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dimanche 18 mars 2007

Homélie du 4e dimanche de Carême (C) : Dieu est bon et patient..


1. Dieu est bon. Voilà une affirmation qui risque de passer pour une lapalissade. Car enfin, Dieu peut-il être autre chose que bon ? Apparemment, non.

Mais il est bien des gens qui ne jureraient pas de cette vérité. Ils reprennent souvent le cri déchirant de Jésus sur la croix. "Mon Père, pourquoi m'as-tu abandonné?" (Mt 27, 48) Mais au contraire de Jésus, ils ne remettent pas leur vie entre ses mains. On croirait même qu'ils la retirent. Jésus se sentait abandonné (c'était là le supplice de la croix: tout perdre, à commencer par ses amis. Et sa santé, et le respect, et l'admiration des foules). Seulement trois clous qui le fixaient à la croix. Rien d'autre. Mais il se savait accompagné de la fidélité de Jean, l'apôtre qui à la croix lui rendait bien son amour, de l'affection de sa Mère, qui lui avait sa vie durant prodigué tous les soins possible de la Fille de Sion. Mais Jésus savait que ses souffrances étaient agrées par son Père, qui l'aimait, et l'aimait plus que n'importe quel Père de la terre, d'une affection plus grande que celle de la Mère la meilleure, et d'une fidélité plus grande qu'aucun ami de Jésus ne saurait lui témoigner. Dans le dépouillement de la croix, Jésus dans les mains de son Père est plus riche qu'il ne l'avait été avant le sacrifice de sa vie humaine.

2. La modernité préfère le héros romantique, solitaire, seul, abandonné au désespoir, dépouillé de manière absurde à cause d'un amour frustré, ou d'une cause perdue. Dans cette situation, il a tout perdu, à part "l'honneur", qui me semble une bien maigre compensation. D'une certaine façon. le héros moderne se complait dans sa solitude absurde. C'est que l'homme moderne est trop souvent quelqu'un qui a choisit d'être seul pour son malheur ou son bonheur. Pauvre modernité qui, telle un enfant abandonné, cherche la complaisance dans la solitude.

3. La lecture de la parabole de l'évangile d'aujourd'hui nous présente sinon un héros moderne, à tout le moins, un être seul, par choix, et qui, par sa propre décision, choisira de rester seul: "Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : 'Père, donne-moi la part d'héritage qui me revient.' Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre." Le jeune homme ne semble pas malheureux: son père est riche. Il peut lui donner de tout, et l'entretenir grassement. Il a des serviteurs, des musiciens, des animaux. Mais le jeune veut être indépendant, "vivre sa vie", comme on dit. Il la vivra indépendamment de son Père, mais grâce à lui. Et malgré cette terrible ingratitude, son Père le laisse aller.

C'est le drame de notre âge: Dieu nous a tout donné, sans lui nous sommes déchus, et nous voulons quand même vivre sans lui, plus heureux dans notre malheur que dans son bonheur.

C'est que nous avons des yeux pour ne voir que ce que nous voulons.

4. Après la griserie de l'apparente liberté que lui procure l'indépendance face à son Père, le fils se retrouve dans le besoin. Tant qu'il a eu les biens qui appartenaient de droit à son Père, il mène une belle vie. Mais les recours finissent par se faire rares, et de lui-même, il est incapable de rien faire. Il est réduit à la mendicité et à la faim. Pauvre enfant, qui, hier encore si riche, est désormais si pauvre.

Ce qui nous apparait comme une sottise ne lui saute pas aux yeux. Il ne connait que sa faim, et ignore la peine de son père qui s'inquiète continuellement de lui. Il ne pense qu'à sa honte, qu'à son inconfort et à sa faim. Il ne regrette pas la vie qu'il a menée, ni la peine faite à son père. En ce moment, il voit que son inconfort. Il a toujours vécu imbu de lui-même, maintenant il souffre, imbu de lui-même, incapable de penser que son père l'aime.

Nous vivons souvent à crédit sur le compte de Dieu. "En lui nous nousvivons, nous nous mouvons et nous sommes" (Actes, 17, 28 ). Mais Lui, nous l'ignorons. Souvent même, nous l'accusons de nos torts, de nos souffrances, comme si c'était lui qui nous avait donné l'humiliation. Or c'est sans doute là la plus grande victoire de Satan sur la modernité: dans notre société, il n'est pas rare d'entendre des gens dire qu'un Dieu qui laisse mourir des enfants de faim, qui permet l'inceste, ou la maladie, ce Dieu n'est pas bon. Celui qui pense ainsi s'est fait offrir des lunettes noires par Satan, et les porte sans s'en rendre compte. Dieu ne permet pas l'inceste, c'est le tentateur qui pousse des personnes à cela. La mauvaise répartition des biens n'est pas la faute de Dieu: les biens sont à la disposition de tous. Mais ce sont les hommes mauvais, tenté d'égoïsme ou de recherche de pouvoir qui refusent de les distribuer à tous, ou de les garder pour soi. Mes maladies, le sida, les MTS sont autant de maux qui viennent non d'un père qui ne nous aime pas, mais d'une humanité souffrante qui ne réussit pas toujours à vouloir se donner pour guérir, ou se retenir pour éviter une dispersion du mal.

Cela vient-il de Dieu. Non, des humains qui peinent à rendre le bien pour le mal. Dieu est-il à blâmer? Non. Il attend, patiemment que nous revenions à lui lorsque nous serons fatigués de contribuer péniblement au mal. Dieu sait attendre.

Mais Satan s'empresse de lancer la faute à Dieu, et à faire passer la facture de ses méfaits à Dieu Père. L'homme moderne se révolte contre un Dieu qui est méchant avec lui. Mais en toute justice, c'est contre le Père du mensonge qu'il devrait s'en prendre. C'est lui qui est derrière l'inceste, le sida et les MTS, si le sujet ne se résout pas à prendre ses responsabilités morales. C'est lui qui déforme la souffrance, porte de la croix du Christ, en un véritable scandale. C'est lui qui accuse Dieu d'être méchant, quand nous-mêmes commettons volontairement le mal, et que Dieu nous attend patiemment, fou d'amour pour nous.

En fait, celui, celle qui accuse Dieu de tous ses méfaits devrait chercher à voir
en soi s'il est lui-même responsable, et si celui qu'il appelle Dieu n'est pas simplement Satan qui ne serait pas mécontent de passer pour Dieu de qui il est fondamentalement jaloux.

5. La patience de Dieu porte fruit. Reconnaissant la bonté et la justice de son père envers ceux qui l'entourent, il reconnait que seul, il n'arrivera à rien, lui qui avait été préparé pour de grandes entreprises avec son Père.
'Tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Prends-moi comme l'un de tes ouvriers.' Il partit donc pour aller chez son père. Il entreprend le retour honteux et malheureux d'avoir si mal géré sa vie, et d'avoir perdu pour toujours ce qui faisait de lui ce qu'il avait été: un fils libre au sein d'une maison paternelle pleine de joie. Maintenant, il est pauvre, et seul, sans joie.

Ce qu'il ne sait pas, c'est que la rupture qu'il pensait définitive n'était en fait que de son côté. Son père l'aimait, et savait que cette aventure finirait par rappeler le fils à la raison. Il était patient, et de sa part, il avait, depuis le premier jour, pardonné à sons fils. Il souffrait autant, plus que son fils, de cette séparation. Tous les jours, il marchait plusieurs kilomètres en direction de son fils, certain qu'un jour il l'y retrouverait. Et c'est ce qui arriva.

Le pardon du Père fut inconditionnel, d'autant plus beau que lui-même avait souffert plus de la séparation que son fils. Aussi le retour fut-il une grande fête.

Cette histoire est l'histoire de chacun de nous. Nous nous éloignons, mais Dieu nous attend. Il sait que nous reviendrons, mais entretemps, nous souffrirons d'ingratitude et de haine, influencés par le démon tentateur. Lui, il attend, en souffrant la croix de son fils conscient que c'est avec lui que nous deviendrons tous ses enfants. Demandons à Dieu le vrai don de la conversion. N'attendons pas que rongés de dépit et d'angoisse, ou du désir de retrouver une ressemblance de paix, nous commencerons à retourner vers lui, honteux et perplexes. Le pardon de Dieu est inconditionnel et total. Il ne demande de nous qu'un peu d'amour et d'humilité pour reprendre notre chemin vers la sainteté. Accourons joyeusement au sacrement de la réconciliation en ce temps qui reste avant Pâques.


  • Quoi qu'il arrive, en avant ! Serre avec force le bras du Seigneur et considère que Dieu ne perd point de bataille. Si, pour un motif quelconque, tu t'éloignes de Lui, il te faut réagir avec humilité: commencer et recommencer, te conduire en fils prodigue tous les jours et même à plusieurs reprises au long d'une même journée. Il te faut redresser ton coeur contrit dans la confession. Cette confession qui est un authentique miracle de l'Amour de Dieu. Le Seigneur lave ton âme dans ce sacrement merveilleux; Il t'inonde de joie et de force pour que tu ne défailles pas dans ta lutte et que tu reviennes inlassablement à Dieu, quand bien même tout te semblerait obscur. (St Josémaria Escriva, Amis de Dieu, n. 214)
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Lectures du dimanche 18 mars 2007
4ème dimanche de Carême

Première lecture : Jos 5, 10-12 L'arrivée en Terre Promise et la célébration de la Pâque

Psaume : Ps 33, 2-3, 4-5, 6-7 R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur

Deuxième lecture : 2Co 5, 17-21 Réconciliés avec Dieu par le Christ

Evangile : Lc 15, 1-3.11-32 Parabole du père et de ses deux fils





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