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vendredi 9 mars 2007

Une prise de parole du Cardinal Ouellet

Église Saint Raphaël (Ile-Bizard)


Voici un intéressant article apparu dans "Le Soleil" du 4 mars dernier. Un ami me l'a aimablement refilé. Un cadeau comme cela, ça se partage.

LIBERTÉ RELIGIEUSE SANS LIBERTÉ DE CHOIX ?

Par M. le Cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec

L’État québécois a décidé de maintenir un enseignement religieux à l'école sous la forme d'un cours d'éthique et de culture religieuse, ce que je ne conteste pas malgré le relativisme inhérent à une telle présentation. Je conteste cependant que, contrairement à la pratique de beaucoup d'autres pays, on impose ce programme tous azimuts, comme si c'était une formule gagnante longuement éprouvée, alors qu'elle n'existe nulle part.

En regard de la tradition culturelle québécoise, configurée par des institutions d'inspiration chrétienne et profondément redevable à la contribution de l’Église catholique, cette décision gouvernementale apparaît comme une mainmise excessive dans le domaine vital de la liberté religieuse. Peut-on faire fi de la volonté populaire maintes fois exprimée, et abandonner un régime de liberté de choix en matière d'enseignement religieux au profit d'une pensée unique, obligatoire pour tous, sans mécanisme d'exemption et sans modulation particulière sur tout le territoire du Québec ?

RUPTURE DU PARTENARIAT

L’Église et l'État ont très souvent été partenaires au Québec, au service de la même population, avec un sens concret, réaliste et pacifique des aménagements raisonnables à l'école. La nouvelle loi marque une rupture et menace par conséquent le vivre ensemble dans une société en profonde crise identitaire. N'est-il pas nécessaire de trouver l'équilibre dans un nouveau partenariat qui inclurait les droits des parents et les besoins des autres églises et groupes religieux? Ce partenariat doit viser 1e respect de la liberté religieuse autant que le droit à l'égalité des citoyens.

La réforme prévue pour septembre 2008 doit laisser le choix aux citoyens entre le cours d'État et un cours confessionnel. Elle doit en outre laisser aux Églises et groupes religieux reconnus par l'État le choix des enseignants afin d'assurer la qualité et la conformité des enseignements. Plus qu'un savoir religieux, c'est avant tout la formation des consciences responsables qui nous incombe.

Depuis quelques décennies, un fort vent de sécularisation a bouleversé profondément le Québec. En cela, nous avons notre part de responsabilité. Nous en voyons les graves conséquences sur la famille et le tissu social. Nous déplorons le déficit de valeurs et le manque d'espérance qui affectent les individus et les communautés. L'heure est à la reprise en main de notre héritage spirituel et culturel. Cette reprise inclut le maintien et l'amélioration de la formule d'enseignement religieux à l'école.

FIDÉLITÉ À NOTRE HÉRITAGE

Au lieu d'un programme unique d'éthique et de culture religieuse qui exclut en fait l'expérience religieuse intime et l'adhésion à une religion en particulier, il nous faut réaffirmer avec force la légitimité d'une liberté de choix par fidélité à notre propre héritage culturel. L’imposition d'un modèle unique sur tout le territoire, tant à l'école publique qu'à l'école privée, ne tient pas compte de la vie et de la différence des régions.

À la messe d'ouverture du dernier Conclave, le cardinal Joseph Ratzinger, élu pape le lendemain sous le nom de Benoît XVI, provoqua quelque remous en qualifiant la mentalité dominante de l'Occident sécularisé de «dictature du relativisme ». Avec sa réforme actuelle de l'enseignement religieux à l'école, l'État québécois favoriserait cette mentalité en reléguant la religion au domaine privé tout en s'emparant de l'interprétation du phénomène religieux à l'école.

Les débats des derniers mois sur les accommodements raisonnables révèlent la gravité, de la situation et marquent un réveil de la majorité qui constate l'érosion de ses propres valeurs et de sa culture. La tension monte quand on prend conscience de la portée de certaines décisions des tribunaux et du gouvernement en matière de liberté religieuse.

La loi 95 prive la majorité de ses droits historiques de transmission de sa culture religieuse à l'école. I1 faut donc l'amender pour répondre aux exigences de la démocratie et du bon sens, c'est-à-dire rendre le cours d'État optionnel et assurer un espace à l'école pour un enseignement religieux sous la responsabilité des Églises et des groupes religieux reconnus par l'État. Le christianisme au Québec est beaucoup plus qu'une religion c'est notre patrimoine ! Il est important aujourd'hui d'en ressaisir l'essentiel et de faire naître des lieux où la foi pourrait se dire et se vivre en confiance dans nos écoles.

Je fais appel à toutes les personnes qui se sentent concernées afin que la liberté religieuse ait droit de cité au cœur de nos institutions.


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