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dimanche 25 février 2007

Homélie du 1er dimanche de Carême - année C


  • "Jésus, rempli de l’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l’Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l'épreuve par le démon".


1. C'est par ces mots que l'Église nous invite à commencer notre réflexion sur le sens du jeûne: Jésus était rempli de l'Esprit Saint. Rempli de l'Esprit Saint, Jésus ne parle pas en langues, il ne commence pas (encore) à prêcher, il ne fait aucun miracle de catégorie. Il est conduit par l'Esprit dans un lieu désert. Rempli de l'Esprit Saint, Jésus préfère la solitude à la compagnie. Le contraire de ce que la logique humaine nous suggère.
Un certain courant spirituel contemporain nous encouragerait même à clamer haut et fort les dons de l'Esprit Saint, de dire en langues au risque que personne ne le comprenne combien l'Esprit de Dieu est grand et puissant. Or Jésus fait tout le contraire. Il se retire dans le désert.

Nous connaissons de plusieurs passages des évangiles, que Jésus aimait se retirer dans un lieu désert, pour prier (p.e., Lc 9, 18). C'est ce qu'il fera pendant quarante jours. Luc ne fait pas état des occupations de Jésus au désert, sinon qu'il y serait tenté par le démon. Mais s'il est seul, à qui s'adresse-t-il ? Est-il possible qu'il passe ce temps à ne penser qu'à lui ? Non il ne peut que prier. Pour lui, prier ce n’est pas seulement faire usage des formules juives de prières (bien qu'il le fera aussi). Pour lui c'est surtout se retrouver dans la communion avec son Père et le Saint-Esprit, et se retrouver avec tous les humains, et se retrouver avec moi, pour qui il offrira aussi sa vie au Père pour me sauver.

Retrait de Jésus au désert pour être avec son Père et avec chacun de nous. Pour hâter le jour de notre libération. Pour être plus près de nous, il cherche à être plus près du Père et de l'Esprit dont il a la plénitude.

Une bonne leçon pour nous qui nous contentons de quelques prières pour penser que nous sommes en règle avec Dieu. À ce moment-là, avons-nous conscience de la grandeur de la prière de Jésus avec son Père, de sa conversation? À propos de notre prière, Saint Josémaria Escriva disait:

  • Tu m'as écrit: "Prier, c'est parler avec Dieu. Mais de quoi?" — De quoi? De Lui de toi: joies tristesses, succès et défaites, nobles ambitions, soucis quotidiens..., faiblesses! actions de grâces et demandes, Amour et réparation.

En deux mots, Le connaître et te connaître: "se fréquenter'' (Chemin, n.91)

Si nous nous approchions ainsi du Seigneur dans l'Eucharistie, peut-être perdrions-nous aussi l'appétit des choses de la terre.

2. Absorbé dans la prière, Jésus a faim. Nous avons sans doute tous ressenti soudainement que la faim nous tenaillait après avoir consacré de longues heures à une activité intense que nous aimons profondément : une randonnée, un sport, un travail délicat, ou même, le bonheur d’être en bonne compagnie. Mais plus ou moins tard, une réalité s’impose à nous : nous sommes humains, nous avons faim.

La même chose arrive à Jésus au désert. Il a faim. Mais la plénitude de l’Esprit Saint qui l’a amené au désert lui donne les forces pour accomplir la mission exigeante qu’il s’était fixée : ne pas manger avant d’avoir fini sa rencontre avec son Père. Peut-il cependant être insensible à la faim? Non, pas plus que nous. Quand nous avons faim, nous voulons manger.

Avoir faim n’est pas péché, dit-on. Et c’est vrai. Mais manger mal, trop manger ou manger lorsqu’il ne le faut pas peut l’être. Par obéissance au Père, l’Esprit a révélé au Fils qu’il doit attendre la fin de cet exercice spirituel avant de manger. Jésus tient ferme; mais « ventre affamé crie famine ». Jésus persiste, et le démon (eh oui, ce vieux-là finit toujours par montrer les cornes…), le démon, donc s’alarme devant la force de Jésus. C’est un ennemi. Il est fort. Serait-il le fameux « Messie » ?

Pour tous les humains, il est normal d’être tenté. Jésus est humain, et peut donc être tenté. Il a voulu prendre notre chair et sa faiblesse dans l’impeccabilité du Fils de Dieu. Or, de fait, il est tenté. Comme nous. Au contraire de nous, il ne peut pas offenser le Père, parfaitement uni dans l’amour de l’Esprit Saint. Il est tenté, mais il résiste à la tentation.

3. L’évangile que nous contemplons est pour nous une invitation à apprendre de Jésus à prier et à « jeûner » plus intensément dans notre vie. C’est dans une intense prière que nous oublierons l’attraction des bonnes choses de la terre en nous centrant sur l’essentiel : l’amour de Dieu, dans une conversation intense avec Dieu.

Mais l’évangile nous rappelle aussi que même si nous sommes saints, même si nous sommes très près de Dieu (Le sommes-nous vraiment?), nous serons tôt ou tard exposés à la tentation (les biens matériels, l’orgueil, ou la flatterie, comme pour Jésus). Rien de particulier là –dedans, sauf pour l’orgueilleux, le vaniteux, l’hypocrite.

Mais Jésus nous montre comment résister au démon de la tentation : par la prière et la persévérance dans l’amour de Dieu.

Dans Chemin, on nous encourage à fixer humblement le regard vers le Seigneur, conscient que c’est lui qui nous délivrera :

  • Au vif. - Tu te sens ainsi. Tout en tes facultés et en tes sens te fait souffrir. Et tout est tentation pour toi. . .

Sois humble, j'insiste; tu verras qu'on te sortira bientôt de cet état: la douleur tournera en joie, et la tentation, en ferme assurance.

Mais d'ici là, avive ta foi; remplis-toi d'espérance; fais de continuels actes d'Amour, même si tu penses qu'ils te sortent des lèvres seulement. (n. 727, Saint Josémaria Escriva).

La recette est éprouvée : le démon abandonne Jésus après trois tentatives. Les quarante jours de prière et de sacrifice de Jésus au désert sont éprouvants, mais désormais, c’est un Jésus encore plus rempli d’amour de Dieu, d’affection et de dispositions intérieures intenses que nous retrouvons. Le Démon ne peut s’approcher de Lui.

Mais nous savons, comme Saint Luc, qu’il reviendra non sans avoir soulevé préalablement bien des juifs contre lui.

  • Le démon s’éloigna de lui jusqu’au moment fixé.

Ce moment fixé, nous savons que c’est celui de la Croix. Pour nous rappeler l’importance de la prière et comment le « jeûne » (le sacrifice) est important dans notre lutte, c’est le dernier conseil que Jésus donnera à ses disciples avant de prendre sa croix : « Veillez et priez, pour ne pas tomber en tentation » (Mc 13, 33) . C’est ce que Lui, Jésus, a fait. Son sacrifice nous a libéré, sinon de nos tentations, qui peuvent avoir un sens positif, au moins de nos fautes, et de leurs conséquences sur notre salut éternel.

Profitons-donc de ce temps de Carême pour veiller, nous aussi, et prier avec Marie sa Mère, accompagnés de la délicatesse de l’apôtre Jean.

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Lectures du dimanche 25 février 2007
1er dimanche de Carême

Première lecture : Dt 26, 4-10 La profession de foi du peuple d'Israël

Psaume : Ps 90, 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab R/ Reste avec nous, Seigneur, dans notre épreuve

Deuxième lecture : Rm 10, 8-13 La profession de foi en Jésus Christ

Evangile : Lc 4, 1-13 La tentation de Jésus


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