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vendredi 1 août 2008

Homélie du 18e dimanche du temps ordinaire (a)

Donnez-leur vous-mêmes à manger

L'épisode relaté dans l'évangile de ce dimanche est franchement fascinant. Une foule nombreuse, attachée à Jésus, en qui ils voient un puissant prophète et un un homme accomplissant des miracles remarquables, cherche à le trouver, réussissent à découvrir sa destination, et l'y attendent pour le convaincre de guérir leurs proches.

Jésus allait dans cette direction pour refaire ses forces avec les apôtres, et sans doute pour prier pour Jean Baptiste, dont il vient d'apprendre la mort provoquée par Hérode. Devant les demandes pressantes de ces pauvres de Dieu qui s'empressent autour de Lui, il leur procure guérisons et enseignements, sans se soucier des aspects pratiques du quotidien, car il sait que les apôtres y veilleront. Admirable sollicitude de Jésus qui passe tout son temps avec ces gens, accourus de partout autour du lac dans le but de l'entendre. Les apôtres, sans doute aussi émus que lui, commencent à s'inquiéter de la nourriture. Il est trois heurs passées, et si on ne renvoie pas les gens à la maison, ceux-ci ne pourront pas manger. Ils le disent à Jésus, et il leur répond: Donnez-leur vous-même à manger.

On peut facilement imaginer la consternation des apôtres à cette réponse. Pierre, le plus audacieux, ou Judas le plus soucieux des dépenses l'informeront des possibilités, sans trop savoir comment convaincre Jésus, dont ils savent fort bien qu'ils ne peuvent pas vraiment changer l'avis. L'un d'eux, (André ?) lui dit: Nous n'avons là que cinq pains et deux poissons. Est-il possible de faire quoique ce soit seulement avec cela ? Face à leur étonnement, il leur dit: Apportez-les moi ici. Et ils s'exécutent.

Ce que les apôtres ont fait pour sauver la situation est bien peu de chose par rapport au miracle qui suivra. Ils ont été là où ils devaient être, ils ont fait leur petite enquête, et le résultat est simple. « Nous n'avons presque rien, pas assez en tout cas pour aider ces gens ». Mais pour Jésus, c'est suffisant.

Jésus aime compter sur notre générosité et notre collaboration pour réaliser les miracles. Notre grain de sel dans une conversation qui amène un ami à considérer sérieusement, pour la première fois peut-être, un aspect de sa vie qu'il avait jusque là négligé. Ou il attend de nous des prières somme toute peu efficaces pour nous obtenir une faveur magnifique, ou une guérison. Ou encore, il veut de nous un acte de foi, au moment de commencer à entreprendre un travail ayant de répercussions sur la vie sociale ou sur la reconnaissance de la vie chrétienne dans un milieu évacué de la foi... Notre réaction est semblable à celle des apôtres: nous ne pouvons pas faire cela.

Mais l'ordre du Seigneur est formel: « Donnez-leur vous-même à manger. ». Mais Saigneur, qui suis-je pour freiner les effets d'une société qui rejette Dieu, qui s'attaque à toutes les formes du respect de la vie; qui suis-je pour donner un enseignement religieux de qualité dans mon milieu ? Qui suis-je pour rapprocher mes enfants de la vie sacramentaire ? Que puis-je faire pour redonner un peu d'espoir dans un milieu où le soleil de l'espérance semble à jamais caché par les brumes du matérialisme? Mais tu me dis de leur donner à manger, non sans commencer d'abord par donner la bénédiction qui changera mon acte naturel en une réalisation surnaturelle.

Et alors, merveille des merveilles, tu multiplies les pains. Ce qui semblait illogique au départ, aux yeux des hommes, devient dans la logique de Dieu, un grand miracle où tu exprimes par tes gestes ton amour, ta bienveillance à notre égard, où tu nous montres que par nous, tu peux réaliser des actions surnaturelles surprenantes, pourvu que nous y mettions ce que nous pouvons fournir: un petit garçon fournit son souper (qu'il avait peut-être voulu donner à Jésus pour qui il s'inquiétait), les apôtres collaborent avec Jésus en transportant les pains qu'il a bénis et rompus pour qu'ils les présentent à la foule. D'autres ramassent les restes pour que ce précieux pain ne se perde pas. On en retrouve assez de pièces pour remplir douze couffins! Ce que nous pouvons faire, avec la foi et la générosité des apôtres, même si nous ne comprenons pas le plan de Dieu! Avec lui, nous devenons littéralement tout-puissants.

Jésus attend beaucoup de nous. Beaucoup. Mais il ne nous laisse pas sans recours. Comme le dit Isaie dans la première lecture, ses ressources sont illimitées: Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau. Même si vous n'avez pas d'argent (...) Venez à moi, écoutez, et vous vivrez. On ne donne pas de leçons de générosité au Seigneur. Aussi, quand il nous invite à travailler pour lui, nous avons le droit de nous attendre à de grandes réalisations, si notre attitude est droite, et que nous nous rappelons que lui, il peut tout. Comme Saint Paul, nous voulons nous aussi oser que rien ne viendra à bout de nous, si nous travaillons pour le Christ. J'en ai la certitude: ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur.

Le signe de la fraction du pain dont Mathieu fait état dans l'Évangile est une allusion de Jésus au don de l'eucharistie qu'il instituera plus tard. On ne peut en effet manquer de faire un parallèle entre la multiplication des pains et le don de l'eucharistie. Bénir le pain était une prescription du cérémonial juif, mais pas la fraction du pain. Jésus le faisait pour montrer son intérêt quasi maternel envers les siens. Et il anticipait ainsi le sacrement de l'eucharistie. Il y était si habitué que les disciples d'Emmaus le reconnurent à ce geste. Jésus se préparait ainsi à ce grand sacrement. Le geste ici proposé souligne alors que sa chair qu'il nous donnera à manger serait peut-être de ces viandes savoureuses et gratuites dont Isaie faisait état dans la première lecture. Bien sur, nourris du corps du Christ, il n'y a plus rien d'humain qui nous empêcher d'accomplir la volonté de Dieu.

Si tu L'aides, ne serait-ce que d'un rien, tout comme le firent les Apôtres, Il sera disposé à opérer des miracles, à multiplier les pains, à modifier les volontés, à communiquer sa lumière à des intelligences qui se trouvent encore obscurcies, à faire en sorte que certaines d'entre elles acquièrent — moyennant une grâce exceptionnelle — une droiture dont certaines n'ont jamais été capables.

Tout cela... et bien davantage, tu l'obtiendras si tu L'aides avec ce dont tu disposes.
St Josémaria, Forge, 675

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Lectures du dimanche 03 août 2008
18ème dimanche ordinaire

Première lecture : Is 55, 1-3 Dieu nourrit son peuple

Psaume : Ps 144, 8-9, 15-16, 17-18 R/ Tu ouvres la main : nous voici rassasiés

Deuxième lecture : Rm 8, 35.37-39 Rien ne peut nous séparer de l'amour du Christ

Evangile : Mt 14, 13-21 Jésus nourrit la foule



1 commentaire:

Anonyme a dit...

Très belle méditation sur ces 3 lectures du 18ième dimanche A !
Mais qui donc, de nos jours, "perdra" 15 minutes pour lire et méditer ces textes?
En tout cas, continuez même si ce que vous faites paraît être la goutte d'eau tombée du Ciel.
a.ska@tele2allin.be