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samedi 15 septembre 2007

Homélie du 16 septembre 2006, 24e dimanche du Temps ordinaire (c)

(photos prise par Benoît Giroux, Laval)



Dans l’Évangile d’aujourd’hui, le Seigneur oppose un « réjouissez-vous » bien sonnant aux récriminations des scribes et des pharisiens qui l’accusaient de « faire bon accueil aux pécheurs et de manger avec eux ». Il faut dire que les peuples de l’antiquité, tout comme nos contemporains n’avaient pas le pardon facile. Cette classe de gens s’offusquaient de ce que Jésus s’intéresse aux pécheurs qui, par leur attitude, ne méritaient pas l’attention de Dieu, tandis qu’eux restaient toujours respectueux de la loi des Pères.


Devant cette attitude, Jésus s’affaire à leur montrer que l’on ne peut que se réjouir de savoir qu’un pécheur revient à Dieu (Jésus leur tend la main en s’intéressant à eux); puis il montre que tous ceux qui sont restés attachés aux traditions ne le font pas nécessairement par amour pour Dieu.


Dans les deux petites paraboles en préambule au récit du « Père miséricordieux », comme aimait l’appeler Jean Paul II, Jésus montre que pour moins qu’une conversion, on peut se réjouir authentiquement. Dans le premier de ces petits récits, Jésus parle de la brebis perdue, que l’on comprend comme un amour plutôt gratuit envers un animal étourdi et faible. « Réjouissez-vous, car j’ai retrouvé ma brebis perdue », fait-il dire au berger zélé. Dans la deuxième parabole, Jésus parle d’une pauvre femme qui possédant une somme modeste, en perd un dixième. Qu’est cela pour un homme possédant beaucoup de biens ? Peu de choses. Mais pour quelqu’un de pauvre, c’est peut-être la survie pour la semaine prochaine. Aussi comprend-on bien la joie de la femme qui retrouve la pièce égarée : « Réjouissez-vous car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue ». Il faut se réjouir, même dans le cas d’un objet matériel comme l’argent, car c’est un heureux évènement que de célébrer le retour de ce bien (bon) qui était égaré. Jésus est heureux pour les pécheurs qui reviennent à Dieu, car ils valent infiniment plus qu’une brebis perdue ou une pièce d’argent égarée. « De même, je vous le dis, il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit ». Pas surprenant que Jésus, qui lit bien la profondeur des cœurs, se réjouisse avec les pécheurs dont le cœur cherche la conversion.


Dans la belle parabole de l’enfant prodigue, retenons une partie seulement : celle où le frère ainé enrage de voir la fête organisée pour le retour de son frère. On sympathise facilement avec lui, surtout quand on apprend que son frère a dépensé son argent follement dans les passions de tout ordre, dont les plus viles. Mais son père revient à l’essentiel : « Il faut bien festoyer et se réjouir; car ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé ».

Son père n’a que faire de la fortune gaspillée. Il pourra trouver moyen d’y remédier, si besoin est. Mais il a deux fils, et l’un d’eux était loin : loin de l’influence paternelle, loin de son cœur, loin de tout ce qui comptait pour lui. Il est revenu, réjouissons-nous!

Son frère, lui, est toujours resté, mais où était, où est son cœur? Certainement pas près du cœur de son Père. Il ne sait compatir ou se réjouir avec lui. Il est clairement à ses affaires, mais pas « aux affaires de son Père ». Ce qui fait que depuis le retour de l’enfant prodigue, le fils sage est passé loin en arrière de son frère, car pendant que celui-ci revit, il s’éloigne de son père, lui qui déjà était spirituellement loin de lui, même si physiquement tout près. Curieusement son père ne semble pas lui en tenir trop de rigueur, mais il aimerait qu’en dégelant son cœur envers son frère, il puisse aussi s’approcher du père.

La leçon est pour les scribes et les pharisiens. Et pour nous… Avons-nous remarqué que si Dieu semble froid envers nous, c’est peut-être que nous sommes trop éloignés de la source de sa chaleur : peut-être ne sommes-nous jamais sortis de la propriété familiale. Peut-être. Mais pendant tout ce temps, où était notre cœur? Dans nos rêves, nos fantaisies, nos propriétés, nos pièces d’argent ? Dans nos passions, en feignant un amour de Dieu qui sonne creux?

Peut-être aurions-nous besoin nous aussi d’une conversion. Commençons par nous réjouir de la miséricorde de Dieu pour les grands pécheurs, peut-être trouverons nous un coin de notre cœur en grand besoin de récurage… Alors, portés par le désir de conversion, peut-être alors referons-nous aussi le chemin de l’enfant prodigue et reviendrons-nous au Père à travers la réconciliation ?

Quoi qu'il arrive, en avant ! Serre avec force le bras du Seigneur et considère que Dieu ne perd point de bataille. Si, pour un motif quelconque, tu t'éloignes de Lui, il te faut réagir avec humilité: commencer et recommencer, te conduire en fils prodigue tous les jours et même à plusieurs reprises au long d'une même journée. Il te faut redresser ton coeur contrit dans la confession. Cette confession qui est un authentique miracle de l'Amour de Dieu. Le Seigneur lave ton âme dans ce sacrement merveilleux; Il t'inonde de joie et de force pour que tu ne défailles pas dans ta lutte et que tu reviennes inlassablement à Dieu, quand bien même tout te semblerait obscur. De plus la Mère de Dieu, qui est aussi notre Mère, te protège avec une sollicitude toute maternelle, t'affermit dans ton chemin. (S. Josémaria, Amis de Dieu, n. 214)

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Lectures du dimanche 16 septembre 2007
24ème dimanche ordinaire

Première lecture : Ex 32, 7-11.13-14 Moïse obtient le pardon pour le peuple infidèle

Psaume : Ps 50, 3-4, 12-13, 17.19 R/ Oui, je me lèverai, et j'irai vers mon Père

Deuxième lecture : 1Tm 1, 12-17 Action de grâce du pécheur pardonné

Evangile : Lc 15, 1-32 Paraboles de la brebis perdue, de la drachme perdue (et du fils perdu) : la joie du pardon (brève : 1-10)


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