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dimanche 4 mars 2007

Homélie du 2e dimanche de carême (c): Comme les étoiles du ciel, comme les grains de sable


1. Beau dialogue que celui entre Abraham et Dieu. Un père et son fils n'en feraient pas moins. Qui de nous n'a pas appris d'un être aimé le nom et l'explication des étoiles? Dans la première lecture, la conversation entre Dieu et Abraham va au-delà des étoiles. Les deux parlaient dans une vision, en se regardant. Et le Père signifie à son fils quelle postérité il aura (comme les étoiles) et dans quelle extension.

Abraham eut foi : il crut son Père et son Dieu. Était-il crédule ? Était-il sans imagination ? Un fils en confiance avec son Père est-il crédule, est-il sans imagination ? Au contraire, l'enfant attend de son Père des promesses, et celui-ci, par ses gestes, fait grandir son imagination. Et sa fidélité, et son amour.

Dieu lui demande simplement de s'engager envers lui. Il fait un pacte, une alliance. Et pour peu qu'Abraham réponde, Dieu prendra les devants: "Moi qui t'ai fait sortir d'Our, je te donnerai bien plus. Tu n'as encore rien vu". Abraham obéit, et s'engage avec amour. Il offre le sacrifice que Dieu lui demande, et Dieu, de sa part révèlera un grand prodige: au milieu des ténèbres de la nuit, il allume un immense brasier, qui lui montre la puissance de son bras, et la force de son amour gratuit à son endroit. Le Seigneur conclut avec Abraham une alliance en ces termes: A ta descendance, je donne le pays que voici.

Les points de lumière, les grains de sables sont devenus concrètement, pour Abraham, le pays qu'il a sous les yeux. Il ne défaillira pas dans sa foi, non plus que Dieu le Père, qui a foi en Abraham.

2. L'Évangile présente une autre théophanie: la transfiguration de Jésus. Ici, c'est le Père et le Fils qui brillent devant les témoins de la vision. Comme pour Abraham, des témoins sont choisis, trois des douze, et ceux-ci assistent impuissants, tout comme Abraham, à la démonstration de la grandeur de Dieu, qui dans ce cas-ci se manifeste dans le père et le Fils, à travers l'Esprit. Mais ici, les témoins ne sont plus seuls avec Dieu. Ils sont accompagnés de Jésus, en plus de Moïse et Élie. Quelle compagnie impressionnante. Les trois sont des ces étoiles du Ciel qui ont inspiré tant de confiance à Abraham: ces enfants de Dieu qui n'ont rien à envier à la splendeur des étoiles, devant une sainteté qui donne une idée encore plus grande de la grandeur spirituelle de Dieu.

Mais ils sont inégaux. Si Moïse est le plus grand législateur, et Élie le plus grand des prophètes, Jésus les dépasse amplement de sa génération éternelle dans le Père. Tous trois sont des fils d'Adam et d'Abraham, mais seul Jésus est fils de Dieu. Voilà pourquoi ils parlaient de la sorte de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. Comme Abraham, les trois témoins ne font pas le poids, et ils s'endorment lourdement d'un sommeil mystique qui les englobe mystérieusement. Envoutés, ils perdent même le sens de l'à-propos, en voyant la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Jésus est clairement supérieur à Moïse et à Élie, et comme pour ne laisser aucun doute, la voix du Père se fait entendre: Celui-ci est mon Fils, que j'ai choisi, écoutez-le.

Il est facile de s'imaginer l'impression de cette double vision sur les amis de Jésus. Quel personnage, quel Père, quel Fils! Pierre en sera tellement impressionné que bien des années plus tard il fait explicitement allusion à cette vision, sur la montagne.

3. Dans un autre ordre d'idée, Saint Paul rappelle que la vie sur cette terre est plus que l'accomplissement d'une vie animale. Les ennemis de la croix du Christ sont ceux pour qui leur dieu, c'est leur ventre, et qui mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte.

Par la révélation de la filiation du Christ, et celle de notre filiation divine, nous sommes citoyens des cieux. La promesse de Dieu dépasse la splendeur des étoiles, en faisant de nous des fils de Dieu.

À condition, cependant d'apprécier la croix, qui nous a valu une telle vocation. C'est pourquoi St Paul nous met en garde de ne pas être fous, et de plonger dans le mystère de la croix du Christ qui nous est donné pour nous rendre héritiers, nous aussi, d'un si grand Père.

4. Quand viendra la croix, deux des trois témoins l'oublieront. Mais pas Jean, ni Marie, qui n'avait pas besoin de cette révélation pour croire. La vie de du Dieu incarné brillait dans la grandeur de l'humilité de Jésus, et tout en lui prodiguant les soins d'une Mère, elle a appris et médité de la filiation divine de celui-ci. C'est pour cette raison que Marie est resté fidèle, au pied de la Croix.

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