Consultez aussi notre section supplémentaire RÉFLEXIONS+PLUS

Rechercher sur ce blogue

samedi 22 septembre 2007

Homélie du 23 septembre 2007, 25e dimanche du temps ordinaire (c).


Église Saint Michel de Sillery, Québec

Dans l'évangile de ce dimanche, le maitre fait l'éloge de l'intendant malhonnête, car, "effectivement, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière". Un éloge qui signifie pour nous un conseil: "Faites-vous des amis avec l'Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles".

De la part de Jésus, l'observation surprend. Mais n'est-il pas vrai que dans nos sociétés, l'agenda politique ou culturel est souvent fixé par des personnes indifférentes au Christ, quand ce n'est pas par des ennemis ouvertement déclarés de Jésus. Pourquoi sommes-nous si souvent en retard dans l'échiquier politique, pourquoi, tandis que le monde est en guerre sur des questions hautement éthiques et morales (comme les questions sur la famille, le mariage, les placements équitables, le manque d'honnêteté dans les finances ou le sport), sommes-nous en train de nous chamailler entre nous, ou de compter combien d'anges peuvent loger sur la tête d'une épingle, comme on aimait à le reprocher (faussement d'ailleurs) aux philosophes du Moyen-Âge...

C'est vrai. Nous, les catholiques, sommes souvent arrivés une fois le train passé, dans les matières morales. On entend souvent des gens mettre la fautes sur les ennemis de l'Église ou les Francs-Maçons. Mais avouons que nous leur rendons peut-être la tâche facile, en nous laissant séduire aux conforts du siècle et à l'apathie généralisée de nos pays développés. Plutôt que de mettre la faute sur les autres, pourquoi ne commençons-nous pas par voir ce qui ne va pas chez nous?

Jésus, dans cet évangile, nous appelle à considérer le pouvoir de l'argent et des biens matériels, pour le mal bien sûr, mais aussi pour le bien. Il semble montrer que notre usage des biens comptables et matériels est un test pour nous. "Si vous n'avez pas été dignes de confiance avec l'argent trompeur (...); si vous n'avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ?" Autrement dit, si vous n'avez pas su vous montrer fidèles dans la breloque (résister au confort pour Dieu ou les autres, profiter de la capacité professionnelle ou des talents naturels pour en faire profiter d'autres que nous, ou encore, utiliser les moyens techniques pour approcher le prochain de Dieu), qu'est-ce que ces dons ou ces biens vous ont donnés, à part une responsabilité plus grande d'avoir dilapidé des biens qui ne nous appartenaient pas tout-à-fait ?

Jésus utilise le mot confiance. Être "dignes de confiance". Ou si vous préférez, responsables devant Dieu. Nous arrive-t-il, quelques fois, de réaliser que nous sommes en train de dilapider nos talents en les laissant pourrir pour nous, ou en les utilisant pour nous-mêmes seulement, au lieu de les mettre au service du bien ? D'autres passent par un véritable enfer pour gagner des biens illicitement, ou pour réclamer des droits qui vont contre le bien commun. Que faisons-nous pour Dieu ?

Par le mariage, les époux s'obligent l'un envers l'autre, et ensemble ils s'engagent pour leur famille. L'effort que je déploie dans ce domaine est-il comparable à l'effort que d'autre mettent à faire renverser des lois honnêtes pour la famille ? Est-ce que ma formation chrétienne et celle de ma famille se fait avec la même ardeur que d'autres mettent pour propager des doctrines absolument erronées par rapport aux enseignements de Jésus? Pendant que d'autres exposent sur la place publiques des scandales concernant de pauvres victimes, est-ce que je fais un effort pour recueillir ces personnes, et les encourager au bien ? Il y a tant à faire que le reproche du Seigneur sonne étonnamment contemporain.

L'ancien testament nous encourage à nous révolter contre les scandale des bons. Peut-on à la fois adorer Dieu, et espérer d'en finir au plus vite de prier pour continuer au plus tôt à exploiter son prochain. Non on ne peut pas "servir à la fois Dieu et l'argent".

Saint Paul nous exhorte à "mener notre vie dans le calme et la sécurité, en hommes religieux et sérieux". Il nous invite à contempler le Christ, qui a donné pour chacun de nous un exemple de vie assumée dans le bien et l'amour de Dieu. "Il s'est donné en rançon pour tous les hommes". Il n'a pas pu servir deux maitres. Il n'en avait qu'un, et il s'est fait médiateur auprès de lui en vivant pleinement sa vie, par ses talents et sa science, "pour nous sauver tous".

St Josémaria, Amis de Dieu, 118: Si vous désirez à tout moment être maîtres de vous-mêmes, je vous conseille de fournir un très gros effort pour vous détacher de toute chose, sans crainte ni hésitation. Ensuite, au moment de vous occuper et d'accomplir vos obligations personnelles, familiales..., utilisez les moyens terrestres honnêtes avec rectitude, en pensant au service de Dieu, à l'Eglise, à votre famille, à votre tâche professionnelle, à votre pays, à l'humanité tout entière. Pensez que ce qui est important ne se traduit pas dans le fait de posséder ceci ou de manquer de cela, mais dans le fait de se conduire en accord avec la vérité que nous enseigne notre foi chrétienne: les biens créés sont des moyens et rien d'autre.

Aucun commentaire: