Consultez aussi notre section supplémentaire RÉFLEXIONS+PLUS

Rechercher sur ce blogue

lundi 16 mars 2009

La dernière parution de Yves Beauchemin: Renard bleu


Beauchemin, Yves:  Renard Bleu, Montréal, Fides, 2009

Voici le dernier-né d'Yves Beauchemin, un récit s'adressant aux jeunes, et aux jeunes d'esprit. Fidèle à sa signature, Yves Beauchemin nous présente de sympathiques québecois aux prises avec un urgent problème, où amitié et bonne humeur font le contrepoids d'une situation grave et urgente.

Renard Bleu, un renard est né de renards parlants, dans une forêt de la région de Joliette où les animaux parlent. Son père Albert est cammioneur et a beaucoup d'amis et sa mère reste à la tanière à soigner la famille. Tout va bien pour Renard et ses amis un ours et un canard qui connaîtront une famille de fantomes ainsi qu'un squelette, tout aussi sympathiques que sa famille. Arrive une sorcière qui envoie ses parents et sa soeur en côma, et la vie de Renard Bleue est chambardée. Une voisie, Amélie Desjardins l'hébergera dans sa maison, et lui donnera d'amples secopurs pour soigner et délivrer la famille du sort de la sorcière.

Comme toutes les histoires de Beauchemin que je connais, l'intrigue est saugrenue, improbable. Mais c'est l'élément que celui-ci aime prendre pour faire ressortir les bons côtés de ses personnages. Et des bons côtés, il y en a beaucoup. D'abord, les valeurs familiales. Elles sont partout présentes soit dans la famille de Renard Bleu, ou dans la famille que formera pour lui Amélie pendant la maladie de ses parents. Ensuite, dans toutes les pages, l'amitié généreuse. Ses amis animaux et fantômes se donneront généreusement pour aider Renard. Le courage ne manque pas, ni la bonne humeur. Dans les moments difficilles les moments de compassion ne manquent pas non plus.

Le texte est léger (il est écrit pour une population jeune), mais bien tourné. Le style est bon. Presque parlé, c'est un ouvrage qui pourrait servir de lecture de chevet pour les enfants.

Il n'y a qu'une seule ombre, et elle reflète le naturalisme de l'auteur: quelques allusions à mon avis déplacées sur l'amour entre adultes. En deux moments, elle est allusive, et en une occasion elle évoquée pour annoncer la naissance à venir de la petite soeur de Renard Bleu. Voilà des concessions à une certaine forme de curieux voyeurisme qui n'a pas sa place dans cette histoire.

Cela mis à part, le livre est très lisible. Mais je ne le recommande pas à des enfants qui n'ont pas encore une certaine connaissance de la sexualité humaine. Au Québec, cela signifierait un âge d'au moins huit ans, il me semble. À part ces passages, le livre est très recommandable.

Le livre est de lecture très agréable, aussi pour un adulte qui aime Yves Beauchemin ou les livres bien écrits.

samedi 7 mars 2009

Pour méditer (2e dimanche du temps ordinaire, B)


Ce dimanche, l'Église nous présente un grand personnage, Abraham (Gen. 22, 1 ...18). C'est l'exemple de l'homme fidèle. Dieu est à l'origine de toutes ses actions et de tous ses gestes. Il n'y a pas plus droit qu'Abraham, et le Seigneur le lui rend bien.

Mais il lui arrive, comme il nous arrive à tous, que de temps en temps, les plans de Dieu à notre égard sont étranges. En fait, ce qui est demandé d'Abraham est soudainement incompréhensible. Jusqu'à maintenant, Dieu a toujours "honoré" sa parole par ses gestes de bienveillance, mais soudainement, il ne semble plus possible de comprendre ce qu'il veut. Il y a peu, il a donné à Abraham deux enfants, l'un issu de la bonne volonté d'Adam, né de sa servante (ce que Dieu n'avait pas demandé, mais qu'il avait interprété ainsi); l'autre fils, Isaac, est la consolation du patriarche et de son épouse Sara. Or voilà que ce fils qui accomplit les promesses de Dieu et réjouit les vieux jours de ses parents est justement visé par Dieu.


Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l'offriras en sacrifice sur la montagne que je t'indiquerai. Soudainement, tout l'univers d'Abraham pourrait s'effondrer. Il a vécu une grande partie de sa vie à attendre la réalisation de la promesses de Dieu, et alors qu'elles sont enfin en train de se réaliser, Dieu lui demande de renoncer à tout cela.

La réponse d'Abraham nous étonne: Abraham, serein, parce qu'obéissant à Dieu, s'apprête à faire ce que lui demande son Dieu.  On l'imagine le coeur brisé, mais l'auteur sacré n'en parle pas, parce qu'il est prêt à obéir. Arrêtant son bras, Dieu le lui rendra par mille bénédictions.

Par ce geste, on nous enseigne que l'on est parfait que si l'on obéit à Dieu. Nous devons être prêt à sacrifier tout à Dieu, lui qui nous a pourvu de grandes grâces (le baptême, au début), qui nous pourvoit de tant de grâces au  moment présent (la communion et la pénitence sacramentelle presqu'aussi souvent que nous pouvons le désirer), et il nous promet la persévérance finale (le ciel !) si nous lui sommes fidèles, comme Abraham.

Mais Dieu nous demande, pour mériter toutes ces grâces, des éléments de purification personelle. C'est la raison de ce temps de carême. Nous purifier pour enlever les obstacles qui nous rapprocheront de Dieu. Mourir avec le Christ, pour ressusciter avec lui. Il nous demande de mourir à nous-même, en acceptant de  risquer de perdre ce qui nous est le plus cher. Aux jeunes, il demande de disposer de leur vie au service de Dieu. Aux parents de laisser leurs enfants libres de répondre à Dieu. Souvent, le Seigneur nous demandera de sacrifier notre santé, notre travail, notre sécurité pour faire sa volonté, et lorsque finalement nous accepterons, comme le Patriarche, nous découvrirons avec surprise que c'est Dieu qui porte nos souffrances. Durant toute l'histoire du peuple juif, Dieu demandait l'offrande du premier-né, symboliquement, pour demander à chaque chef de famille de signifier à Dieu qu'il est auteur de la vie, comme le sacrifice des prémices de la récolte signifiat que Dieu était l'auteur de la création (la dime, aujourd'hui, est redevable de cette antique tradition).

Dieu accepte le sacrifice des prémices et du premier-né (symboliquement, celui-là) pour montrer, comme pour Abel, qu'il, est content de ses enfants. Mais lorsque le sacrifice est fait, il se substitue à nous et prend sur lui la charge de nos peines et de nos efforts.

Dieu demande à Abraham, le père de la nouvelle humanité, de sacrifier son fils. Mais ayant constaté la réponse favorable de celui-ci, il substitue son Fils unique pour sauver cette nouvelle humanité née d'Abraham.

Admirable échange s'il en est un ! C'est le Fils de Dieu qui substituera le fils d'Abraham pour rendre la réponse d'Abraham parfaitement adéquate aux exigences de Dieu. La plus grande bénédiction de Dieu: il nous a envoyé son propre fils pour nous sauver.