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vendredi 23 mars 2007

2e conférence de Carême 2007: Jésus souffre avec nous

1. Hier, en nous attardant sur la notion de regard, nous avons compris que toute relation humaine fondée commence par un regard. Vous rappelez-vous du Renard et du Petit Prince, qui voulaient s’apprivoiser? Ils se regardaient mutuellement et s’appréciaient. Petit à petit, ils s’approchaient.

2. Toute amitié, tout amour, nous l’avons vu, commence par une certaine contemplation. On se regarde. Avant de dire quelques mots, on parle avec les yeux. Et de là l’aventure d’une vie partagée commence. La vie partagée, ou mieux, la vie commune, ou encore la vie ensemble demande une certaine part de sacrifice, d’abnégation. Sinon, gare aux séparations ou à la violence. Ou bien à l'indifférence, où l'on ne se regarde plus, ou pire encore, où on s'ignore. S'estimer c'est se regarder, s'accepter. C'est le bonheur. Mais vivre ensemble n'est pas facile, et procure quelques fois son lot de souffrance.

3. Habituellement, les souffrances de l'amour viennent de ce qu'on ne se voit mutuellement pas tels qu'on est, ou bien que nos aspirations dans l'amour mutuel sont déçues par des gestes ou des impressions produites par l'autre, qui peuvent provenir d'une mauvaise interprétation des gestes d'autrui. La souffrance intérieure est souvent une conséquence de ces déceptions, qui peuvent être vraies (en ce sens elles sont des réelles déceptions) ou fausses (à ce moment-là elles deviennent des erreurs de jugement de notre part). Souvent, les déceptions et les erreurs cohabitent en nous, et nous devenons désorientés et déçus. C'est l'heure de la croix.

4. Les souffrances intérieures donnent naissance à la tristesse, mère de beaucoup de maux. Encore une fois, on peut souffrir intérieurement de bien des maux, avec ou sans culpabilité, pour des raisons justifiées ou non. Cela reste de la souffrance. Nous sommes tous touchés par ce mal du fait de notre humanité frappée les conséquences du péché originel. En offensant Dieu, Adam et Ève on rejeté l'amour gratuit de Dieu qui allait leur donner l'équilibre en tout. Et dès lors, l'amitié s'est transformée en compétition, l'amour en recherche de reconnaissance, le don en faveurs méritées. Et de là, combien de souffrances.

5. Elles sont présentes partout dans l'histoire. Joseph est vendu par ses frères car ceux-ci ne lui pardonnent pas qu'ils soit traité différemment d'eux. Les jalousies engendrent les guerres, même au sein du peuple choisi. Saül n'accepte pas l'amitié de David, qu'il considère comme un possible usurpateur. David, qui s'est épris de la femme d'Urie envoie celui-ci sur le front, pour pouvoir l'épouser, car elle est enceinte de l'adultère qu'il a provoqué. Les prophètes qui demandent un changement de vie à Israël sont poursuivis et mis à mort par ceux qu'ils cherchent è aider. Tout cela parce qu'on ne se respecte plus, qu'on arrive pas à se comprendre.

6. Ce qui donne lieu à d'autres maux: la solitude (on se retire), l'abandon (on nous a laissé, on ne nous regarde plus), ou encore la rupture. Là où il y avait de la vie, et de la joie, il ne reste que pleurs et angoisse. L'absence est d'autant plus difficile à endurer qu'on n'en arrive pas là par sa faute, qu'on est innocent. La solitude est souvent une des plus grandes angoisses.

7. D'autres souffrances sont ne sont la faute de personne. On n'en souffre pas moins pour autant. Une mort subite, une maladie pénible, les incompréhensions incontrôlables... Ici, une question revient toujours: "Pourquoi moi?" Et vraiment, il n'est pas de véritable réponse à cette question.

8. Qu'on souffre dans son corps, ou qu'on souffre dans son âme, on est malheureux. On vit dans un monde où tout le monde souffre, au point où généralement, on pense souvent souufrir plus que les autres.

9. Mais il y a des exceptions. Ce sont les saints. Ceux-ci ne conçoivent pas la souffrance comme ceux qui ne voient que l'horizon de leur vie. Ils semblent voir autre chose. Quelque chose qui ne se voit pas. Et c'est vrai, car les saints sont contemplatifs, ils regardent Dieu. Ils aiment Dieu, car leur perception des faits est illuminée par la bonté de Dieu. Ils souffrent, et ils ne souffrent pas. Là où d'autres voient la souffrance te la mort, il voient l'amour et la résurrection. Pour les premiers, l'automne de la vie est une saison de mort, pour les autres, c'est un moment de joie, malgré les douleurs et les souffrances. 10. Les saints contemplent Dieu dans la souffrance. Ste Thérèse de Jésus soupirait de voir le Seigneur, même quand son imagination souffrante lui faisait redouter le moment de la mort. Saint Josémaria attendait la mort avec une vraie joie, offrant cependant le renoncement de ne plus être avec les siens pour la vie de l'Église. Il en avait offert sa vie. Pour lui, partir vers le Père n'était, disait-il, qu'un "au revoir". Saint Paul se demandait s'il fallait désirer mourir ou vivre, et ne voulait reste ici-bas que pour être un support pour les communautés naissantes qu'il avait collaboré à fonder. Vivre ou VIVRE.

11. Tous les saints ont puisé leurs forces dans l'exemple de Jésus, qui s'est fait homme pour nous sauver (Phil;. 2, 8). Comment est Jésus dans sa passion? D'abord, fort et tout-puissant. Il peut par ses paroles faire tomber ses auditeurs de stupeur (Jn, 18, 6). Mais il est aussi attentionné pour ses disciples, à qui il confie l'Eucharistie comme sacrement de la nouvelle alliance. Mais il souffre et cruellement. Il le voulait (par amour pour nous); il le devait (par amour pour son Père).

  • De quoi Jésus a-t-il souffert ? Ecoutons Saint Thomas: Car la passion du Christ nous fournit un modèle valable pour toute notre vie. En effet, celui qui veut mener la vie parfaite n'a rien d'autre à faire qu'à mépriser ce que le Christ a méprisé sur la croix et à désirer ce que le Christ a désiré. Car aucun exemple de vertu n'est absent de la croix. Si tu cherches un exemple de charité: Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. C'est ce que le Christ a fait sur la croix. Et par conséquent, s'il a donné sa vie pour nous, il ne doit pas être trop dur de supporter n'importe quel mal pour lui. - Si tu cherches la patience, c'est sur la croix qu'on la trouve au maximum. En effet la patience est grande pour deux motifs: ou bien lorsqu'on souffre patiemment de grands maux, ou bien lorsqu'on souffre des maux qu'on aurait pu éviter, et que l'on n'évite pas. Or le Christ a souffert de grands maux sur la croix, et avec patience, puisque couvert d'insultes il ne menaçait pas; comme une brebis conduite à l'abattoir, il n'ouvrait pas la bouche. Elle est donc grande, la patience du Christ sur la croix: Par la patience, courons au combat qui nous est proposé, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l'humiliation de la croix. Si tu cherches un exemple d'humilité, regarde le crucifié. Car un Dieu a voulu être jugé sous Ponce Pilate, et mouir. - Si tu cherches un exemple d'obéissance, tu n'as qu'à suivre celui qui s'est fait obéissant au Père jusqu'à la mort: De même que la faute commise par un seul, c'est-à-dire Adam, a rendu tous les hommes pécheurs, de même tous deviendront justes par l'obéissance d'un seul. Si tu cherches un exemple de mépris pour les biens terrestres, tu n'as qu'à suivre celui qui est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance; sur la croix, il est nu, tourné en dérision, couvert de crachats, frappé, couronnéd'épines, enfin abreuvé de fiel et de vinaigre. Ne sois donc pas attaché aux vêtements et aux richesses, car ils se sont partagé mes habits; ni aux honneurs, car j'ai subi les moqueries et les coups ; ni aux dignités car, tressant une couronne d'épines, ils l'ont enfoncée sur ma tête; ni aux plaisirs car, dans ma soif, ils m'ont abreuvé de vinaigre.
12. Jésus a souffert par amour. Benoit XVI disait récemment qu'il a transformé la signification de la souffrance, en lui donnant un sens nouveau, en la remplissant d'amour et d'espérance. En regardant son Père, il nous voit, sous le joug du péché. Il n'hésite pas à se donner à nous par amour pour son Père qui nous montrer son amour gratuit, malgré nos offenses, et en même temps, il se donne à nous pour nous délivrer du mal et nous donner l'espérance d'un monde plus beau.

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