenait pas, même si c'est elle qui avait vu juste. Maman mourrait durant la nuit, pleine de joie pour une vie remplie, et dans son action de grâce, au moment de recevoir le viatique (Jésus dans l'Eucharistie).

Tous nous devrions mourir en faisant des plans pour accomplir la volonté de Dieu dans notre vie, et des voeux pour mieux faire connaître Dieu Dieu et ses plans à nos amis. Saint Josémaria disait ce qui suit: Pense d'abord aux autres. Ainsi tu passeras par la terre, en commettant certes des erreurs, — elles sont inévitables — mais en laissant derrière toi un sillage de bien.

Et quand sonnera l'heure de ta mort, qui viendra inexorablement, tu l'accueilleras avec joie, comme le Christ; car, comme Lui, nous ressusciterons nous aussi pour recevoir la récompense de son Amour. (Chemin de Croix, n. 14.4)


Entre temps, nous ne devons pas nous plaindre de travailler fort, conscients que notre dignité nous vient de Dieu, et que nous ne méritons aucun de nos talents. Et rappelons-nous que toute la gloire revient à Dieu.



Deo Omnis gloria -à Dieu toute la gloire-. C'est l'aveu catégorique de notre néant. Lui, Jésus, est tout. Nous, sans lui, ne valons rien. Rien.

Notre vaine gloire serait ceci: une gloire vaine, elle serait un vol sacrilège; le « moi » ne doit apparaître nulle part. (St Josémaria Escriva, Chemin 780).

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Lectures du dimanche 21 septembre 2008
25ème dimanche ordinaire

Première lecture : Is 55, 6-9 « Mes pensées ne sont pas vos pensées »

Psaume : Ps 144, 2-3, 8-9, 17-18 R/ Proche est le Seigneur de ceux qui l'invoquent

Deuxième lecture : Ph 1, 20c-24.27a « Pour moi, vivre c'est le Christ »

Evangile : Mt 20, 1-16 La générosité de Dieu dépasse notre justice


vendredi 12 septembre 2008

Homélie du 14 septembre, La Croix Glorieuse


Les deux croix

Les textes d'aujourd'hui nous ramènent à l'incontournable mystère de la croix, « folie » pour les uns, « scandale » pour les autres.

Encore aujourd'hui, la croix interpelle. Elle irrite celui qui n'en veut pas. Sur la place publique, dans le contexte des prochaines élections canadiennes, on a fini, dans certains milieux, par se définir contre tout ce qui est moral et qui vient limiter certaines politiques amorales. L'ennemi, nous rappelait-on, c'est ce qui s'oppose à la modernité, à toute politique progressive moderne qui définit les nouveaux acquis sociaux: l'avortement, le mariage des personnes de même sexe, la laïcisation de l'enseignement publique, etc. On prétend qui toute personne qui vote contre ce type de « progrès » est buté, étroit, quand ce n'est pas appuyer un agenda caché ou secret ...

On dirait qu'on en est venu à penser que tout ce qui est moderne (nouveau, de gauche, progressif) est un avancement, surtout si cela s'oppose au catholicisme. C'est, reporté aujourd'hui, la situation des juifs dans le désert au temps du serpent d'airain. Ils ne sont plus contents avec ce qu'ils ont reçu de Dieu en réalisations, et en promesses à réaliser: « Pourquoi nous avoir fait monter d'Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n'y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »

Dieu nous comble de dons: et nous trouvons à redire. Ce siècle est caractérisé par une insatisfaction généralisée (on ne lit dans les journaux que drames, frustrations, injustices, vengeances), mais on ne veut pas revenir au bon sens: la loi de Dieu qui est un don aux hommes, dont on ne semble pas vouloir ( une « misérable nourriture »). On préfère souffrir tout seul que de prendre l'aide de Dieu. Évidemment, cette souffrance n'est pas la croix du Christ, car elle écrase et étouffe. C'est la croix de l'orgueil, qui père lourd, et qui mène à l'illusion de la satisfaction, malgré des souffrances intolérables qu'on ne va pas tarder à attribuer à Dieu, si l'occasion se présente.

Pendant ce temps, les chrétiens continuent de prier et de vivre activement la charité, dans des oeuvres sociales d'envergure, dans un travail professionnel fait avec esprit de service, efficace, qui soulage à la fois le corps et l'âme. Bien sûr, cela demande l'esprit de sacrifice, la charité envers tous, l'oubli de soi, beaucoup d'effort pour faire passer les autres avant soi, et la fidélité à la loi de Dieu. C'est la croix des chrétiens pratiquants authentiques. Celle qui commence par mettre Dieu en premier dans sa vie, au service des autres, avec droiture. Cette croix est celle qui guérit et régénère. Cette croix délivre et donne un sens de plénitude à cette vie. L'autre croix, celle de l'orgueil, finit par étouffer, elle cherche des compensations dans le vinaigre (que Jésus a refusé), Elle rend hostile à tout ce qui est étranger au succès personnel, à l'arrivisme, à l'enflure de ses propres vices. Sous cette croix troublante, on se soulage en s'éloignant chaque fois davantage de Dieu, en contemplant, comme Adam et Ève après le péché originel, sa propre nudité. Son manque radical: « Et qui t'a appris que tu étais nu ? » demande Dieu à Adam... Avec moi, dirait-il, tu étais riche, tu avais tout. Maintenant, tu viens de te détacher de la source de ta richesse, et tu considère ce qui te reste (ta « nudité ») avec fierté, alors que tu as mis de côté tout ce que je t'avais offert. N'as tu pas honte ?

Mais détachés de Dieu, la gloire ne peut être qu'en soi-même, et cela même si on agit pour le bien de tous. On ne le ferait pas sans une possibilité de gloriole. Mince compensation pour cette joie et cette paix qu'on reçoit si abondamment avec Dieu.

Comme Adam, qui attribue si stupidement ce qui s'est passé à sa femme, comme si lui-même n'avait pas voulu lui-aussi du fruit prohibé, l'homme moderne attribue toutes les fautes de la modernité aux hommes et femmes de foi, passés, présents et futurs... Et voilà sans doute une des croix les plus difficiles à porter pour un chrétien. Celle qui est injuste et méchante. Cette croix, on voudrait facilement la rejeter, clamer à l'injustice, qu'on a pas le droit. Les problèmes que les hommes et les femmes de foi vivent actuellement au Québec sont injustes, même si pas totalement immérités: les mariages qui ne marchent plus, les avortement à la pelleté, les écoles chrétiennes où on ne peut même pas enseigner sa foi, le risque réel de l'euthanasie, et les cancans injustes contre une église qu'on ne connaît évidement pas. Tout cela fait souffrir beaucoup, surtout que c'est injustifié. Mais Quelqu'un a souffert, il y a deux millénaires, des châtiments qu'il n'avait pas mérité; on s'est moqué de lui en public, on lui a administré une sérieuse correction (40 coups de fouets) avant de le mettre à mort ... sur une croix.

Il l'a fait pour nous montrer que la croix du chrétien a un sens. Elle exprime un amour extraordinaire envers tous les fils d'Adam, pécheurs. Elle nous dit que Jésus, vrai Dieu et vrai homme a pris sur lui notre misère pour nous en libérer. Elle est aussi une invitation à nous comporter comme lui, devant les injustes agresseurs: aimer et pardonner, sans laisser aller les droits de Dieu. Jésus nous a demandé d'aimer nos ennemis, mais il n'a quand-même pas évité les débats et les affrontements pour la vérité. C'est d'ailleurs à cause d'eux qu'il est mort sur la croix...

Ce qui nous amène à considérer comment prendre notre croix: avec amour pour tous, mais sans éviter de se tenir droit pour Dieu, fiers, de ce Père qui est notre Dieu, même si cela risque de nous créer des ennuis personnels. Cela, Saint Paul l'appelait l'appelait signe de contradiction. Ce que nous sommes prêts à devenir, si nous voulons être « sel » et « lumière », par amour pour Dieu notre Père et pour tous nos frères les hommes.

Le Maître passe et repasse à maintes reprises, très près de nous. Il nous regarde... Et si tu le regardes, si tu l'écoutes, si tu ne le repousses pas, Il t'apprendra à donner un sens surnaturel à chacune de tes actions... Et alors, toi aussi, où que tu te trouves, tu sèmeras la consolation, la paix et la joie. (St Josemaria Escriva, Chemin de croix, no 8.4)


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samedi 6 septembre 2008

23e dimanche du temps ordinaire (a)


Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux.

Voilà une considération qui devrait attirer notre attention sur notre condition humaine sur la terre.
Notre expérience personnelle nous rappelle, hélas, que nous sommes trop souvent seuls. Dans Ana Karenina, Léon Tolstoi ouvre cette oeuvre magistrale en nous rappelant que quand tout va bien, on n'est jamais seul. Mais que les familles qui souffrent, souffrent chacune à sa manière. Et c'est souvent dans la solitude qu'on souffre. Pourquoi ?
Parce que la solitude nous laisse sans recours, que cela soit notre choix (l'orgueil !) ou que nous y soyons amenés malgré nous. L'homme isolé, seul, souffre. C'est pourquoi, quand il définit les oeuvres de charité, le Seigneur cite les prisons et les hôpitaux comme lieux par excellence pour l'imiter dans l'amour. N'a-t-il pas lui-même voulu habiter notre prison en prenant nature humaine? Ne l'a-il pas totalement soulagée en mourant à notre place sur la croix ?
C'est à la résurrection de Jésus que les apôtres sont définitivement délivrés du remords et de la solitude conséquents du péché, celui de leur vie en général, mais plus particulièrement celui d'avoir abandonné Jésus. « Je vous donne ma paix », leur dit-il dans leur première rencontre. Et quelle baume à leur tristesse, et à leur désespoir.
Ce réconfort des apôtres nous est désormais offert, à nous aussi, à travers la prière en commun. Prier en commun ne signifie pas la prière tonnante d'une foule en pèlerinage, ou la récitation d'un chapelet dit rapidement dans l'église en attendant la messe. Jésus dit: Si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quelque chose, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux.
Il s'agit a) de se mettre d'accord pour demander quelque chose (intentions de prière dispersées dans les familles d'une paroisse, ou à l'intérieur d'une famille ou d'un groupe d'amis); b) de le faire d'un commun accord, ensemble, même si on n'est pas tous réunis dans la même place; c) d'avoir un noyau qui assume de mener dans un même endroit, une prière au Père.
Quand ces conditions se réunissent, alors Jésus est au milieu de nous. Pendant des années, les plus vieux d'entre nous s'entendaient dire, tous les soirs, en syntonisant CKAC pour le chapelet avec le cardinal Léger, qu'une famille qui prie est une famille unie. C'était un bon slogan médiatique (on s'en rappelle encore aujourd'hui), mais c'était une réalité sentie dans les familles qui priaient ensemble « Le chapelet en famille ». Aujourd'hui, on regardera peut-être cette coutume avec un léger sourire et un peu de nostalgie, mais, avouons-le, nous revenions tous les soirs au chapelet du cardinal parce que nous y croyions : on se mettait d'accord pour méditer ensemble les intentions du cardinal, et pour prier en Église; en même temps, il y avait union entre nous. Nous étions à tous les égards, une famille qui prie; et puis, le fait de se rassembler tous ensemble autour d'une vraie communauté priante, réunie à la cathédrale basilique de Montréal, renforçait notre unité et la présence réelle des uns donnaient de la force par la communion des saints à ceux qui n'étaient pas là. Tous nous étions une famille qui prie, autour du cardinal, mais dans la présence réelle mystérieuse de Jésus qui se manifeste à nous par la prière.
Aujourd'hui, la prière n'est pas vraiment envisagée pour réunir les familles éloignées, sauver ce qui périt, rassembler toutes les âmes sans égards de classes, ou d'argent. Mais en même temps, nos églises sont presque vides le dimanche. On préfère rester chacun pour soi, seuls... et sans doute, aussi, tristes. Plus rien ne nous réunit. Dans les media, on insiste plus sur ce qui divise que sur ce qui unit. Et puis, le dimanche on a autre chose à faire, pour continuer de meubler notre ennui (travail, épicerie, rencontres sociales ou sportives). Mais où est la prière publique, dans tout cela? Ou est la prière familiale ou papa, maman et les enfants prient ensemble pour demander des faveurs au Seigneur (une meilleure santé pour grand-papa; pour Jean ait du succès dans ses études; que Marie cesse de sucer son pouce....)? Pourrions-nous, à l'occasion, associer nos enfants à la prière du chapelet des adultes, en récitant à deux ou trois, une dizaine, pour qu'ils apprennent sans s'ennuyer? À la fin de la journée, serait-il possible de faire ensemble une petite prière en famille où tout le monde écoute, et participe s'il le veut ?
Car si nous ne le voyons pas, les enfants, eux, verront Jésus au passage, avant d'aller au lit. Ils nous le montreront dans leur simplicité, et nous apprendrons d'eux à imiter la filiation de Jésus envers son Père. Sans oublier que nous leur rendons le grand service d'apprendre à prier comme des enfants de Dieu, et qu'ils ne sont pas seuls, et que nous ne sommes pas seuls.
Quand nous prions ensemble, Jésus est au milieu de nous. Quand nous nous sentons seuls, c'est que nous ne pouvons pas voir Jésus près de nous. Ne restons pas seuls dans nos malheurs. À la messe, au chapelet en famille, et dans les grandes intentions de prières de l'Église, nous pouvons trouver un sens à nous souffrance, et la grande compagnie de celui qui nous aime par-dessus tous: Jésus.

Sois reconnaissant à tes parents de ce qu'ils t'ont donné la vie, afin de pouvoir devenir enfant de Dieu. — Et plus reconnaissant encore si ce premier germe de la foi, de la piété, de ton chemin de chrétien ou de ta vocation, ce sont eux qui l'ont mis dans ton âme. (Saint-Josémaria, Forge, 19)


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Lectures du dimanche 07 septembre 2008

23ème dimanche ordinaire


Première lecture : Ez 33, 7-9 Le prophète est responsable de ses frères

Psaume : Ps 94, 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9 R/ Aujourd'hui, ne fermons pas notre coeur, mais écoutons...

Deuxième lecture : Rm 13, 8-10 « Celui qui aime les autres accomplit la Loi »

Evangile : Mt 18, 15-20 Instructions pour la vie de l'Église. Tout chrétien est responsable de ses frères