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samedi 14 juillet 2007

Homélie du 15e dimanche du Temps Ordinaire (c)

Quand on pense au bon samaritain que l'évangile de ce dimanche nous présente, on s'imagine souvent un étranger qui prend le temps de soigner un parfait inconnu. C'est le sens premier et évident de la parabole. Mais il n'exclut personne du devoir d'aimer. Aimer demande toujours un effort, même lorsque nous n'en avons pas le choix, et que l'obligation est agréable. Une mère aime aisément son enfant, mais aimer 'cet enfant' demandera toujours une certaine forme de sacrifice. Car aimer exige la gratuité.

Et c'est bien l'enseignement que le Christ veut nous donner dans cet évangile.

Un homme ferré en droit, instruit, sans doute un prêtre ou un pharisien, veut prendre Jésus au piège, en le faisant discuter sur la recette pour aller au ciel. Jésus répond concrètement en lui demandant ce que dit le droit, la Loi, sur la question. Il n'y a qu'une seule réponse possible, celle que donnent les Écritures, "Aime passionnément ton Dieu, et aime ton prochain comme tu t'aimes toi-même". Il ne pouvait logiquement rien dire d'autre; celui qui demandait pour prendre au piège est pris à son propre piège.

Plutôt que de paraitre ignorant, ou d'avoir l'air battu sur son propre terrain, il se sent obligé de poser une nouvelle question, pour se justifier: "Mais qui donc est mon prochain ?" .

Cette question, nous sommes souvent portés à nous la poser, dans un monde comme le nôtre, où tout est réglé sur les droits et les obligations. La mentalité légaliste de notre époque s'apparente passablement aux casuistiques des prêtres et des scribes du temps de Jésus.

Les temps actuels nous rappellent que nous avons des droits; mais combien de fois pensons-nous à nos devoirs envers les autres? Et quand cela est inévitable, quelle passion, quel zèle mettons-nous à nous occuper des autres? Il suffit de regarder les soins de certaines pelouses dans certains quartiers, et la saleté des rues qui les entourent pour comprendre où s'arrêtent les droits propres et où commencent les devoirs d'autrui. On entend dire: "Je m'occupe de mes affaires, ne me demandez pas de m'occuper des affaires des autres".

À l'homme de droit, Jésus présente une étude de cas qui regarde le concret, et non pas la théorie. L'homme qui tombe aux mains des voleurs, blessé et abandonné par eux est-il le prochain des inconnus qui passent par là? Si on se fie au comportement des prêtres et des hommes de loi, qui passent outre, alors qu'il meurt lentement de ses blessures, on ne lui devrait rien. Mais nous sommes tous saisis de pitié devant cet homme qui est abandonné par ses pairs, et sans nul doute, le prêtre et le lévite ont-ils du raisonner longuement avant de laisser cet homme en arrière. Ils ont du se mentir à eux-mêmes pour justifier ce que la conscience de toute personne vraiment humaine clame: "porte secours à celui qui souffre".

Ce que le samaritain, païen ennemi des juifs, a saisi sans protester: 'cet homme meurt, que puis-je faire pour lui ?' Et l'évangile nous parle des excès de son amour, un amour selon le coeur de Jésus. Un amour entier, et inconditionnel. Qui descend dans le concret, et donne abondamment.

Quel contraste entre la discussion stérile du scribe, qui voudrait aborder les exigences de la vie éternelle d'une manière abstraite (que dit la loi), et la réponse de Jésus: aime comme cet homme ("toi-aussi, fais de même").

Pour beaucoup, aimer son prochain consiste à parler d'amour, d'éducation à l'amour, dire ses besoin ou à réclamer son du. Pour Jésus, aimer est quelque chose de concret, de comptabilisable (des gestes qui supposent des efforts et des dépenses envers l'autre). Aimer n'a de limite qu'avec la mort. C'est de cette façon que Jésus nous a montré son amour: "Jusqu'à la mort, et la mort sur la croix". Comme les premiers chrétiens, comme les saints, et comme certaines de nos mères.

Le vrai amour est dans le don concret et généreux de soi. Sinon il est parlure, soit, mais en même temps, scandale.

1 commentaire:

Matthieu Fecteau a dit...

Le pape Benoit XVI nous donne également une très belle explication de la parole du bon samaritain. Nous pouvons la lire dans son livre "Jésus de Nazareth". Notre pape remet l'exégèse historico-critique à sa place. Il nous explique entre autre que Jésus n'était pas un genre de rabbi libéral comme l'exégèse "mainstream" moderne veut nous faire croire. Le catholicisme est en fait beaucoup plus proche du Judaisme qu'on peut le croire. Je vous conseille la lecture de cet excellent livre de Benoit XVI.

Merci Denis pour cette excellente explication, droit dans le mille !