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samedi 31 mars 2007

Homélie du dimanche des Rameaux (c) : "Du jamais vu !"

1. L'évènement rappelé par la fête d'aujourd'hui souligne une première dans la vie de Jésus. Enfin, il a accepté les acclamations de la foule, au lieu de fuir ceux qui disaient de lui qu'il était un grand prophètes et qu'il accomplissait des oeuvres prodigieuses.

Cette fois-ci, c'est l'euphorie autour de Jésus. On l'acclame pour ce qu'il est: le "roi", celui "qui vient au nom du Seigneur". On reconnait sa prépondérance sur les grands de Jérusalem: les pharisiens et les scribes sont désormais insignifiants à côté de Jésus, et certainement le roi Hérode qui ignore tout de la scène en vivant dans sa bulle accompagné de gens plus ou moins dépravés.

La foule s'est exprimée. Les branches d'arbres dans mains, et les vêtements sur le sol soulignent l'approbation populaire, pour qui rien n'est trop beau pour le Messie, l'Oint de Dieu qui passe parmi eux.

2. L'étonnement des "sages" peut sans doute se comparer à celui que nous vivons depuis la dernière élection provinciale: bien que ce soit prévisible, l'entrée triomphale de Jésus dépassait toutes les appréhensions. On se questionne, on s'inquiète, on ne comprend pas. La surprise est totale, surtout que Jésus a toujours évité ce genre de manifestation extérieure.

Ce qui fait donc "jaser" : quoi faire de Jésus? Trop c'est trop. On décide de mettre un terme à cette vague: il doit mourir. C'est le décret du grand prêtre Caïphe, qui se réalisera è la lettre le dimanche suivant.

3. Quel contraste entre l'entrée triomphale et la mort sur la croix. Et pourtant les deux évènements sont liés. l'un semble manifestement mener à l'autre. En effet, l'entrée trimphale amènera la réaction des bien-pensants. Jésus fait du bien. Mais il se dit Fils de Dieu, égal è Dieu. Les foules se laissent entraîner dans cette erreur, donc il faut l'écarter des foules. Nous, nous savons ce qui est vrai. Il faudra même è la rigueur le tuer, "qu'un seul meure pour tout le peuple" plutôt que de laisser le peuple s'égarer.

4. Les scribes, les pharisiens, Pilate, Hérode, et bien d'autres oublient tout le bien fait par Jésus pour le condamner à cause de sa position par rapport à Dieu, qu'il a pourtant réclamée honnêtement en prophétisant, et en ressuscitant plusieurs morts. On se saisira de lui en cachète, on arrachera è Pilate le pire châtiment, plutôt que de revenir sur le fait que Jésus a honnêtement revendiqué pour lui le titre de Fils de Dieu. D'ailleurs, la foule elle-même y croit-elle vraiment?

5. Cette même foule, apparemment, sera celle qui condamnera Jésus à mort. Apparemment. Quelques-uns, des curieux, des agitateurs publiques seront des deux fêtes sans hésitation. Faut-il penser que tous le condamneront à mort? Quelques-uns, oui: Judas est certainement de ce nombre. Il se seront laissé dissuader par le mouvement populaire ou organisé, en écoutant celui qui criait le plus fort. D'autres resteront en arrière (Joseph d'Arimathie, les apôtres après une lâcheté inattendue, ne défendront pas le Maître, mais ne le condamneront pas non plus. D'autres, éloignés de la foule prendront son parti: Jean, Nicodème et Marie. Comme quoi, alors comme aujourd'hui, le Christ fait rarement l'unanimité. Il est plutôt signe de contradiction, comme il l'avait bien prophétisé de lui-même.

6. Mais cela devait arriver pour que la rédemption se fasse. Jésus prendra sur lui notre croix en acceptant que nous soyons tous ses accusateurs: tous sauf Marie. Car si l'on regarde de près, tous ont trahi Jésus: Judas, les grands prêtres, les apôtres, les juifs, les romains, les étrangers à Jérusalem. Tous ont assisté à la mort de Jésus sans réagir. Sauf les saintes femmes, et Marie à leur tête. Jésus s'est laissé porter à la croix par les hommes et femmes assujettis à l'orgueil. On peut certainement dire que c'est l'orgueil de tous les hommes qui l'a cloué èà la croix. Par notre orgueil, le Christ est mort,. Par son humilité et son amour, le Christ nous a sauvés. Mstère de l'iniquité humaine.

7. N'oublions jamais que les rameaux sont déjà des feuilles mortes, même si elles semblent vivantes. Si c'est avec des feuilles mortes, jolies, mais mortes qu'on accueille Jésus, faut-il se surprendre que Jésus meure sur l'arbre de la mort, l'arbre de la croix, celui-là même qui redonnera vie à tous les humains ? Rappelons-nous que par l'humilité et la souffrance accueillie avec amour nous avons la clé de notre salut. Par l'humilité confessons nos péchés; par l'amour, donnons-nous généreusement à ceux qui ont besoin de nous et à Dieu.

samedi 24 mars 2007

Homélie du 5e dimanche de carême (C) : « Va, ne pêche plus ».


1. "Après la pluie le beau temps", ou "Un nuage n'enlève pas le soleil". On pourrait résumer ainsi les conclusions de l'évangile de ce dimanche.

Dans le contexte des conférences de carême, nous sommes rendus à un point important. La rencontre avec Jésus qui pardonne. L'évangile d'aujourd'hui est très expressif sur ce sujet.

2. "Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner" (Jn, 8, 2). Jésus parlait avec autorité, mais aussi avec amabilité. Son regard n'était pas le regard froid des pharisiens ou des scribes, mais celui d'un ami, d'un proche parent. Mais il enseignait. Et ses paroles avaient d'autan plus de portée qu'il le faisait en donnant à chacun de ses disciples une importance personnelle. Pas surprenant qu'il rassemble bientôt tout une foule d'auditeurs qui commencait à délaisser les enseignements de pharisiens et des scribes. Autant Jésus était-il accueillant et bienveillants, autant ses 'adversaires' étaient-ils malveillants et hautains. Nous avons vu dans les deux conférences précédentes ce qui caractérise le regard et l'amitié du chrétien: la contemplation dans l'amour et la disposition à souffrir pour l'autre, ou à tout le moins, de s'oublier pour l'autre. Jésus le faisait d'un point de vue divin et rédempteur. Les scribes et les pharisiens font juste le contraire, mus par leur seul intérêt. Un affrontement s'annonçait, et celui-ci se cristallisera dans l'épisode de l'évangile de ce dimanche.

3. Ne respirant que le mépris et la jalousie envers Jésus, on lui amène
une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? » (Jn, 8, 4-5) Quelle différence entre la bienveillance de Jésus et le zèle méprisant de ces hommes qui ne se soucient guère qu'à appliquer la loi au mépris de la personne de cette femme, coupable bien sûr, d'un vrai délit, mais sans rapport avec la question qui mobilise les scribes. Pendant que Jésus accueille et s'intéresse à ses disciples, les pharisiens n'ont que mépris et discussion à offrir à cette pauvre femme bouleversée. Jésus comprend et excuse, eux méprisent et condamnent. Triste justice humaine qui préfère la justice toute sèche, souvent camouflée sous le nom de 'solidarité' et qui méprise miséricorde et charité.

4. Jésus contemple la scène, et s'appitoie de ce qu'ils ne savent pas aimer. Jésus refuse de regarder (et d'écouter) ces charlatans qui insistent à appliquer la loi de Moïse sans aucune équité.
Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol (Jn, 8, 6). On n'encourage pas ceux qui offensent Dieu et le prochain. Jésus n'a rien à voir avec les hypocrites. Il refuse la communication qui persiste néanmoins. Les traits sur le sol signifient que Jésus ne participe pas à cette parodie de procès. Mais ils insistent... Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. »
Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol.

5. Devant cette provocation née d'un véritable compassion et d'une sagesse exceptionnelle, tous se défilent, tandis que Jésus continue de ratisser le sol du bout d'une branche. Tous demeurent perplexes devant le silence de Jésus: ses disciples, qui sont pris par le dilemme suivant : faut-il sacrifier cette femme à la loi de Moïse ou lui faire grâce par charité ? Les pharisiens et les scribes voient quant à eux qu'il ne peuvent pas soutenir qu'ils sont sans péché, et Jésus peut sans doute réclamer cette vertu pour lui-même. Ils s'éloignent donc, un à la fois, pris à leur propre jeu. Reste la pauvre femme pècheresse qui ne sait trop quoi penser: oui j'ai péché, oui je suis imputable châtiment de la loi de Moïse, mais Dieu sait que si c'était à refaire... Elle réalise l'ampleur de son péché et demande intérieurement pardon au Seigneur.

6. Jésus lève les yeux. Il voit dans les yeux des disciples et de la femme une compassion que les scribes n'avaient pas. Il voit le regret de la femme, et contemple ses dispositions intérieures. Il ajoute alors;
« Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t'a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn, 8, 10-11) Quelques mots qui en disent long sur la miséricorde de Jésus et sur la contrition de la femme. La femme contemple sa vie et Jésus. Dans cette contemplation, l'acte d'amour de Dieu nait, la femme commence une nouveau dialogue qui mènera à sa libération. Et elle recommencera une nouvelle vie où Dieu prendra enfin sa place. La réconciliation amène une vie nouvelle.

7. C'est dans les derniers mots de Jésus que se trouve désormais fixée la nouvelle vie de la femme. "Va, et ne pêche plus". Ne plus pécher. Dans cet avertissement, deux choses apparaissent: Jésus reconnait que la femme a péché, et donc, qu'elle est imputable de la peine que les pharisiens ont proposée. Mais Jésus sait que la femme regrette sa faute, et dans le royaume que Jésus a fondé, l'Église, le pécheur est libéré, s'il désire ne plus pécher. Sur la croix, dans quelques semaines, Jésus prendra sur lui tous les châtiments de la loi mosaïque et de tous les péchés des hommes, et de cette croix jaillira le sang qui purifie et l'eau qui lave (selon les rites juifs). Le sang de l'eucharistie, et l'eau du baptême, qui libèrent non pas de la loi de Moïse ou de la loi de Dieu, mais des peines imparfaites imposées jusque-là dans le peuple de Dieu. Jésus dans sa passion prendra sur lui toutes les fautes avoués par tous les hommes de tous les temps, pour nous apporter une vraie libération, où le pardon exprimé par une vraie douleur, marquée par la ferme résolution de ne plus pécher suffit à redonner la vie en Dieu.

8. Ferme propos de ne plus recommencer. Voilà la condition de la vraie contrition. C'est la ligne de démarcation qui existe entre cette femme assurément pècheresse, et ces homme de loi qui voudraient nous convaincre de leur pureté légale. Eux ne regrettent rien. Ils ont toujours eu raison, et ne veulent rien changer à leur manière d'être. La pècheresse comprend l'offre du Seigneur, et désire l'accueillir. C'est une question de survie, certainement, mais c'est aussi la découverte, pour elle d'un amour nouveau, puissant, et éternel.

9. Le Seigneur nous offre le même pardon. Mais il nous faut changer notre manière d'être, et notre conduite. Le Seigneur ne nous en veut pas d'être pécheurs, mais il attend de nous que nous voulions changer. Avec son aide (quelles grâces il nous réserve), nous sommes pardonnés.

10. Mais le pardon doit être inconditionnel de notre part. Jésus veut que nous nous accusions au ministre désigné pour la pénitence. Ne pas vouloir nous y conformer, c'est mettre un obstacle entre le pardon de Dieu et nous. Nous devenons alors comme ces pharisiens qui pensent savoir, mais qui ne font qu'aggraver leur situation. Jésus apprends-moi, à l'instar de tous les saints, à rechercher ton pardon sans condition, désireux de ne plus accomplir que ta très sainte volonté.


  • L'espérance nous pousse à saisir cette main puissante que Dieu nous tend à tout moment, pour que nous ne perdions pas la perspective surnaturelle, même lorsque nos passions se dressent et nous harcèlent pour nous verrouiller dans le réduit mesquin de notre moi; ou quand, avec une vanité puérile, nous nous plaçons au centre de l'univers. Je vis persuadé que je ne parviendrai à rien sans regarder vers le haut; sans Jésus. Je sais que la force dont j'ai besoin pour me vaincre et pour vaincre naît de la répétition de ce cri: je peux tout en Celui qui me rend fort. Ce cri en appelle à la promesse ferme de Dieu de ne point abandonner ses enfants, si ses enfants ne L'abandonnent pas. (St Josémaria Escriva, Amis de Dieu, n. 213)


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Lectures du dimanche 25 mars 2007
5ème dimanche de Carême

Première lecture : Is 43, 16-21 Promesse du nouvel exode

Psaume : Ps 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 R/ Le Seigneur a fait merveille : nous voici dans la joie

Deuxième lecture : Ph 3, 8-14 Renoncer à tout pour être avec le Christ

Evangile : Jn 8, 1-11 Jésus et la femme adultère : « Va, et ne pèche plus »


vendredi 23 mars 2007

Lettre du Prélat de l'Opus Dei (mars 2008)

À l’occasion du Carême, le prélat de l’Opus Dei invite chacun à réaliser, dans sa vie personnelle, les réajustements nécessaires, avec optimisme, comme on le ferait pour qu’un avion ou un bateau parvienne à sa destination.

2e conférence de Carême 2007: Jésus souffre avec nous

1. Hier, en nous attardant sur la notion de regard, nous avons compris que toute relation humaine fondée commence par un regard. Vous rappelez-vous du Renard et du Petit Prince, qui voulaient s’apprivoiser? Ils se regardaient mutuellement et s’appréciaient. Petit à petit, ils s’approchaient.

2. Toute amitié, tout amour, nous l’avons vu, commence par une certaine contemplation. On se regarde. Avant de dire quelques mots, on parle avec les yeux. Et de là l’aventure d’une vie partagée commence. La vie partagée, ou mieux, la vie commune, ou encore la vie ensemble demande une certaine part de sacrifice, d’abnégation. Sinon, gare aux séparations ou à la violence. Ou bien à l'indifférence, où l'on ne se regarde plus, ou pire encore, où on s'ignore. S'estimer c'est se regarder, s'accepter. C'est le bonheur. Mais vivre ensemble n'est pas facile, et procure quelques fois son lot de souffrance.

3. Habituellement, les souffrances de l'amour viennent de ce qu'on ne se voit mutuellement pas tels qu'on est, ou bien que nos aspirations dans l'amour mutuel sont déçues par des gestes ou des impressions produites par l'autre, qui peuvent provenir d'une mauvaise interprétation des gestes d'autrui. La souffrance intérieure est souvent une conséquence de ces déceptions, qui peuvent être vraies (en ce sens elles sont des réelles déceptions) ou fausses (à ce moment-là elles deviennent des erreurs de jugement de notre part). Souvent, les déceptions et les erreurs cohabitent en nous, et nous devenons désorientés et déçus. C'est l'heure de la croix.

4. Les souffrances intérieures donnent naissance à la tristesse, mère de beaucoup de maux. Encore une fois, on peut souffrir intérieurement de bien des maux, avec ou sans culpabilité, pour des raisons justifiées ou non. Cela reste de la souffrance. Nous sommes tous touchés par ce mal du fait de notre humanité frappée les conséquences du péché originel. En offensant Dieu, Adam et Ève on rejeté l'amour gratuit de Dieu qui allait leur donner l'équilibre en tout. Et dès lors, l'amitié s'est transformée en compétition, l'amour en recherche de reconnaissance, le don en faveurs méritées. Et de là, combien de souffrances.

5. Elles sont présentes partout dans l'histoire. Joseph est vendu par ses frères car ceux-ci ne lui pardonnent pas qu'ils soit traité différemment d'eux. Les jalousies engendrent les guerres, même au sein du peuple choisi. Saül n'accepte pas l'amitié de David, qu'il considère comme un possible usurpateur. David, qui s'est épris de la femme d'Urie envoie celui-ci sur le front, pour pouvoir l'épouser, car elle est enceinte de l'adultère qu'il a provoqué. Les prophètes qui demandent un changement de vie à Israël sont poursuivis et mis à mort par ceux qu'ils cherchent è aider. Tout cela parce qu'on ne se respecte plus, qu'on arrive pas à se comprendre.

6. Ce qui donne lieu à d'autres maux: la solitude (on se retire), l'abandon (on nous a laissé, on ne nous regarde plus), ou encore la rupture. Là où il y avait de la vie, et de la joie, il ne reste que pleurs et angoisse. L'absence est d'autant plus difficile à endurer qu'on n'en arrive pas là par sa faute, qu'on est innocent. La solitude est souvent une des plus grandes angoisses.

7. D'autres souffrances sont ne sont la faute de personne. On n'en souffre pas moins pour autant. Une mort subite, une maladie pénible, les incompréhensions incontrôlables... Ici, une question revient toujours: "Pourquoi moi?" Et vraiment, il n'est pas de véritable réponse à cette question.

8. Qu'on souffre dans son corps, ou qu'on souffre dans son âme, on est malheureux. On vit dans un monde où tout le monde souffre, au point où généralement, on pense souvent souufrir plus que les autres.

9. Mais il y a des exceptions. Ce sont les saints. Ceux-ci ne conçoivent pas la souffrance comme ceux qui ne voient que l'horizon de leur vie. Ils semblent voir autre chose. Quelque chose qui ne se voit pas. Et c'est vrai, car les saints sont contemplatifs, ils regardent Dieu. Ils aiment Dieu, car leur perception des faits est illuminée par la bonté de Dieu. Ils souffrent, et ils ne souffrent pas. Là où d'autres voient la souffrance te la mort, il voient l'amour et la résurrection. Pour les premiers, l'automne de la vie est une saison de mort, pour les autres, c'est un moment de joie, malgré les douleurs et les souffrances. 10. Les saints contemplent Dieu dans la souffrance. Ste Thérèse de Jésus soupirait de voir le Seigneur, même quand son imagination souffrante lui faisait redouter le moment de la mort. Saint Josémaria attendait la mort avec une vraie joie, offrant cependant le renoncement de ne plus être avec les siens pour la vie de l'Église. Il en avait offert sa vie. Pour lui, partir vers le Père n'était, disait-il, qu'un "au revoir". Saint Paul se demandait s'il fallait désirer mourir ou vivre, et ne voulait reste ici-bas que pour être un support pour les communautés naissantes qu'il avait collaboré à fonder. Vivre ou VIVRE.

11. Tous les saints ont puisé leurs forces dans l'exemple de Jésus, qui s'est fait homme pour nous sauver (Phil;. 2, 8). Comment est Jésus dans sa passion? D'abord, fort et tout-puissant. Il peut par ses paroles faire tomber ses auditeurs de stupeur (Jn, 18, 6). Mais il est aussi attentionné pour ses disciples, à qui il confie l'Eucharistie comme sacrement de la nouvelle alliance. Mais il souffre et cruellement. Il le voulait (par amour pour nous); il le devait (par amour pour son Père).

  • De quoi Jésus a-t-il souffert ? Ecoutons Saint Thomas: Car la passion du Christ nous fournit un modèle valable pour toute notre vie. En effet, celui qui veut mener la vie parfaite n'a rien d'autre à faire qu'à mépriser ce que le Christ a méprisé sur la croix et à désirer ce que le Christ a désiré. Car aucun exemple de vertu n'est absent de la croix. Si tu cherches un exemple de charité: Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. C'est ce que le Christ a fait sur la croix. Et par conséquent, s'il a donné sa vie pour nous, il ne doit pas être trop dur de supporter n'importe quel mal pour lui. - Si tu cherches la patience, c'est sur la croix qu'on la trouve au maximum. En effet la patience est grande pour deux motifs: ou bien lorsqu'on souffre patiemment de grands maux, ou bien lorsqu'on souffre des maux qu'on aurait pu éviter, et que l'on n'évite pas. Or le Christ a souffert de grands maux sur la croix, et avec patience, puisque couvert d'insultes il ne menaçait pas; comme une brebis conduite à l'abattoir, il n'ouvrait pas la bouche. Elle est donc grande, la patience du Christ sur la croix: Par la patience, courons au combat qui nous est proposé, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l'humiliation de la croix. Si tu cherches un exemple d'humilité, regarde le crucifié. Car un Dieu a voulu être jugé sous Ponce Pilate, et mouir. - Si tu cherches un exemple d'obéissance, tu n'as qu'à suivre celui qui s'est fait obéissant au Père jusqu'à la mort: De même que la faute commise par un seul, c'est-à-dire Adam, a rendu tous les hommes pécheurs, de même tous deviendront justes par l'obéissance d'un seul. Si tu cherches un exemple de mépris pour les biens terrestres, tu n'as qu'à suivre celui qui est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance; sur la croix, il est nu, tourné en dérision, couvert de crachats, frappé, couronnéd'épines, enfin abreuvé de fiel et de vinaigre. Ne sois donc pas attaché aux vêtements et aux richesses, car ils se sont partagé mes habits; ni aux honneurs, car j'ai subi les moqueries et les coups ; ni aux dignités car, tressant une couronne d'épines, ils l'ont enfoncée sur ma tête; ni aux plaisirs car, dans ma soif, ils m'ont abreuvé de vinaigre.
12. Jésus a souffert par amour. Benoit XVI disait récemment qu'il a transformé la signification de la souffrance, en lui donnant un sens nouveau, en la remplissant d'amour et d'espérance. En regardant son Père, il nous voit, sous le joug du péché. Il n'hésite pas à se donner à nous par amour pour son Père qui nous montrer son amour gratuit, malgré nos offenses, et en même temps, il se donne à nous pour nous délivrer du mal et nous donner l'espérance d'un monde plus beau.

jeudi 22 mars 2007

Première conférence de Carême 2007: Le regard des hommes et le regard de Dieu

Le thème du Carême, pour Benoît XVI reprend une parole de l'évangile de Jean (19, 37). Jésus est sur la croix, mort, et le narrateur montre comment s'accomplissent les prophéties sur le Messie. Ils le regarderont brisé par la mort, la douleur, la haine, mais plein de la puissance de la miséricorde.


Aujourd'hui, c'est par le regard des hommes que nous commencerons cette réflexion.

1. "Dernièrement, qu'est-ce que vous avez regardé ?". Question fréquente à laquelle nous serons portés à répondre par un titre de film ou le nom d'un programme de télévision. Mais c'est une réponse d'adulte, et certainement une réponse superficielle. Pensez-y un peu. Vous avez certainement regardé autre chose, hier ou aujourd'hui. Quel a été votre premier regard ce matin ? Celui de votre conjoint, ou, peut-être, celui que vous a reflété le miroir. Un regard fatigué qui s'apprêtait à se transformer, à s'améliorer. Logiquement, à la toute première heure de la journée, au retour des songes, il faut revenir à la réalité, et c'est notre entourage qui nous y aide. Ce n'est pas une image, ou une série d'images qui nous reconditionne, mais notre retour à la réalité, qui nous interpelle. Regarder, de cette manière signifie revenir au vrai.

Cela est remarquable dans le cas des personnes qui ont besoin d'une bonne vue pour travailler: le pilote, le chauffeur, le photographe ont besoin de leurs yeux pour appréhender le vrai... Et malheur à celui qui appréhende autre chose que le vrai, il sera ou dément, ou malade, ou menteur. Regarder, c'est accueillir le vrai, ou s'y confronter.

2. Regarder est une expérience universelle. Les enfants s'y adonnent avant même de commencer à parler. D'ailleurs, pour eux c'est déjà un langage. Regarder N'est certainement pas une recherche de la vérité philosophique, mais tous les enfants reconnaissent d'un coup d'œil une bonté authentique. Après avoir vu leur maman, ils la nomment et la reconnaissent...

3. Les animaux, cependant, pour intelligents ou sympathiques, ne regardent pas comme les enfants. On les apprécie, on les aime; ils peuvent combler nos besoins d'affection, nous faire de la compagnie, mais ils ne voient pas le monde comme nous, car ils ne font que l'utiliser, ils n'en sont pas maitres, même quand ils sont féroces, car ils ne le connaissent pas vraiment. Pour eux le monde n'est que ce à quoi il leur sert, et rien de plus. Pas de haine réelle, pas d'amour non plus. Les animaux connaissent certains aspects du réel, mais pas sa vérité. Car ils sont incapables d'en saisir tout la réalité. Ils sont confrontés au monde, sans en connaitre toute la réalité. Ce que les enfants arrivent assez tôt à faire dans leur développement personnel.

4. En d’autres occasions, regarder c’est apprécier. Apprécier la gentillesse d’un passant, lire les sentiments dans les yeux de la personne aimée, dire merci, rendre quelque chose qui nous a été donné gratuitement. Ce regard est habituellement le commencement ou l’aboutissement d’une intimité habituellement saine, mais quelques fois feinte. On peut quelques fois se laisser prendre par le regard de l’hypocrite, mais une personne suffisamment expérimentée dans les relations humaines s’y laisse difficilement prendre. Le regard franc et sincère ne trompe jamais.

5. Bien que regarder soit une nécessité biologique pour communiquer au niveau le plus élémentaire, (les animaux regardent à leur manière; les enfants regardent avent de parler) regarder a toute sa grandeur quand il nous permet de partager des univers : avec des amis, des maîtres, des collègues. Regarder exprime l’humanité d’une personne, même s’il regarde ce qui est prohibé (convoitise) ou ce qui est dangereux (le soleil). Regarder est souvent une preuve d’intelligence ou d’intérêt. L’homme de science doit regarder, l’ami se doit d’observer.

6. En somme, n’est pleinement humain que celui qui regarde attentivement.

7. Mais Dieu nous regarde aussi. Au moment de la création, il « vit » que cela était bon. Il a regardé Adam au Paradis, après la faute originelle, et Jésus, du haut de la croix, n’a-t-il pas prononcé cette prière pour ceux qu’il voyait pour la dernière fois : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc, 23, 34).

8. Jésus, qui était homme, regardait comme nous. Dans les premiers jours de sa vie, son regard a croisé celui de Marie et de Joseph. Il les a aimés, même avant de les voir, comme quoi son regard devait déjà être chargé d’amour. Plus tard, il a vu le disciple qui l’aimait. Il lui demande : « Seigneur, où demeures-tu? » Réponse : « Venez et voyez » (Jn 1, 40). Et l’évangéliste commente qu’ils ont passé le reste de la journée avec lui. Jésus regarde le jeune riche et lui souhaite ce qu’il y a de mieux : « un trésor sur la terre » (Mat 19, 21).

9. Jésus regarde aussi les pécheurs, qu’il est venu sauver. Mais il refuse de regarder les hypocrites. Quand la femme surprise en flagrant délit d’adultère et présentée à Jésus, pour l’embêter (on n’a que faire de cette pauvre femme), Jésus les regarde durement, les condamne, et détourne son regard d’eux. Il écrit sur le sable, pendant que les lâches retournent piteusement d’où ils viennent (Jn, 8, 9-9). Saint Jean continue en disant « S’étant relevé, ne voyant personne que la femme… ». Elle, la pécheresse, Jésus la regarde. Il lui donne tout son temps. Elle, embarrassée, regrette sa faute. Lui, il lui pardonne par ces mots : « Personne ne t’as condamnée… ? –Personne Seigneur. Moi non plus, je ne te condamne pas. Va désormais, et ne pêche plus ». Voilà dit, d’une façon magistrale comment Jésus nous aime, malgré nos défauts, quand nous avons le cœur contrit. Un regard semblable fut porté à un autre pécheur dans une autre page de l’Évangile : Pierre venait de renier son maître trois fois. Rien apparemment ne se produisit, mais traversant la cour, Pierre croisa le regard de Jésus, qui « se tourna et le regarda » (Lc 22, 61). Ce regard particulier remit Pierre en contact avec la réalité, et il en pleura.

10. Que dire ensuite du regard de Jésus ressuscité ? « Le soir de la résurrection, toutes portes étant closes », Jésus visite ses apôtres. En lui, aucune haine, aucun dépit. Se mots sont des mots d’accueil, de miséricorde. »La paix soit avec vous » (Jn 20, 21). Il pardonne. Voilà le regard du Dieu fait homme ressuscité des morts. Un regard de pardon.

11. Jésus, comment te regardons-nous ? Somme-nous comme des animaux, ou des consommateurs, qui regardent ce qui leur est utile ? Sommes –nous comme des travailleurs qui recherchent l’utilité dans tout ce qu’ils voient, et qui, n’en trouvant pas en toi, t’oublient rapidement jusqu’à la prochaine nécessité ? Est-il possible que je te regarde comme ces pharisiens qui voulaient te nuire en condamnant sans raison une pauvre femme adultère? Ou est-ce que je te vois comme ces accusateurs, près de Pilate, et qui, le cœur endurci crient : « Crucifie-le ». Ou encore suis-je un autre Pierre qui fuit ton regard pour ne pas te défendre publiquement ? Ai-je oublié que tu es venu me donner la paix?

12. Regarder est propre à l’homme… et propre à Dieu. C’est sans doute lorsqu’il commence à regarder son Dieu que l’homme devient plus humain. Et qu’il pourra mieux comprendre les besoins des siens, mieux les regarder. Le secret du regard est la contemplation : deux amoureux se contemplent; un enfant contemple sa mère, et sa mère le contemple; deux vieux époux, en se regardant, contemplent leur vie. Seigneur, que puis-je apprendre en contemplant tes souffrances?

13. Ce que les époux ont contemplé dans le visage de l’autre : l’amour. Ton côté transpercé nous rappelle que tu as souffert pour nous libérer; que tu as redéfini le sens de la souffrance en l’assumant dans ton amour infini. Et ton visage de ressuscité, transfiguré par ton amour me rappelle combien tu m’as aimé. Seigneur apprend moi à te regarder, apprends-moi à te contempler. Apprends-moi à découvrir l’amour qui te meut dans la paix.

14. Ton regard m’apprendra à voir les autres avec patience, miséricorde, intérêt et zèle. Tu m’apprendras à aimer. Et à pardonner.

N'oublie pas, mon ami, que nous sommes des enfants. Marie, la Dame au doux nom, est en prière.

Toi, tu es dans cette maison tout ce que tu voudras: un ami, un serviteur, un curieux, un voisin... — Quant à moi, je n'ose pas être quoi que ce soit en ce moment. Caché derrière toi, je contemple la scène, ébloui:

L'Archange transmet son message... Quomodo fiet istud, quoniam virum non cognosco ? — Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d'homme ? (Lc 1, 34).

La voix de notre Mère ramène à ma mémoire, par contraste, toutes les impuretés des hommes..., les miennes aussi:

Et combien je hais alors les misérables bassesses de la terre!... Quelles résolutions!

(Tiré de Saint Josémaria Escriva, Saint Rosaire, 1ère dizaines, mystères joyeux)

A peine Jésus s'est-Il relevé de sa première chute qu'Il rencontre sa Très Sainte Mère, au bord du chemin où Il passe.

Avec un amour immense, Marie regarde Jésus et Jésus regarde sa Mère; leurs regards se croisent, et chaque coeur déverse sa propre douleur dans le coeur de l'autre. L'âme de Marie est plongée dans l'amertume, dans l'amertume de Jésus-Christ.

O vous, qui passez par le chemin, considérez et voyez s'il est douleur pareille à ma douleur! (Lm 1, 12).

Mais personne ne se rend compte de rien; personne ne fait attention; personne, sauf Jésus.

(Tiré de Saint Josémaria Escriva, Chemin de Croix, 4e station)

mardi 20 mars 2007

Ma photo de la semaine

Pointe Claire vue de la Baie de Valois.



Un beau retour de l'hiver.

dimanche 18 mars 2007

Homélie du 4e dimanche de Carême (C) : Dieu est bon et patient..


1. Dieu est bon. Voilà une affirmation qui risque de passer pour une lapalissade. Car enfin, Dieu peut-il être autre chose que bon ? Apparemment, non.

Mais il est bien des gens qui ne jureraient pas de cette vérité. Ils reprennent souvent le cri déchirant de Jésus sur la croix. "Mon Père, pourquoi m'as-tu abandonné?" (Mt 27, 48) Mais au contraire de Jésus, ils ne remettent pas leur vie entre ses mains. On croirait même qu'ils la retirent. Jésus se sentait abandonné (c'était là le supplice de la croix: tout perdre, à commencer par ses amis. Et sa santé, et le respect, et l'admiration des foules). Seulement trois clous qui le fixaient à la croix. Rien d'autre. Mais il se savait accompagné de la fidélité de Jean, l'apôtre qui à la croix lui rendait bien son amour, de l'affection de sa Mère, qui lui avait sa vie durant prodigué tous les soins possible de la Fille de Sion. Mais Jésus savait que ses souffrances étaient agrées par son Père, qui l'aimait, et l'aimait plus que n'importe quel Père de la terre, d'une affection plus grande que celle de la Mère la meilleure, et d'une fidélité plus grande qu'aucun ami de Jésus ne saurait lui témoigner. Dans le dépouillement de la croix, Jésus dans les mains de son Père est plus riche qu'il ne l'avait été avant le sacrifice de sa vie humaine.

2. La modernité préfère le héros romantique, solitaire, seul, abandonné au désespoir, dépouillé de manière absurde à cause d'un amour frustré, ou d'une cause perdue. Dans cette situation, il a tout perdu, à part "l'honneur", qui me semble une bien maigre compensation. D'une certaine façon. le héros moderne se complait dans sa solitude absurde. C'est que l'homme moderne est trop souvent quelqu'un qui a choisit d'être seul pour son malheur ou son bonheur. Pauvre modernité qui, telle un enfant abandonné, cherche la complaisance dans la solitude.

3. La lecture de la parabole de l'évangile d'aujourd'hui nous présente sinon un héros moderne, à tout le moins, un être seul, par choix, et qui, par sa propre décision, choisira de rester seul: "Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : 'Père, donne-moi la part d'héritage qui me revient.' Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre." Le jeune homme ne semble pas malheureux: son père est riche. Il peut lui donner de tout, et l'entretenir grassement. Il a des serviteurs, des musiciens, des animaux. Mais le jeune veut être indépendant, "vivre sa vie", comme on dit. Il la vivra indépendamment de son Père, mais grâce à lui. Et malgré cette terrible ingratitude, son Père le laisse aller.

C'est le drame de notre âge: Dieu nous a tout donné, sans lui nous sommes déchus, et nous voulons quand même vivre sans lui, plus heureux dans notre malheur que dans son bonheur.

C'est que nous avons des yeux pour ne voir que ce que nous voulons.

4. Après la griserie de l'apparente liberté que lui procure l'indépendance face à son Père, le fils se retrouve dans le besoin. Tant qu'il a eu les biens qui appartenaient de droit à son Père, il mène une belle vie. Mais les recours finissent par se faire rares, et de lui-même, il est incapable de rien faire. Il est réduit à la mendicité et à la faim. Pauvre enfant, qui, hier encore si riche, est désormais si pauvre.

Ce qui nous apparait comme une sottise ne lui saute pas aux yeux. Il ne connait que sa faim, et ignore la peine de son père qui s'inquiète continuellement de lui. Il ne pense qu'à sa honte, qu'à son inconfort et à sa faim. Il ne regrette pas la vie qu'il a menée, ni la peine faite à son père. En ce moment, il voit que son inconfort. Il a toujours vécu imbu de lui-même, maintenant il souffre, imbu de lui-même, incapable de penser que son père l'aime.

Nous vivons souvent à crédit sur le compte de Dieu. "En lui nous nousvivons, nous nous mouvons et nous sommes" (Actes, 17, 28 ). Mais Lui, nous l'ignorons. Souvent même, nous l'accusons de nos torts, de nos souffrances, comme si c'était lui qui nous avait donné l'humiliation. Or c'est sans doute là la plus grande victoire de Satan sur la modernité: dans notre société, il n'est pas rare d'entendre des gens dire qu'un Dieu qui laisse mourir des enfants de faim, qui permet l'inceste, ou la maladie, ce Dieu n'est pas bon. Celui qui pense ainsi s'est fait offrir des lunettes noires par Satan, et les porte sans s'en rendre compte. Dieu ne permet pas l'inceste, c'est le tentateur qui pousse des personnes à cela. La mauvaise répartition des biens n'est pas la faute de Dieu: les biens sont à la disposition de tous. Mais ce sont les hommes mauvais, tenté d'égoïsme ou de recherche de pouvoir qui refusent de les distribuer à tous, ou de les garder pour soi. Mes maladies, le sida, les MTS sont autant de maux qui viennent non d'un père qui ne nous aime pas, mais d'une humanité souffrante qui ne réussit pas toujours à vouloir se donner pour guérir, ou se retenir pour éviter une dispersion du mal.

Cela vient-il de Dieu. Non, des humains qui peinent à rendre le bien pour le mal. Dieu est-il à blâmer? Non. Il attend, patiemment que nous revenions à lui lorsque nous serons fatigués de contribuer péniblement au mal. Dieu sait attendre.

Mais Satan s'empresse de lancer la faute à Dieu, et à faire passer la facture de ses méfaits à Dieu Père. L'homme moderne se révolte contre un Dieu qui est méchant avec lui. Mais en toute justice, c'est contre le Père du mensonge qu'il devrait s'en prendre. C'est lui qui est derrière l'inceste, le sida et les MTS, si le sujet ne se résout pas à prendre ses responsabilités morales. C'est lui qui déforme la souffrance, porte de la croix du Christ, en un véritable scandale. C'est lui qui accuse Dieu d'être méchant, quand nous-mêmes commettons volontairement le mal, et que Dieu nous attend patiemment, fou d'amour pour nous.

En fait, celui, celle qui accuse Dieu de tous ses méfaits devrait chercher à voir
en soi s'il est lui-même responsable, et si celui qu'il appelle Dieu n'est pas simplement Satan qui ne serait pas mécontent de passer pour Dieu de qui il est fondamentalement jaloux.

5. La patience de Dieu porte fruit. Reconnaissant la bonté et la justice de son père envers ceux qui l'entourent, il reconnait que seul, il n'arrivera à rien, lui qui avait été préparé pour de grandes entreprises avec son Père.
'Tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Prends-moi comme l'un de tes ouvriers.' Il partit donc pour aller chez son père. Il entreprend le retour honteux et malheureux d'avoir si mal géré sa vie, et d'avoir perdu pour toujours ce qui faisait de lui ce qu'il avait été: un fils libre au sein d'une maison paternelle pleine de joie. Maintenant, il est pauvre, et seul, sans joie.

Ce qu'il ne sait pas, c'est que la rupture qu'il pensait définitive n'était en fait que de son côté. Son père l'aimait, et savait que cette aventure finirait par rappeler le fils à la raison. Il était patient, et de sa part, il avait, depuis le premier jour, pardonné à sons fils. Il souffrait autant, plus que son fils, de cette séparation. Tous les jours, il marchait plusieurs kilomètres en direction de son fils, certain qu'un jour il l'y retrouverait. Et c'est ce qui arriva.

Le pardon du Père fut inconditionnel, d'autant plus beau que lui-même avait souffert plus de la séparation que son fils. Aussi le retour fut-il une grande fête.

Cette histoire est l'histoire de chacun de nous. Nous nous éloignons, mais Dieu nous attend. Il sait que nous reviendrons, mais entretemps, nous souffrirons d'ingratitude et de haine, influencés par le démon tentateur. Lui, il attend, en souffrant la croix de son fils conscient que c'est avec lui que nous deviendrons tous ses enfants. Demandons à Dieu le vrai don de la conversion. N'attendons pas que rongés de dépit et d'angoisse, ou du désir de retrouver une ressemblance de paix, nous commencerons à retourner vers lui, honteux et perplexes. Le pardon de Dieu est inconditionnel et total. Il ne demande de nous qu'un peu d'amour et d'humilité pour reprendre notre chemin vers la sainteté. Accourons joyeusement au sacrement de la réconciliation en ce temps qui reste avant Pâques.


  • Quoi qu'il arrive, en avant ! Serre avec force le bras du Seigneur et considère que Dieu ne perd point de bataille. Si, pour un motif quelconque, tu t'éloignes de Lui, il te faut réagir avec humilité: commencer et recommencer, te conduire en fils prodigue tous les jours et même à plusieurs reprises au long d'une même journée. Il te faut redresser ton coeur contrit dans la confession. Cette confession qui est un authentique miracle de l'Amour de Dieu. Le Seigneur lave ton âme dans ce sacrement merveilleux; Il t'inonde de joie et de force pour que tu ne défailles pas dans ta lutte et que tu reviennes inlassablement à Dieu, quand bien même tout te semblerait obscur. (St Josémaria Escriva, Amis de Dieu, n. 214)
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Lectures du dimanche 18 mars 2007
4ème dimanche de Carême

Première lecture : Jos 5, 10-12 L'arrivée en Terre Promise et la célébration de la Pâque

Psaume : Ps 33, 2-3, 4-5, 6-7 R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur

Deuxième lecture : 2Co 5, 17-21 Réconciliés avec Dieu par le Christ

Evangile : Lc 15, 1-3.11-32 Parabole du père et de ses deux fils





jeudi 15 mars 2007

Le brouillard d'hier soir:

mercredi 14 mars 2007

Un texte remarquable de Benoit XVI


Hier a été présenté par Benoit XVI une exhortation post-synodale sur l'Eucharistie appellée SACRAMENTUM CARITATIS, traduisible en français par Mystère d'amour. J'ai commencé à le lire et ce que je peux en dire:
(par exemple)

  • C'est un excellent traité sur l'Eucharistie, don de Dieu aux fidèles. La théologie eucharistique d'un point de vue trinitaire et ecclésial.
  • L'eucharistie et les sept sacrements: ici sont abordés les questions délicates de la participation de l'Eucharistie en parallèle avec les autres sacrements (baptême, mariage et divorce, ordre) .
Le ton est serein, et engageant. Très intéressant.

Lecture fortement recommandée.

Lien: Sacramentum caritatis

lundi 12 mars 2007

Ma sortie d'aujourd'hui: une découverte: le paraplan

Beau de voir les autres le faire... Vu à Pointe-Claire, près du quai, à côté de l'église Saint-Joachim.... Cool !

D'autres photos au lien suivant: http://picasaweb.google.ca/d.st.maurice/2007PointeClaireMars

vendredi 9 mars 2007

HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE CARÊME (c): Le nom de Dieu.


1. Nous nous émouvons toujours de voir comment Dieu s’approche de nous, comment il tient à se faire connaître de chacun de nous. La semaine dernière, Abraham découvrait un père en lui. Aujourd’hui, à Moïse, il se présente sous le nom le plus mystérieux qui soit : « Je suis celui qui suis. Tu parleras ainsi aux fils d'Israël :'Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est : JE-SUIS.' ». On ne peut pas reprocher à Moïse d’inventer des choses. S’il voulait semer ses disciples, c’était le meilleur moyen pour le faire.

Dans le cas actuel, Dieu se présente comme un être intelligent et plein de vie. Il commande à Moïse (« celui qui m’envoie... »). Il reçoit des instructions précises, mais qui comme pour Abraham, demandent une foi entière. Dieu continue d’aimer les descendants d’Abraham (« J’ai vu la misère de mon peuple... Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter ... vers une terre spacieuse et fertile ». Mais son peuple n’a pas la même spontanéité qu’Abraham. Même Moïse n’a pas cette intimité filiale, cette confidence qu’avait Abraham avec Dieu son Père. Moïse nous ressemble davantage qu’à Abraham. Nous nous sommes un peu éloignés de Dieu, même si Dieu ne s’est jamais éloigné de nous.

Dieu doit parler un peu plus à l’esprit qu’au cœur, puisque celui-ci accepte moins spontanément la foi. C’est la raison pour laquelle il se présente sous le nom de « JE-SUIS ».

La première question qui se pose à notre esprit, comme à l’esprit de Moïse, c’est « Je suis … quoi? ». Le Seigneur ne répond pas mais se contente d’ajouter « Celui qui suis » ou « celui qui est » selon les interprétations courantes. Sommes-nous avancés? Oui, car Dieu est hors de nos catégories. Il est Père, mais pas comme nos parents qui sont parents. Il est Père car il est… Car il dépasse la créature, car il est Dieu. Ce qu’Abraham a saisi par intuitions et merveilles (la bonté de Dieu et le feu qui s’allume tout seul), Moïse le comprend par l’intelligence et l’émerveillement d’un feu qui brûle sans consumer. À la dimension affective de la foi d’Abraham, Dieu ajoute l’intelligibilité de la science de Moïse. Dieu est Père, et il est intelligence, au-dessus de la paternité et de l’intelligence humaine. Il est le Dieu d’Abraham et de Moïse

2. Saint Paul rappelle la protection spéciale de Dieu à la sortie du pays d’Égypte. Au sujet des dons de Dieu au peuple Hébreux, Saint Paul rappelle le don spirituel que Dieu a fait à son peuple, à travers Moïse : « tous, ils ont mangé la même nourriture, qui était spirituelle ; tous, ils ont bu à la même source, qui était spirituelle ; car ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher, c'était déjà le Christ. ». À Moïse, Dieu qui se révèle comme celui qui est est aussi le Rocher qui donne la force, l’Intelligence qui se donne à connaître et le Père d’Abraham qui se laisse aimer.

Le drame, toujours selon Saint Paul, c’est que « la plupart n'ont fait que déplaire à Dieu, et ils sont tombés au désert » . Voilà la vérité. Abraham qui avait tant reçu de Dieu avec si peu de preuves, obéit par pur amour. Moïse et les juifs ont recu la force et l’intelligence de ce Père et n’ont touitefois pas su obéir avec cœur… « Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu'il fasse attention à ne pas tomber ».

Voilà l’ingratitude de notre cœur. Dieu nous prévient par Saint Paul : Celui qui se croit solide, attention ! il peut tomber. C’est là le sens profond de notre condition de pécheurs : refuser la force, l’intelligence et l’amour d’un vrai Père, pour adorer sa propre personne, quand ce n’est pas un veau d’or.

3. Évidemment, devant le refus du don de Dieu, et en oubliant l’amour parfait du Père, on prête facilement à Dieu l’intention de nous punir. Or, rien de plus faux. Jésus le dit lui-même : ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien non, je vous le dis ».

Dieu ne punit pas directement. La nature humaine est suffisamment punie par la nature déchue et le déluge. Aussi Dieu nous a-il promis de ne plus nous chercher querelle. Mais Jésus ajoute cependant : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ».

Jésus ne promet pas une punition, mais il souligne, comme Saint Paul, que l’orgueilleux qui refuse l’amour de Dieu signe lui même sa condamnation, en se coupant du ‘cordon ombilical’ qui le relie à son père qui est aussi mère.

Dieu est patient : il nous veut heureux, et nous donne toutes les chances. Mais jamais il ne nous forcera à faire le bien malgré nous. Certainement, si nous nous coupons des sources de la Vie, nous mourrons sans amour. Et alors, notre situation est aussi désespérée que ceux sur qui est tombée la tour. À la différence que les innocents ne seront pas châtiés dans la vie éternelle, tandis que les méchants, oui.

Dieu n’est pas pressé, il sait attendre. Mais il ne force pas l’issue. Mais il nous laisse libre. Profitons du chemin de la réconciliation qui nous est toujours disponible. En ce Carême, n’hésitons pas à faire pénitence, et à faire usage du sacrement de la réconciliation.

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Lectures du dimanche 11 mars 2007
3ème dimanche de Carême

Première lecture : Ex 3, 1-8a.10.13-15 Le Dieu Sauveur se révèle à Moïse

Psaume : Ps 102, 1-2, 3-4, 6-7, 8.11 R/ Le Seigneur est tendresse et pitié

Deuxième lecture : 1Co 10, 1-6.10-12 Les leçons de l'exode : appel à la conversion

Evangile : Lc 13, 1-9 Sans cesse, Dieu nous invite à nous convertir



Une prise de parole du Cardinal Ouellet

Église Saint Raphaël (Ile-Bizard)


Voici un intéressant article apparu dans "Le Soleil" du 4 mars dernier. Un ami me l'a aimablement refilé. Un cadeau comme cela, ça se partage.

LIBERTÉ RELIGIEUSE SANS LIBERTÉ DE CHOIX ?

Par M. le Cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec

L’État québécois a décidé de maintenir un enseignement religieux à l'école sous la forme d'un cours d'éthique et de culture religieuse, ce que je ne conteste pas malgré le relativisme inhérent à une telle présentation. Je conteste cependant que, contrairement à la pratique de beaucoup d'autres pays, on impose ce programme tous azimuts, comme si c'était une formule gagnante longuement éprouvée, alors qu'elle n'existe nulle part.

En regard de la tradition culturelle québécoise, configurée par des institutions d'inspiration chrétienne et profondément redevable à la contribution de l’Église catholique, cette décision gouvernementale apparaît comme une mainmise excessive dans le domaine vital de la liberté religieuse. Peut-on faire fi de la volonté populaire maintes fois exprimée, et abandonner un régime de liberté de choix en matière d'enseignement religieux au profit d'une pensée unique, obligatoire pour tous, sans mécanisme d'exemption et sans modulation particulière sur tout le territoire du Québec ?

RUPTURE DU PARTENARIAT

L’Église et l'État ont très souvent été partenaires au Québec, au service de la même population, avec un sens concret, réaliste et pacifique des aménagements raisonnables à l'école. La nouvelle loi marque une rupture et menace par conséquent le vivre ensemble dans une société en profonde crise identitaire. N'est-il pas nécessaire de trouver l'équilibre dans un nouveau partenariat qui inclurait les droits des parents et les besoins des autres églises et groupes religieux? Ce partenariat doit viser 1e respect de la liberté religieuse autant que le droit à l'égalité des citoyens.

La réforme prévue pour septembre 2008 doit laisser le choix aux citoyens entre le cours d'État et un cours confessionnel. Elle doit en outre laisser aux Églises et groupes religieux reconnus par l'État le choix des enseignants afin d'assurer la qualité et la conformité des enseignements. Plus qu'un savoir religieux, c'est avant tout la formation des consciences responsables qui nous incombe.

Depuis quelques décennies, un fort vent de sécularisation a bouleversé profondément le Québec. En cela, nous avons notre part de responsabilité. Nous en voyons les graves conséquences sur la famille et le tissu social. Nous déplorons le déficit de valeurs et le manque d'espérance qui affectent les individus et les communautés. L'heure est à la reprise en main de notre héritage spirituel et culturel. Cette reprise inclut le maintien et l'amélioration de la formule d'enseignement religieux à l'école.

FIDÉLITÉ À NOTRE HÉRITAGE

Au lieu d'un programme unique d'éthique et de culture religieuse qui exclut en fait l'expérience religieuse intime et l'adhésion à une religion en particulier, il nous faut réaffirmer avec force la légitimité d'une liberté de choix par fidélité à notre propre héritage culturel. L’imposition d'un modèle unique sur tout le territoire, tant à l'école publique qu'à l'école privée, ne tient pas compte de la vie et de la différence des régions.

À la messe d'ouverture du dernier Conclave, le cardinal Joseph Ratzinger, élu pape le lendemain sous le nom de Benoît XVI, provoqua quelque remous en qualifiant la mentalité dominante de l'Occident sécularisé de «dictature du relativisme ». Avec sa réforme actuelle de l'enseignement religieux à l'école, l'État québécois favoriserait cette mentalité en reléguant la religion au domaine privé tout en s'emparant de l'interprétation du phénomène religieux à l'école.

Les débats des derniers mois sur les accommodements raisonnables révèlent la gravité, de la situation et marquent un réveil de la majorité qui constate l'érosion de ses propres valeurs et de sa culture. La tension monte quand on prend conscience de la portée de certaines décisions des tribunaux et du gouvernement en matière de liberté religieuse.

La loi 95 prive la majorité de ses droits historiques de transmission de sa culture religieuse à l'école. I1 faut donc l'amender pour répondre aux exigences de la démocratie et du bon sens, c'est-à-dire rendre le cours d'État optionnel et assurer un espace à l'école pour un enseignement religieux sous la responsabilité des Églises et des groupes religieux reconnus par l'État. Le christianisme au Québec est beaucoup plus qu'une religion c'est notre patrimoine ! Il est important aujourd'hui d'en ressaisir l'essentiel et de faire naître des lieux où la foi pourrait se dire et se vivre en confiance dans nos écoles.

Je fais appel à toutes les personnes qui se sentent concernées afin que la liberté religieuse ait droit de cité au cœur de nos institutions.


mercredi 7 mars 2007

Un livre qui promet !

Voici le résumé d'un livre d'un dénommé

Serge Gagnon:
Quand le Québec MANQUAIT de prêtres


Il parle d'une autre période où le Québec était en manque de prêtres: le bas -Canada.

Quelqu'un l'a-t-il lu ?

Si vous en savez quelque chose, s'il vous plait, renseignez-moi. Ça risque d'être drôlement intéressant, et instructif. Peut-on apprendre de cette époque lointaine pour notre futur simple? L'histoire est maitresse d'expérience, mais aussi d'espérance.

QUAND LE QUÉBEC S’APPELAIT LE BAS-CANADA (1791-1840), l’Église catholique était menacée de toutes parts : statut politique précaire, vive concurrence des autres religions chrétiennes,pénurie chronique de prêtres à la campagne où une paroisse sur trois était sans curé. Débuts de carrière précoces, fins de vie professionnelle au-delà de l’âge normal de la retraite comblent tant bien que mal le déséquilibre entre l’offre et la demande, source de richesse pour les hommes robustes, cause d’épuisement professionnel fatal aux constitutions les plus fragiles. La rareté des ressources favorise une pastorale branchée sur les Évangiles : du catéchisme à la prédication, le chrétien est orienté vers la confession, tâche éminemment épuisante lorsque, le carême venu, tous passent aux aveux, les uns pardonnés, les autres écartés de la communion pascale. À quelle religion le peuple des campagnes fut-il convié ? Telle est la question centrale à laquelle ce livre propose une réponse surprenante. Le bonheur éternel parait plus accessible qu’au cours du siècle qui s’achève avec la Révolution tranquille ; la prédication d’un jeune prêtre annonce pourtant la montée d’une pastorale de la peur de l’enfer.

Les Éditions PUL-IQRC
Tél. (418) 656-2131 poste 10996
Téléc. (418) 656-3305
Lucie.Belanger@pul.ulaval.ca

dimanche 4 mars 2007

Homélie du 2e dimanche de carême (c): Comme les étoiles du ciel, comme les grains de sable


1. Beau dialogue que celui entre Abraham et Dieu. Un père et son fils n'en feraient pas moins. Qui de nous n'a pas appris d'un être aimé le nom et l'explication des étoiles? Dans la première lecture, la conversation entre Dieu et Abraham va au-delà des étoiles. Les deux parlaient dans une vision, en se regardant. Et le Père signifie à son fils quelle postérité il aura (comme les étoiles) et dans quelle extension.

Abraham eut foi : il crut son Père et son Dieu. Était-il crédule ? Était-il sans imagination ? Un fils en confiance avec son Père est-il crédule, est-il sans imagination ? Au contraire, l'enfant attend de son Père des promesses, et celui-ci, par ses gestes, fait grandir son imagination. Et sa fidélité, et son amour.

Dieu lui demande simplement de s'engager envers lui. Il fait un pacte, une alliance. Et pour peu qu'Abraham réponde, Dieu prendra les devants: "Moi qui t'ai fait sortir d'Our, je te donnerai bien plus. Tu n'as encore rien vu". Abraham obéit, et s'engage avec amour. Il offre le sacrifice que Dieu lui demande, et Dieu, de sa part révèlera un grand prodige: au milieu des ténèbres de la nuit, il allume un immense brasier, qui lui montre la puissance de son bras, et la force de son amour gratuit à son endroit. Le Seigneur conclut avec Abraham une alliance en ces termes: A ta descendance, je donne le pays que voici.

Les points de lumière, les grains de sables sont devenus concrètement, pour Abraham, le pays qu'il a sous les yeux. Il ne défaillira pas dans sa foi, non plus que Dieu le Père, qui a foi en Abraham.

2. L'Évangile présente une autre théophanie: la transfiguration de Jésus. Ici, c'est le Père et le Fils qui brillent devant les témoins de la vision. Comme pour Abraham, des témoins sont choisis, trois des douze, et ceux-ci assistent impuissants, tout comme Abraham, à la démonstration de la grandeur de Dieu, qui dans ce cas-ci se manifeste dans le père et le Fils, à travers l'Esprit. Mais ici, les témoins ne sont plus seuls avec Dieu. Ils sont accompagnés de Jésus, en plus de Moïse et Élie. Quelle compagnie impressionnante. Les trois sont des ces étoiles du Ciel qui ont inspiré tant de confiance à Abraham: ces enfants de Dieu qui n'ont rien à envier à la splendeur des étoiles, devant une sainteté qui donne une idée encore plus grande de la grandeur spirituelle de Dieu.

Mais ils sont inégaux. Si Moïse est le plus grand législateur, et Élie le plus grand des prophètes, Jésus les dépasse amplement de sa génération éternelle dans le Père. Tous trois sont des fils d'Adam et d'Abraham, mais seul Jésus est fils de Dieu. Voilà pourquoi ils parlaient de la sorte de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. Comme Abraham, les trois témoins ne font pas le poids, et ils s'endorment lourdement d'un sommeil mystique qui les englobe mystérieusement. Envoutés, ils perdent même le sens de l'à-propos, en voyant la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Jésus est clairement supérieur à Moïse et à Élie, et comme pour ne laisser aucun doute, la voix du Père se fait entendre: Celui-ci est mon Fils, que j'ai choisi, écoutez-le.

Il est facile de s'imaginer l'impression de cette double vision sur les amis de Jésus. Quel personnage, quel Père, quel Fils! Pierre en sera tellement impressionné que bien des années plus tard il fait explicitement allusion à cette vision, sur la montagne.

3. Dans un autre ordre d'idée, Saint Paul rappelle que la vie sur cette terre est plus que l'accomplissement d'une vie animale. Les ennemis de la croix du Christ sont ceux pour qui leur dieu, c'est leur ventre, et qui mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte.

Par la révélation de la filiation du Christ, et celle de notre filiation divine, nous sommes citoyens des cieux. La promesse de Dieu dépasse la splendeur des étoiles, en faisant de nous des fils de Dieu.

À condition, cependant d'apprécier la croix, qui nous a valu une telle vocation. C'est pourquoi St Paul nous met en garde de ne pas être fous, et de plonger dans le mystère de la croix du Christ qui nous est donné pour nous rendre héritiers, nous aussi, d'un si grand Père.

4. Quand viendra la croix, deux des trois témoins l'oublieront. Mais pas Jean, ni Marie, qui n'avait pas besoin de cette révélation pour croire. La vie de du Dieu incarné brillait dans la grandeur de l'humilité de Jésus, et tout en lui prodiguant les soins d'une Mère, elle a appris et médité de la filiation divine de celui-ci. C'est pour cette raison que Marie est resté fidèle, au pied de la Croix.

vendredi 2 mars 2007

C'est encore l'hiver. Pour penser à l'été !

L'anse-à l'Orme, Île de Montréal, été 2006