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vendredi 9 mars 2007

HOMÉLIE DU 3E DIMANCHE DE CARÊME (c): Le nom de Dieu.


1. Nous nous émouvons toujours de voir comment Dieu s’approche de nous, comment il tient à se faire connaître de chacun de nous. La semaine dernière, Abraham découvrait un père en lui. Aujourd’hui, à Moïse, il se présente sous le nom le plus mystérieux qui soit : « Je suis celui qui suis. Tu parleras ainsi aux fils d'Israël :'Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est : JE-SUIS.' ». On ne peut pas reprocher à Moïse d’inventer des choses. S’il voulait semer ses disciples, c’était le meilleur moyen pour le faire.

Dans le cas actuel, Dieu se présente comme un être intelligent et plein de vie. Il commande à Moïse (« celui qui m’envoie... »). Il reçoit des instructions précises, mais qui comme pour Abraham, demandent une foi entière. Dieu continue d’aimer les descendants d’Abraham (« J’ai vu la misère de mon peuple... Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter ... vers une terre spacieuse et fertile ». Mais son peuple n’a pas la même spontanéité qu’Abraham. Même Moïse n’a pas cette intimité filiale, cette confidence qu’avait Abraham avec Dieu son Père. Moïse nous ressemble davantage qu’à Abraham. Nous nous sommes un peu éloignés de Dieu, même si Dieu ne s’est jamais éloigné de nous.

Dieu doit parler un peu plus à l’esprit qu’au cœur, puisque celui-ci accepte moins spontanément la foi. C’est la raison pour laquelle il se présente sous le nom de « JE-SUIS ».

La première question qui se pose à notre esprit, comme à l’esprit de Moïse, c’est « Je suis … quoi? ». Le Seigneur ne répond pas mais se contente d’ajouter « Celui qui suis » ou « celui qui est » selon les interprétations courantes. Sommes-nous avancés? Oui, car Dieu est hors de nos catégories. Il est Père, mais pas comme nos parents qui sont parents. Il est Père car il est… Car il dépasse la créature, car il est Dieu. Ce qu’Abraham a saisi par intuitions et merveilles (la bonté de Dieu et le feu qui s’allume tout seul), Moïse le comprend par l’intelligence et l’émerveillement d’un feu qui brûle sans consumer. À la dimension affective de la foi d’Abraham, Dieu ajoute l’intelligibilité de la science de Moïse. Dieu est Père, et il est intelligence, au-dessus de la paternité et de l’intelligence humaine. Il est le Dieu d’Abraham et de Moïse

2. Saint Paul rappelle la protection spéciale de Dieu à la sortie du pays d’Égypte. Au sujet des dons de Dieu au peuple Hébreux, Saint Paul rappelle le don spirituel que Dieu a fait à son peuple, à travers Moïse : « tous, ils ont mangé la même nourriture, qui était spirituelle ; tous, ils ont bu à la même source, qui était spirituelle ; car ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher, c'était déjà le Christ. ». À Moïse, Dieu qui se révèle comme celui qui est est aussi le Rocher qui donne la force, l’Intelligence qui se donne à connaître et le Père d’Abraham qui se laisse aimer.

Le drame, toujours selon Saint Paul, c’est que « la plupart n'ont fait que déplaire à Dieu, et ils sont tombés au désert » . Voilà la vérité. Abraham qui avait tant reçu de Dieu avec si peu de preuves, obéit par pur amour. Moïse et les juifs ont recu la force et l’intelligence de ce Père et n’ont touitefois pas su obéir avec cœur… « Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu'il fasse attention à ne pas tomber ».

Voilà l’ingratitude de notre cœur. Dieu nous prévient par Saint Paul : Celui qui se croit solide, attention ! il peut tomber. C’est là le sens profond de notre condition de pécheurs : refuser la force, l’intelligence et l’amour d’un vrai Père, pour adorer sa propre personne, quand ce n’est pas un veau d’or.

3. Évidemment, devant le refus du don de Dieu, et en oubliant l’amour parfait du Père, on prête facilement à Dieu l’intention de nous punir. Or, rien de plus faux. Jésus le dit lui-même : ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien non, je vous le dis ».

Dieu ne punit pas directement. La nature humaine est suffisamment punie par la nature déchue et le déluge. Aussi Dieu nous a-il promis de ne plus nous chercher querelle. Mais Jésus ajoute cependant : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ».

Jésus ne promet pas une punition, mais il souligne, comme Saint Paul, que l’orgueilleux qui refuse l’amour de Dieu signe lui même sa condamnation, en se coupant du ‘cordon ombilical’ qui le relie à son père qui est aussi mère.

Dieu est patient : il nous veut heureux, et nous donne toutes les chances. Mais jamais il ne nous forcera à faire le bien malgré nous. Certainement, si nous nous coupons des sources de la Vie, nous mourrons sans amour. Et alors, notre situation est aussi désespérée que ceux sur qui est tombée la tour. À la différence que les innocents ne seront pas châtiés dans la vie éternelle, tandis que les méchants, oui.

Dieu n’est pas pressé, il sait attendre. Mais il ne force pas l’issue. Mais il nous laisse libre. Profitons du chemin de la réconciliation qui nous est toujours disponible. En ce Carême, n’hésitons pas à faire pénitence, et à faire usage du sacrement de la réconciliation.

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Lectures du dimanche 11 mars 2007
3ème dimanche de Carême

Première lecture : Ex 3, 1-8a.10.13-15 Le Dieu Sauveur se révèle à Moïse

Psaume : Ps 102, 1-2, 3-4, 6-7, 8.11 R/ Le Seigneur est tendresse et pitié

Deuxième lecture : 1Co 10, 1-6.10-12 Les leçons de l'exode : appel à la conversion

Evangile : Lc 13, 1-9 Sans cesse, Dieu nous invite à nous convertir



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