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jeudi 2 août 2007

Sur l'attrait de Razinger

Un ami m'a envoyé cet article qui porte à réfléchir. Jean Paul II et Benoit XVI se complètent merveilleusement. Jean Paul II et les cardinaux l'ont bien senti. Je vous le laisse à lire, bien que je ne partage pas toutes les vues de l'auteur.

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The Times, le 7 juillet 2007


L'effet Ratzinger:

plus d'argent, plus de pèlerins - et bien plus de latin


par Richard Owen à Rome


Alors que les dons à l'Église provenant du monde entier ont presque doublé et que les pèlerins affluent vers Rome en nombres sans cesse croissants, les observateurs du Vatican commencent à réévaluer le pontificat du Pape Benoît XVI, qui remonte maintenant à deux années, et y découvrent un «effet Ratzinger» positif.


Le Vatican publiera aujourd'hui le décret «motu proprio» du Pape autorisant un usage plus répandu de la messe tridentine en latin parmi les Catholiques Romains. Ce sera le dernier geste du Pontife avant de partir en vacances d'été traditionnelles.


Ce geste, qui modifie la décision du Concile Vatican II dans les années 1960 voulant que le culte soit pratiqué en langue vernaculaire, est considéré comme un autre signe de l'attachement conservateur du Pape Benoît XVI à la tradition et à la doctrine. Certains Catholiques importants en Angleterre l'ont accusé «d'encourager ceux qui souhaitent reculer l'horloge» et disent craindre que ce rite ne fasse revivre les prières pré-Vatican II pour la conversion «des Juifs perfides».


Le Vatican nie cependant ceci et montre plutôt le grand attrait exercé par la messe en latin — et par le chant grégorien — non seulement auprès des Catholiques mécontents de la droite mais aussi auprès de nombreux croyants ordinaires qui apprécient «la pure beauté» de l'ancienne liturgie. Comme l'exprime une source vaticane: «Voici un Pape qui — à l'encontre de la sagesse conventionnelle — se met au diapason des fidèles.»


Benoît XVI, réservé et érudit, ne possède pas l'attrait d'une vedette comme Jean-Paul II. À 80 ans, il ne voyage pas autant que le «Pape pèlerin» ni n'écrit autant de documents.


Andrea Tornielli, biographe de plusieurs Papes, dont Benoît XVI, raconte qu'au début de son pontificat, quand les foules remplissaient la Place St Pierre pour l'entendre, «bien des gens attribuaient ce phénomène à l'effet Jean-Paul II», ou à la couverture médiatique internationale accordée au courage du défunt Pape face à la maladie et à la mort.


Pourtant, selon M. Tornielli, il devenait de plus en plus clair que Benoît XVI — autrefois Cardinal Joseph Ratzinger et conseiller doctrinal de longue date de Jean-Paul II — bien qu'il soit dépourvu du panache et du charisme de son prédécesseur pour le spectacle, sait toucher les croyants par sa présentation «simple et directe» des valeurs.


La distinction offerte «d'un Jean-Paul II, bon et progressif, et d'un méchant conservateur, Benoît XVI» s'est révélée fausse, dit M. Tornielli aux Times. «Ratzinger était le conseiller le plus intime de Jean-Paul II pendant plus de deux décennies et nombre de ses propres initiatives en tant que Pape — dont celle concernant la Messe Tridentine — sont des développements des idées propres à Jean-Paul II.»


Bien qu'il soit moins théâtral que son prédécesseur, Benoît XVI ne cache pas le plaisir qu'il prend au côté «habillement» de sa tâche, ramenant des vêtements entourés d'hermine, des chapeaux sophistiqués et des souliers de satin. Il a appris à accueillir les gens de façon plus spontanée et détendue.


Le cardinal Sergio Sebastiani, responsable des affaires économiques du Saint-Siège, explique que «l'augmentation remarquable» à la fois des dons et du nombre des pèlerins manifeste «une symbiose, une sympathie mutuelle entre ce Pape et les Chrétiens de partout».


En présentant, hier, le budget annuel du Saint-Siège, le cardinal Sebastiani nota qu'il n'avait pas seulement terminé son année avec un surplus de 2.4 millions de dollars, en partie grâce aux dons des diocèses, mais qu'il y avait aussi eu «un bond énorme» dans les quêtes annuelles dans les églises qui vont directement aux charités papales, passant de 60 millions de dollars en 2005 à 102 millions en 2006. «L'époque où les gens parlaient d'une banqueroute papale est révolue,» disait Marco Tosatti, correspondant de La Stampa auprès du Vatican.


Jean-Paul II, maintenant engagé sur le chemin de la sainteté, continue à attirer les gens. Comme, chaque jour, il y a jusqu'à 35 000 pèlerins qui visitent sa tombe dans la crypte de la Basilique de St Pierre, le Vatican songe à déménager celle-ci dans la basilique elle-même.


Des nombres records de gens sont présents aux audiences hebdomadaires de Benoît XVI et sept millions de personnes ont visité la Basilique de St Pierre en une année, ce qui est une augmentation de 20%. On a remarqué des augmentations semblables aux lieux de pèlerinage d'Assise, de Lourdes, de Fatima au Portugal et de la Madone de la Guadeloupe au Mexique. «Voilà le phénomène Ratzinger», écrit La Repubblica.


Pour certains, il demeure «le Rottweiler de Dieu» ou le «Panzerkardinal». Il a déçu les progressistes qui espéraient le voir assouplir les règles du célibat sacerdotal ou de l'utilisation des condoms dans la lutte contre le sida en Afrique. La semaine prochaine, le Vatican est censé émettre un document réaffirmant que seule l'Église Catholique est «l'Église du Christ», ce qui risque d'offenser les Chrétiens anglicans et orthodoxes.


Les déclarations de Benoît XVI sur divers sujets, allant de la messe en latin au dialogue avec la Chine étaient annoncées comme «imminentes», puis repoussées à plus tard, et les responsables des services de la Curie, bien au-delà de l'âge de la retraite, n'ont pas été remplacés. Selon une personne à l'interne, «Diriger la Congrégation de la Doctrine de la Foi» n'est pas la même chose que diriger l'Église mondiale». «Benoît XVI a tendance à désigner des personnes qu'il connaît et en qui il a confiance — sans égard pour leur compétence pour la tâche qui leur est assignée.» Surtout, il ne délègue pas comme un Jean-Paul II malade le faisait. Et sa réputation comme théologien est telle que nul n'ose le conseiller.


Ceci a conduit à une série de désastres évitables dans les relations publiques, le plus notable étant son discours sur «la foi et la raison», l'an dernier, à l'Université de Regensburg, lorsqu'il enflamma l'opinion publique musulmane en semblant suggérer que l'Islam était intrinsèquement violent.


Au Brésil, au mois de mai, il a irrité les populations indigènes en affirmant que l'arrivée du christianisme dans le Nouveau Monde n'a pas constitué «l'imposition d'une culture étrangère» aux indigènes. De même sa remarque impromptue selon laquelle les législateurs catholiques qui ont voté en faveur d'un avortement plus souple devraient être excommuniés a dû être «clarifiée» à la hâte par le Père Frederico Lombardi, son porte-parole.


Plus récemment, le Vatican a été étonné qu'on interprète l'expression que Tony Blair et le Pape «ont eu un échange franc sur des questions délicates» comme s'ils avaient eu une dispute. Selon John Allen, un autre biographe de Benoît XVI, de telles erreurs le font paraître insensible aux intonations. «Ceux qui connaissent la pensée de Benoît XVI peuvent être affligés de voir ses réflexions soigneusement raisonnées chavirer dans le monde de l'opinion publique suite à une expression occasionnelle qui pourra facilement donner lieu à une fausse interprétation.»


Sa force traditionnelle


- Lors de son élection, Benoît XVI a remplacé la couronne par une mitre sur les armes pontificales, indiquant le rejet du pouvoir politique.


- Il a maintenu la position de l'Église sur le contrôle artificiel des naissances, sur l'avortement et sur l'homosexualité, domaines où les réformateurs auraient souhaité un changement.


- Deus est Caritas, la première encyclique de Benoît XVI, a argumenté que le concept d'«Eros», ou d'amour sexuel, signifie simplement la sexualité. La chaleur et la pénétration de ses propos ont surpris les commentateurs.


- Au mois de mars, le Pape a réaffirmé la doctrine catholique selon laquelle l'Enfer «existe et est éternelle pour ceux qui ferment leur cœur à l'amour [de Dieu]». Cette prise de position a provoqué une controverse de la part des théologiens progressistes.


À Noël 2006, ce Pape, qui avait décrit la musique rock comme une œuvre satanique, a abandonné le concert annuel de musique pop au Vatican établi par le Pape Jean Paul II. Cette action a été reçue comme un refus honnête et rafraîchissant d'une compromission des valeurs spirituelles dans le but d'être plus populaire.

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