Consultez aussi notre section supplémentaire RÉFLEXIONS+PLUS

Rechercher sur ce blogue

samedi 24 mars 2007

Homélie du 5e dimanche de carême (C) : « Va, ne pêche plus ».


1. "Après la pluie le beau temps", ou "Un nuage n'enlève pas le soleil". On pourrait résumer ainsi les conclusions de l'évangile de ce dimanche.

Dans le contexte des conférences de carême, nous sommes rendus à un point important. La rencontre avec Jésus qui pardonne. L'évangile d'aujourd'hui est très expressif sur ce sujet.

2. "Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner" (Jn, 8, 2). Jésus parlait avec autorité, mais aussi avec amabilité. Son regard n'était pas le regard froid des pharisiens ou des scribes, mais celui d'un ami, d'un proche parent. Mais il enseignait. Et ses paroles avaient d'autan plus de portée qu'il le faisait en donnant à chacun de ses disciples une importance personnelle. Pas surprenant qu'il rassemble bientôt tout une foule d'auditeurs qui commencait à délaisser les enseignements de pharisiens et des scribes. Autant Jésus était-il accueillant et bienveillants, autant ses 'adversaires' étaient-ils malveillants et hautains. Nous avons vu dans les deux conférences précédentes ce qui caractérise le regard et l'amitié du chrétien: la contemplation dans l'amour et la disposition à souffrir pour l'autre, ou à tout le moins, de s'oublier pour l'autre. Jésus le faisait d'un point de vue divin et rédempteur. Les scribes et les pharisiens font juste le contraire, mus par leur seul intérêt. Un affrontement s'annonçait, et celui-ci se cristallisera dans l'épisode de l'évangile de ce dimanche.

3. Ne respirant que le mépris et la jalousie envers Jésus, on lui amène
une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? » (Jn, 8, 4-5) Quelle différence entre la bienveillance de Jésus et le zèle méprisant de ces hommes qui ne se soucient guère qu'à appliquer la loi au mépris de la personne de cette femme, coupable bien sûr, d'un vrai délit, mais sans rapport avec la question qui mobilise les scribes. Pendant que Jésus accueille et s'intéresse à ses disciples, les pharisiens n'ont que mépris et discussion à offrir à cette pauvre femme bouleversée. Jésus comprend et excuse, eux méprisent et condamnent. Triste justice humaine qui préfère la justice toute sèche, souvent camouflée sous le nom de 'solidarité' et qui méprise miséricorde et charité.

4. Jésus contemple la scène, et s'appitoie de ce qu'ils ne savent pas aimer. Jésus refuse de regarder (et d'écouter) ces charlatans qui insistent à appliquer la loi de Moïse sans aucune équité.
Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol (Jn, 8, 6). On n'encourage pas ceux qui offensent Dieu et le prochain. Jésus n'a rien à voir avec les hypocrites. Il refuse la communication qui persiste néanmoins. Les traits sur le sol signifient que Jésus ne participe pas à cette parodie de procès. Mais ils insistent... Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. »
Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol.

5. Devant cette provocation née d'un véritable compassion et d'une sagesse exceptionnelle, tous se défilent, tandis que Jésus continue de ratisser le sol du bout d'une branche. Tous demeurent perplexes devant le silence de Jésus: ses disciples, qui sont pris par le dilemme suivant : faut-il sacrifier cette femme à la loi de Moïse ou lui faire grâce par charité ? Les pharisiens et les scribes voient quant à eux qu'il ne peuvent pas soutenir qu'ils sont sans péché, et Jésus peut sans doute réclamer cette vertu pour lui-même. Ils s'éloignent donc, un à la fois, pris à leur propre jeu. Reste la pauvre femme pècheresse qui ne sait trop quoi penser: oui j'ai péché, oui je suis imputable châtiment de la loi de Moïse, mais Dieu sait que si c'était à refaire... Elle réalise l'ampleur de son péché et demande intérieurement pardon au Seigneur.

6. Jésus lève les yeux. Il voit dans les yeux des disciples et de la femme une compassion que les scribes n'avaient pas. Il voit le regret de la femme, et contemple ses dispositions intérieures. Il ajoute alors;
« Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t'a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn, 8, 10-11) Quelques mots qui en disent long sur la miséricorde de Jésus et sur la contrition de la femme. La femme contemple sa vie et Jésus. Dans cette contemplation, l'acte d'amour de Dieu nait, la femme commence une nouveau dialogue qui mènera à sa libération. Et elle recommencera une nouvelle vie où Dieu prendra enfin sa place. La réconciliation amène une vie nouvelle.

7. C'est dans les derniers mots de Jésus que se trouve désormais fixée la nouvelle vie de la femme. "Va, et ne pêche plus". Ne plus pécher. Dans cet avertissement, deux choses apparaissent: Jésus reconnait que la femme a péché, et donc, qu'elle est imputable de la peine que les pharisiens ont proposée. Mais Jésus sait que la femme regrette sa faute, et dans le royaume que Jésus a fondé, l'Église, le pécheur est libéré, s'il désire ne plus pécher. Sur la croix, dans quelques semaines, Jésus prendra sur lui tous les châtiments de la loi mosaïque et de tous les péchés des hommes, et de cette croix jaillira le sang qui purifie et l'eau qui lave (selon les rites juifs). Le sang de l'eucharistie, et l'eau du baptême, qui libèrent non pas de la loi de Moïse ou de la loi de Dieu, mais des peines imparfaites imposées jusque-là dans le peuple de Dieu. Jésus dans sa passion prendra sur lui toutes les fautes avoués par tous les hommes de tous les temps, pour nous apporter une vraie libération, où le pardon exprimé par une vraie douleur, marquée par la ferme résolution de ne plus pécher suffit à redonner la vie en Dieu.

8. Ferme propos de ne plus recommencer. Voilà la condition de la vraie contrition. C'est la ligne de démarcation qui existe entre cette femme assurément pècheresse, et ces homme de loi qui voudraient nous convaincre de leur pureté légale. Eux ne regrettent rien. Ils ont toujours eu raison, et ne veulent rien changer à leur manière d'être. La pècheresse comprend l'offre du Seigneur, et désire l'accueillir. C'est une question de survie, certainement, mais c'est aussi la découverte, pour elle d'un amour nouveau, puissant, et éternel.

9. Le Seigneur nous offre le même pardon. Mais il nous faut changer notre manière d'être, et notre conduite. Le Seigneur ne nous en veut pas d'être pécheurs, mais il attend de nous que nous voulions changer. Avec son aide (quelles grâces il nous réserve), nous sommes pardonnés.

10. Mais le pardon doit être inconditionnel de notre part. Jésus veut que nous nous accusions au ministre désigné pour la pénitence. Ne pas vouloir nous y conformer, c'est mettre un obstacle entre le pardon de Dieu et nous. Nous devenons alors comme ces pharisiens qui pensent savoir, mais qui ne font qu'aggraver leur situation. Jésus apprends-moi, à l'instar de tous les saints, à rechercher ton pardon sans condition, désireux de ne plus accomplir que ta très sainte volonté.


  • L'espérance nous pousse à saisir cette main puissante que Dieu nous tend à tout moment, pour que nous ne perdions pas la perspective surnaturelle, même lorsque nos passions se dressent et nous harcèlent pour nous verrouiller dans le réduit mesquin de notre moi; ou quand, avec une vanité puérile, nous nous plaçons au centre de l'univers. Je vis persuadé que je ne parviendrai à rien sans regarder vers le haut; sans Jésus. Je sais que la force dont j'ai besoin pour me vaincre et pour vaincre naît de la répétition de ce cri: je peux tout en Celui qui me rend fort. Ce cri en appelle à la promesse ferme de Dieu de ne point abandonner ses enfants, si ses enfants ne L'abandonnent pas. (St Josémaria Escriva, Amis de Dieu, n. 213)


----
Lectures du dimanche 25 mars 2007
5ème dimanche de Carême

Première lecture : Is 43, 16-21 Promesse du nouvel exode

Psaume : Ps 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 R/ Le Seigneur a fait merveille : nous voici dans la joie

Deuxième lecture : Ph 3, 8-14 Renoncer à tout pour être avec le Christ

Evangile : Jn 8, 1-11 Jésus et la femme adultère : « Va, et ne pèche plus »


Aucun commentaire: