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mercredi 21 janvier 2009

Le lendemain de l'assermentation d'un nouveau président


Des liens utiles: a)   le discours en anglais (canada.com) b) télégramme du Saint-Père au nouveau président 


Les Américains viennent d'assermenter leur 44e Président. Il jouit de la faveur populaire, il possède certainement des grandes qualités de leader. Il a prononcé son dicours d'Inauguration, dans les normes de l'Art, en invoquant le nom de Dieu et en optant décidément pour des objectifs éthiques. Bravo. On peut s'en réjouirt. Cependant, en repassant les événements d'hier, on peut se poser quelques questions qui relèvent de la morale, et sur lesquelles j'aimerais m'arrêter.

Quand Obama désire la vertu, on doit reconnaître que c'est de la vertu. Ainsi, soigner les pauvres, vouloir rendre l'Amérique amie de tous les peuples, ou réagir à la crise économique contre des personnages égocentriques recherchant uniquement leur profit, voilà qui relève de la vertu. Qu'il veuille en finir avec le chantage du terrorisme, et respecter toutes les religions, voilà qui est bien. Il est difficille de s'y opposer, ce sont des fins louables, bien enlignées avec le bien commun. Ce sont des fins véritablement éthiques, qui méritent le respect. Et cela mérite qu'un serment sur ce fond éthique soit pris à témoin  par le Dieu d'Obama, c'est -à-dire, le Dieu des chrétiens, celui que Lincoln a invoqué sur la même Bible avant lui.

Ce serment est un véritable serment, et engage toute sa personne, même s'il s'agissait seulement d'une mise en scène pour plaire au public américain.

Ce qui est problématique, ce sont les moyens pour arriver aux fins entrevues. Le premier danger qui le guette, c'est de faire passer des moyens discutables pour soutenir ses fins, ou d'invertir ces moyens en fins, laissant de côté leur dimension éthique. Le Catéchisme de l'Église catholique, parlant de morale naturelle et sociale, fait remarquer ce qui suit:
1887    L’inversion des moyens et des fins (cf. CA 41), qui aboutit à donner valeur de fin ultime à ce qui n’est que moyen d’y concourir, ou à considérer des personnes comme de purs moyens en vue d’un but, engendre des structures injustes qui « rendent ardue et pratiquement impossible une conduite chrétienne, conforme aux commandements du Divin Législateur » (Pie XII, discours 1er juin 1941).
1888    Il faut alors faire appel aux capacités spirituelles et morales de la personne et à l’exigence permanente de sa conversion intérieure, afin d’obtenir des changements sociaux qui soient réellement à son service. La priorité reconnue à la conversion du cœur n’élimine nullement, elle impose, au contraire, l’obligation d’apporter aux institutions et aux conditions de vie, quand elles provoquent le péché, les assainissements convenables pour qu’elles se conforment aux normes de la justice, et favorisent le bien au lieu d’y faire obstacle (cf. LG 36).

Cela vaut de tout président, évidemment. On veut le bien, mais il faut le faire selon les règles de la morale naturelle, ie, dans le respect de Dieu, des autres, et de sa propre conscience.

Il y a dans ce discours, au niveau des fins, de quoi se réjouir. Au niveau de certains mots, on peut s'inquiéter un peu: comme lorsqu'il met sur les même pied les religions traditionnelles mondiales et les non croyants, qu'il invite à la paix. Louable, mais qui paiera la note ? D'autre part, la paix est une bonne chose, mais les pacifisme (la paix à tout prix) une autre; dans ce domaine, où se situe le nouveau président ? "Travailler à la réédification de l'Amérique" signifie-t-il conserver un monopole économique et culturel tourné vers les américains, ou un désir de partager d'avantage avec les pays en voie de développement?

On ne peut pas répondre à ces doutes, et il faut laisser le nouveau président commencer son oeuvre. Son discours est rhétoriquement bien fait, digne d'un vrai leader, mais aussi assez obscur pour laisser bien des problèmes dans l'ombre.

Il ne faut pas oublier que l'avènemement d'Obama à la Maison Blanche a initié une véritable réaction populaire et médiatique. C'est sans doute une bonne chose. Les saints ont souvent eux-mêmes amené de telles réactions. Je pense à des canonisations récentes qui ont amené à Place Saint-Pierre des milions de personnes (Le Padre Pio, et Saint Josémaria, ou encore plus,  la mort de Jean Paul II). Mais à d'autres occasions le sentiment populaire a glissé vers des mouvements de foules moins louables: saisis par un programme politique séducteur autant qu'injuste, bien des gens ont regretté amèrement avoir donné trop de confiance à leur vénéré leader. Cela parce que l'acceptation du leader venait sans connaître le fond de son programme de ce  leader.

Il semble que beaucoup de nos concitoyens sont emballés par ces temps nouveaux. Les média nous présentent le nouveau président comme la soluttion à tous les problèmes que nous avons connus jusqu'à maintenant, qu'il sera celui qui reglera les conflits qui s'embourbent encore aujourd'hui, au Moyen Orient, qu'il défera tout ce que son prédécesseur a mal fait, etc. C'est possible, mais peu probable, si on regarde l'histoire même récente. Souhaitons-le, mais pas à n'importe quel prix.

Dans certains domaines, Obama a déjà annoncé ses couleurs, et c'est là que nous verrons avec quel bois il se chauffe: l'avortement (et oui; il n'y a pas moyen d'ignorer cette question-là) , les droits de la famille, la question de la Palestine... Attendons, et n'oublions pas de rendre à César ce qui est à César, mais à Dieu ce qui lui appartient.

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