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vendredi 5 octobre 2007

Homélie du 7 octobre 2007, 27e dimanche du temps ordinaire (c)

Les juifs de la déportation sentaient beaucoup l'éloignement de leur ville sainte, Jérusalem, et croyaient que Dieu les avait abandonné, ce qui bien sûr, n'était pas le cas. Habacuc avait prévu cela, avant leur "grand dérangement", mais il avait aussi prédit que Dieu resterait avec eux, et les ramènerait chez eux. Cependant, sa Parole demeurera quelque peu obscurcie face à la foi défaillante des juifs, et la première lecture nous rappelle que Dieu sera toujours là pour l'homme fidèle: "Celui qui est insolent n'a pas l'âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité". Il promet ainsi que malgré les apparences, il n'abandonnera pas les justes, et que son plan de rédemption se réalisera.

Dans la société post-chrétienne qui se targue de lumières et qui se vante des succès technologiques, on peut peut-être trouver que Dieu est loin ou qu'il se manifeste peu. Plusieurs défaillent dans leur foi et oublient que depuis deux mille ans, la foi donne un regard critique toujours neuf devant une réalité où l'homme sans Dieu peine terriblement. La délivrance de Dieu "viendra certainement, à son heure".

Ce qui s'est passé sur le Golgotha un certain vendredi a des effets encore aujourd'hui, quand le juste vit de foi, de fidélité. La croix de Jésus nous a sauvé, pourvu que nous en voulions les effets. Vouloir, à condition de "réveiller... le don de Dieu" en chacun de nous, grâce au don de la foi reçue au baptême et exercée quotidiennement dans la fidélité. Saint Paul la présente comme "esprit de force, d'amour et de raison" qui nous amène à "rendre témoignage à notre Seigneur" en réglant notre vie "dans la foi et dans l'amour que nous avons en Jésus Christ". Contrairement aux prophètes de ces temps qui voudraient que notre vie soit réglé sur une espèce de sentimentalité aveugle livrée au premier gourou qui passe, Saint Paul nous indique l'étoile polaire du chrétien: Jésus-Christ, qui, lui, s'est manifesté de manière explicite lors de son passage historique parmi nous. Ses miracles, mais surtout la profondeur de sa doctrine annoncée par un homme parfait en tout à cause de la divinité qui l'habite, nous invite à prendre avec décision le chemin de la fidélité. C'est une logique divine qui nous est offerte, et qui change radicalement la trajectoire humaine de chacun de nous en la dirigeant vers un Dieu personnel et aimant.

Devant leurs limitations, les apôtres ont senti, comme souvent nous la ressentons, la faiblesse humaine pour réagir à cette logique surnaturelle de Jésus. La foi nous manque comme à eux, et nous voulons nous exclamer, comme eux: "Augmente en nous la foi!" Comme ils sont humains, ces apôtres, qui sentent les ressources leur manquer pour accomplir les plans de Dieu. Nous aussi clamons ainsi quand nous sentons la foi nous manquer. À cela Jésus rétorque: " Si en aviez gros comme une graine de moutarde, vous déplaceriez un grand arbre dans la mer" Une image parlante, faite de contrastes et que nous ressentons vivement. Nous sommes si petits pour accomplir les œuvres de Dieu, et cependant, un petit grain de moutarde de la grosseur de la tête d'une épingle suffirait à nous faire faire de grandes choses. Jésus nous rappelle ainsi qu'en nous, il n'y a pas de foi. Qu'il faut la puiser en Dieu. En somme, nous devons souvent notre piètre performance en matière religieuse au fait que nous voulons nous-mêmes travailler sans laisser Dieu agir. Qu'en est-il alors de notre fidélité à Dieu, de notre foi qu'il fera de grandes choses ? Jésus nous garantit des merveilles, si nous avons vraiment un petit peu de foi. C'est bien ce que les saints nous ont toujours montré.

Mais Jésus nous prévient contre un péril qui étoufferait très tôt les effets de la fidélité de son disciple: l'orgueil du succès ou la vanité. "Quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous: 'Nous sommes des serviteurs quelconques: nous n'avons fait que notre devoir' ". Si, en effet, après avoir été dociles aux grâces de Dieu, il advenait que nous en éprouvions quelque vanité, que vaudrait le travail que nous avons accompli? Ce serait la fin de la fidélité, ou un signe sûr qu'elle n'était pas à l'origine de notre conduite.

Seigneur, apprends-nous à ne rechercher que l'accomplissement de ta volonté, avec un désir ardent de tout commencer et de tout terminer en toi.

La Vierge du Saint-Rosaire, dont nous célébrons les mystères aujourd'hui, est un exemple parfait de cette disposition qui nous échappe si facilement dans notre condition pècheresse.

Si nous voulons profiter des grâces que notre Mère attire sur nous aujourd'hui, et suivre à tout moment les inspirations de l'Esprit Saint, pasteur de nos âmes, nous devons nous attacher sérieusement à développer notre vie d'intimité avec Dieu. Nous ne pouvons pas nous dissimuler sous l'anonymat; si la vie intérieure n'est pas une rencontre personnelle avec Dieu, elle n'existe pas. La superficialité n'est pas chrétienne. Admettre la routine, dans la lutte ascétique, équivaut à signer l'acte de décès de l'âme contemplative. Dieu nous recherche un par un et nous devons Lui répondre, un par un: me voici, Seigneur, puisque tu m'as appelé.
(...)
Nous sommes des chrétiens ordinaires, nous exerçons les professions les plus variées; nos activités empruntent des voies ordinaires; tout se déroule selon un rythme prévisible. Nos journées semblent toutes pareilles, presque monotones... C'est vrai, mais cette vie, qui paraît si commune, a une valeur divine; elle intéresse Dieu, car le Christ veut s'incarner dans nos occupations, et animer jusqu'aux plus humbles de nos actions.

C'est là une réalité surnaturelle, nette et sans équivoque; ce n'est pas une simple considération destinée à consoler, à réconforter ceux qui n'arriveront pas à inscrire leurs noms dans le livre d'or de l'histoire. Le Christ s'intéresse à ce travail que nous devons réaliser — mille et mille fois — au bureau, à l'usine, à l'atelier, à l'école, aux champs, lorsque nous exerçons un métier manuel ou intellectuel. Le Christ s'intéresse aussi à ce sacrifice caché qui consiste à ne pas déverser sur les autres le fiel de notre mauvaise humeur.
(St. Josémaria Escriva, Quand le Chrsit passe, 174)

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Lectures du dimanche 07 octobre 2007

27ème dimanche ordinaire

Première lecture : Ha 1, 2-3; 2, 2-4 « Le juste vivra par sa fidélité »

Psaume : Ps 94, 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9 R/ Aujourd'hui, ne fermons pas notre coeur, mais écoutons...

Deuxième lecture : 2Tm 1, 6-8.13-14 Le chef de communauté doit rester fidèle dans le service de l'Évangile

Evangile : Lc 17, 5-10 La puissance de la foi - L'humilité dans le service


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