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samedi 3 novembre 2007

Homélie du 4 novembre 2007, 31e dimanche du temps ordinaire (c)

Le Fils de l’homme est venu chercher ce qui était perdu

Ces mots concluant l’évangile de ce dimanche peuvent nous sembler exagérés ou incompréhensibles. Vraiment, les hommes comme Zachée, ou comme les pharisiens étaient-ils « perdus » ? Sans être des exemples de vie, on pourrait tout de même leur accorder la bonne volonté, et supposer qu’ils étaient capables de changer. Ou même, penser que beaucoup des situations où ils se trouvaient étaient peut-être causées par une certaine forme d’ignorance, ou par le fait que Jésus ne s’était pas encore pleinement manifesté.

Nous qui, depuis deux mille ans suivons un chemin tracé par le Seigneur sommes peut-être moins excusables que ces pauvres gens qui se débrouillaient comme ils le pouvaient pour lire les signes des temps… Peut-être Jésus exagère-t-il un peu ?

Et pourtant, au fond de nous-mêmes, il nous semble comprendre ce que Jésus signifiait : ce qui est le plus périlleux n’est pas le mal avoué, qui est déjà à demi pardonné (comme le dicte la sagesse populaire), mais le mal auquel on s’est habitué. Tant qu’on accepte qu’on est pécheur, le pardon nous est accessible. Mais si on s’habitue au mal, si on le justifie en le camouflant en vertu ou en ruse, ou en intelligence, ou en talent, il devient difficile d’identifier la source des malheurs que nous vivons, au point qu’il est presqu’impossible de voir le mal qu’on fait sans invoquer une bonne excuse qui nous justifie.

Zachée avait réussi dans la vie en trompant ses concitoyens. Les publicains (synonyme de pécheurs, chez les juifs de cette époque) collectaient l’impôt des romains, et avaient le droit de demander ce qu’ils voulaient à qui que ce soit, pourvu qu’ils rendent aux Romains la somme qu’ils s’étaient entendus à leur remettre. Se justifiant que leur travail avait un petit côté ingrat, ils se justifiaient sous toutes sortes de motifs de réclamer plus que nécessaire aux juifs. Il devenait facile de faire du tort à quelqu’un sans être menacés par la loi romaine qui les protégeait.

Jésus fait allusion à deux groupes de pécheurs quand il parle de ceux qui étaient perdus : ceux qui volaient les autres sous la protection de la loi (les publicains), et ceux qui utilisaient la loi de Dieu pour justifier leur conduite immorale (pharisiens). Ils étaient perdus du fait d’être pleinement justifiés par la loi (une bonne excuse) sans vouloir regarder la moralité de leurs actes. Vous comprendrez qu’en une telle situation, il est vraiment difficile de chercher Dieu qui nous demande de changer radicalement notre conduite, et de restituer ce qui ne nous appartient pas.

Aujourd’hui, il y a aussi plein gens que le Seigneur pourrait qualifier de perdus : comme les pharisiens et les publicains, beaucoup de gens se justifient que « si c’est légal, on peut le faire », que « Personnellement, je suis contre l’avortement, mais c’est légal… », « Les affaires sont comme cela. On n’y peut rien ». « De toutes façons, mieux vaut en rester à regarder plutôt que de faire des actions pornographiques. Au moins ça soulage », « Mon docteur m’a dit que c’est correct ». On entend souvent ces raisonnements. Les gens passent la faute à d’autres, et hop, on devient automatiquement plus blanc que blanc… Triste manière d’être qui ne nous sert en rien puisque nos fautes finiront bien par nous rattraper au jour du jugement, et alors, que ferons-nous? On ne pourra toujours pas dire qu’on ne le savait pas, ni rendre les autres responsables pour nos actions désirées, entérinées et acceptées. En ce sens, justifier des mauvaises actions sous toute sorte de prétextes finira bien par nous rebondir au visage. Mais aurons-nous la capacité d’y faire quoi que ce soit, à ce moment-là? Si nous ne changeons pas, nous sommes perdus.

Zachée n’aurait jamais pensé qu’il était perdu, si n’avait laissé Jésus parler, et s’il ne l’avait accueilli. Il était, somme toute assez confortable pour n’avoir pas à penser qu’il était un voleur. La loi était de son côté. Mais il était quand-même un voleur. Et il le savait, même s’il préférait ne pas y penser. Sauf que le témoignage de Jésus a été si fort qu’il n’a pas pu accepter Jésus et sa propre médiocrité en même temps. Au même moment, des pharisiens refusaient d’écouter Jésus, pour ne pas avoir à transformer leur vie. Avec Jésus, ça passe ou ça casse. C’est en cela qu’il est signe de contradiction.

La civilisation du confort dans laquelle nous vivons nous empêche de voir les problèmes des autres, ou de penser que nous sommes pécheurs. Nous avons évacué le sens du péché. Et pourtant, le péché est omniprésent dans les journaux, les émissions de télévision, et dans la vie de ceux qui nous entourent. Comment ne pouvons-nous pas réaliser que nous aussi sommes touchés du même ver? Est il possible que nous n’ayons d’yeux que pour le mal des autres, et que nous nous laissions convaincre que nous-seuls avons de bonnes raisons de faire le mal ? Si nous ne remédions pas ce défaut, nous sommes perdus.

Mais la bonne nouvelle, c’est que Jésus est venu chercher ce qui était perdu. Laissons-nous convaincre en accueillant son message, en y méditant à la messe tous les dimanches, et en fréquentant le sacrement de la réconciliation tous les mois. Alors, peut-être, serons-nous tentés de demander pardon, et de rendre à autrui ce que nous lui avons dérobé.

(St Josémaria Escriva, Chemin de Croix, 5, 4) : Aujourd'hui le salut est arrivé pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d'Abraham. Car le Fils de l'Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 13, 9-10).
Zachée, Simon de Cyrène, Dimas, le centurion. . .
Maintenant tu sais pourquoi le Seigneur t'a cherché! Remercie-le!... Mais opere et veritate, par des oeuvres, et en vérité.
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Lectures du dimanche 04 novembre 2007

31ème dimanche ordinaire

Première lecture : Sg 11, 23-26; 12, 1-2 Dieu aime toutes ses créatures

Psaume : Ps 144, 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14 R/ La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant !

Deuxième lecture : 2Th 1, 11-12; 2, 1-2 Préparer dans la paix la venue du Seigneur

Evangile : Lc 19, 1-10

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